Vingt ans après la Conférence internationale sur la population et le développement, au Caire, l’ONU tire la sonnette d’alarme : si les pays ne redoublent pas d’efforts en faveur des femmes et des adolescentes, victimes d’inégalités croissantes, les progrès accomplis depuis 1994 seront menacés. Dans son « Rapport mondial, au-delà de 2014 », publié mercredi 12 février, le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) dresse un état des lieux global de la situation en matière de développement dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la lutte contre la pauvreté.
Le document de 400 pages s’appuie sur les données fournies par 176 pays. Si la mortalité due à la grossesse et à l’accouchement a diminué de près de moitié depuis 1990, « en 2010, 800 femmes mouraient encore en couches chaque jour », déplore le directeur exécutif du FNUAP, le docteur Babatunde Osotimehin, déterminé à faire de la protection des femmes et des adolescentes la priorité de l’agenda international de développement.
L’ancien ministre nigérian de la santé estime ainsi que « le meilleur baromètre des progrès accomplis en matière de développement serait l’examen de la situation des adolescentes, particulièrement critique dans les pays en développement ». Environ 600 millions d’adolescentes sont recensées dans le monde, dont 90 % vivent dans des pays en développement.
Un indicateur qui analyserait l’évolution de leurs conditions de vie permettrait au FNUAP d’être plus crédible et convaincant auprès des gouvernements qu’il conseille et soutient dans leurs efforts en faveur du développement durable, avance M. Osotimehin. « Sans éléments de preuves, nos recommandations n’ont aucune chance d’être respectées », précise-t-il, avant de souligner l’importance des données pour les Etats souhaitant mieux cibler leurs dépenses.
« UN EFFET POSITIF SUR LA CROISSANCE »
Le mariage précoce a beau être illégal dans 158 pays, une jeune fille sur trois est mariée de force avant l’âge de 18 ans dans les pays en développement. Citant des recherches tendant à démontrer que « des femmes mieux éduquées et des familles en bonne santé ont un effet positif sur la croissance du produit national brut [PNB] », le directeur du Fonds appelle les gouvernements à saisir leur chance en mettant en place des lois protectrices des femmes et des adolescentes, devenues les populations les plus vulnérables.
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