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Brexit

Dublin manque de place

Dublin lance une offensive de charme envers les banques qui pourraient réduire la voilure à Londres à cause du Brexit mais ses ambitions risquent de se heurter aux limites de sa capacité d'accueil.

L'Ulster Bank, le quartier des affaires de Dublin
L'Ulster Bank, le quartier des affaires de Dublin © PHOTO: Licence C.C.

Dublin lance une offensive de charme envers les banques qui pourraient réduire la voilure à Londres à cause du Brexit mais ses ambitions risquent de se heurter aux limites de sa capacité d'accueil.

Depuis la décision des Britanniques de quitter l'Union européenne (UE), plusieurs villes se sont mises sur les rangs pour récupérer un afflux de financiers inquiets des nouvelles conditions d'affaires qui devront être fixées entre Londres et le continent. Francfort, Paris, Amsterdam, Luxembourg sont notamment sur les rangs, tout comme Dublin.

Intérêt manifeste

"Nous sommes intéressés par tout investissement qui se déplacerait du fait du Brexit", confirme Martin Shanahan, le chef de l'IDA, l'agence chargée d'attirer les investissements en Irlande.

Les atouts de Dublin sont en effet nombreux: l'anglais y est la principale langue, la capitale n'est qu'à une heure d'avion de Londres, le système juridique irlandais est proche de celui de son voisin, le pays dispose d'une main d'oeuvre qualifiée et ne réclame que 12,5% d'impôts aux sociétés.

La capitale irlandaise dispose en outre déjà de son centre financier - l'International Financial Services Centre (IFSC) -, ouvert depuis 30 ans sur les rives de la rivière Liffey et fort de quelque 30.000 employés.

Dublin, une "petite Londres"?

Première annonce qui a suscité l'attention, le fonds britannique Fidelity a fait part la semaine dernière du transfert d'une centaine d'employés de Londres à Dublin, tout en assurant que ce mouvement n'était pas lié au Brexit.

Mais tout le monde n'est pas certain, en Irlande même, de la capacité de Dublin à devenir une "petite Londres".

"Quelqu'un m'a dit récemment que si un seul pourcent de l'activité économique de Londres venait ici ça craquerait de tous les côtés, et je suis bien d'accord", regrette Paul McAuliffe, président du Conseil de développement économique de Dublin.

Manque d'eau chaude et de wifi

Il énumère une longue liste de points noirs, allant de la pénurie de logements aux limites du réseau de transport - sources d'embouteillages quotidiens -, au fait que l'aéroport local ne dispose que d'une seule piste.

Les places d'école se font rares de surcroît et le système d'égouts, victime d'un manque d'investissement, a tendance à déborder sous les pluies battantes de la région.

L'an passé, un rassemblement international des professionnels de l'internet, le "Web summit", a annoncé qu'il déménageait son édition annuelle de Dublin à Lisbonne pour assurer à ses participants des douches chaudes et un accès au wifi.

Croissance de 26,3%?

"Cela fait trois ans que nous réclamons et nous n'avons toujours pas vu le moindre engagement au moins minimal pour la ville", a déclaré, amer, le co-organisateur Paddy Cosgrave au gouvernement à l'époque.

Le chef de l'IDA s'efforce de nuancer ce problème, soulignant que les investissements étrangers ont encore créé 19.000 emplois l'an passé et que l'économie est en très bonne santé - comme l'a attesté le taux de croissance quasi irréel de 26,3% relevé en 2015 (à la faveur en partie d'artifices comptables toutefois).

Google, Facebook et LinkedIn déjà présents

Dublin est d'une certaine manière victime de son succès, l'installation sur place de géants de l'internet comme Google, Facebook et LinkedIn ayant mis davantage sous pression les infrastructures de la ville.

"Il y a quelques difficultés, notamment du côté du logement, mais c'est en tête de priorité du gouvernement et ce sera abordé", assure pourtant M. Shanahan.

Mais un responsable de l'IFSC, qui ne souhaite pas être nommé, prévient qu'au-delà, Dublin risque de manquer de traders expérimentés: une solide base d'agents financiers serait en effet nécessaire pour soutenir les besoins créés par le débarquement de responsables en tout genre en cas de "Brexodus".

"L'IDA a beau dérouler le tapis rouge, la ville ne pourrait tout simplement pas absorber un afflux important de la City de Londres", conclut-il.(AFP)

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