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Des chenilles dévorent plusieurs milliers d’hectares de cacao en Côte d’Ivoire

Dans le sud du pays, 20 000 hectares ont déjà été dévastés. Le fléau pourrait sensiblement affaiblir la récolte du premier producteur mondial de cacao.

Le Monde avec AFP

Publié le 22 juillet 2016 à 12h45, modifié le 22 juillet 2016 à 12h45

Temps de Lecture 2 min.

Un agriculteur tient ses fèves de cacao abîmées par les chenilles à Tiassalé, dans le sud de la Côte d’Ivoire, le 14 juillet 2016.

« Mes quatre hectares de cacao sont partis. Mangés par les chenilles ! », se lamente Maxime Brou, agriculteur à Ahondo, un village du centre de la Côte d’Ivoire. Le pays, premier producteur mondial de cacao avec 1,8 million de tonnes produites en 2015, a vu 20 000 hectares détruits par Achaea catocaloides Guenée ces dernières semaines. Les villages et campements de Tiassalé, Taabo et Djékanou, situés dans le sud du pays entre Yamoussoukro et Abidjan, ont particulièrement souffert.

Cette chenille est la « nouvelle menace pour la cacaoculture », selon des chercheurs du Centre national de recherche agronomique (CNRA) de Côte d’Ivoire. « Tout est parti du village de Léléblé » il y a un peu plus d’un mois, explique à l’AFP Kra Kouamé, directeur départemental de l’agriculture à Taabo, où 6 000 hectares de cacao ont été abîmés.

Les chenilles se propagent très rapidement, elles mangent les feuilles, les fleurs et les cherelles (jeunes pousses) de cacao de jour comme de nuit. A Ahondo, un village de 5 000 habitants, au bout d’une piste poussiéreuse, toutes les plantations ont été attaquées. Désormais, il ne reste plus que des arbustes sans feuilles, desséchés par le soleil, qui s’étendent à perte de vue.

« Un lundi, je suis allé dans mon champ, tout était normal. Le vendredi, il n’y avait plus rien. C’était comme dans un mauvais rêve », raconte d’une voix enrouée Maxime Brou, le planteur de 48 ans.

Situation « totalement sous contrôle »

Selon Nanga Coulibaly, membre du Conseil du café-cacao, l’organe de régulation de la filière, le réchauffement climatique a écarté les prédateurs naturels de la chenille qui s’est multipliée sans frein. La situation est désormais « totalement sous contrôle » après le déploiement d’équipes qui ont répandu des pesticides, promet-il. « Il n’y a pas de risque de propagation hors de cette zone (…), il n’y aura pas d’incidence » sur la production de cacao sur le plan national, a assuré M. Coulibaly. Au total, le verger national ivoirien est évalué à 2 millions d’hectares, a-t-il précisé.

Un employé vaporise des pesticides sur la plantation infectée de chenilles à Tiassalé, dans le sud de la Côte d’Ivoire, le 14 juillet 2016.

Le cacao est vital pour l’économie ivoirienne. Ce secteur représente 15 % du PIB, plus de 50 % des recettes d’exportation et, surtout, les deux tiers des emplois et des revenus de la population, selon la Banque mondiale. M. Coulibaly reconnaît que les paysans touchés vont subir des baisses de revenus importantes.

A Ahondo, les chenilles dévorent toutes les cultures, comme les feuilles des bananiers et des ignames, faisant craindre pour les récoltes vivrières déjà durement touchées par la sécheresse. Entre 2014 et 2016, la pluviométrie a fortement baissé dans la région, a expliqué un responsable du ministère de l’agriculture. De janvier à juin 2016, il y a eu seulement 13 jours de pluie contre 28 jours à la même période en 2015.

Les paysans craignent que les cacaoyers ne refleurissent plus, ce qui mettrait en péril les vergers eux-mêmes et la production à long terme. Le chef du village d’Ahondo en vient même à redouter le pire : « En juin, on a eu seulement quatre jours de pluie puis plus rien, alors nous avons peur qu’il y ait une véritable famine. »

Un agriculteur montre ses fèves de cacao abîmées par les chenilles à Tiassalé, dans le sud de la Côte d’Ivoire, le 14 juillet 2016.

A Djahakro, petit campement de Hiré, François Kouakou Konan, 41 ans, est inconsolable. En une semaine il a regardé, impuissant, huit hectares de sa plantation disparaître, dévorés par les chenilles. « Comment vais-je faire pour envoyer mes petits frères et mes enfants à l’école ? », lance-t-il les larmes aux yeux. La mine défaite, les bras levés au ciel, il erre dans sa plantation dévastée, où volent des milliers de papillons à la couleur brun foncé, nés de la mutation des œufs de chenilles.

Le Monde avec AFP

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