Une Beach party non loin d'un désastre humanitaire

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SyrieUne Beach party non loin d'un désastre humanitaire

C'est l'autre face du conflit syrien: le siège d'Alep se poursuit dans des conditions dramatiques alors que sur les plages méditerranéennes la fête bat son plein.

cga/ats
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Le contraste saisissant est résumé en un tweet. «En Syrie vous avez deux choix: danser lors d'une soirée à la plage de Wadi Qandeel à Lattaquié ou mourir à Alep.»

En effet, des images diffusées par les agences de presse ce week-end montrent des jeunes faisant la fête sur une plage de la ville côtière de Lattaquié. On peut voir des gens discuter en fumant la chicha sous des parasols, comme le note le «Daily Mail». Vêtements colorés, stroboscopes... la scène serait tout à fait banale si elle n'avait pas lieu en Syrie à quelques centaines de kilomètres d'Alep, actuellement sous le feu des bombardements. Dimanche, des raids aériens ont touché quatre hôpitaux de campagne et une banque de sang à Alep, dans le nord de la Syrie. Ces frappes viennent aggraver encore la situation humanitaire pour les habitants des quartiers rebelles de la ville, assiégés depuis le 17 juillet par les forces du régime.

Dans la nuit de samedi à dimanche, un nouveau-né a été tué dans l'un de ces hôpitaux, a indiqué l'Association des médecins indépendants (IDA), qui soutient des centres médicaux dans la ville. La frappe est tombée sur l'hôpital à 1h (minuit en Suisse). C'était la deuxième visant l'établissement en neuf heures, selon l'IDA. «L'hôpital est sérieusement endommagé et ce n'est pas la première fois» qu'il est touché, a témoigné Malika, l'infirmière en chef de l'hôpital des enfants. Les trois autres centres de santé frappés, tous situés dans le quartier al-Chaar, étaient également hors service dimanche, a confirmé le «service de la santé» d'Alep tenu par les rebelles.

Les médecins «ne peuvent plus faire sortir les blessés ou entrer des médicaments dans cette ville dévastée», a-t-il alerté. Marianne Gasser, cheffe de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Syrie, s'est dite «submergée par le désespoir» après ces bombardements.

Frappes syriennes et russes

Selon l'IDA, cinq hôpitaux sont encore opérationnels dans les quartiers est d'Alep. Cette partie de la deuxième ville de Syrie est fréquemment prise pour cible par l'aviation du régime de Bachar al-Assad et son allié russe.

Ces derniers mois, de nombreux hôpitaux ont été endommagés et des membres du personnel médical tués par des bombardements dans les quartiers est d'Alep. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la Syrie a été le pays le plus dangereux pour les travailleurs sanitaires en 2015.

Ces bombardements risquent d'aggraver davantage la situation humanitaire à Alep. Les risques de famine et de pénurie générale s'accroissent pour les 200'000 habitants des quartiers contrôlés par les rebelles et assiégés par l'armée régulière.

Guerre complexe

Déclenché en mars 2011, le conflit syrien s'est mué en une guerre complexe impliquant une multitude d'acteurs locaux, régionaux et internationaux. Il a fait plus de 280'000 morts et forcé des millions de personnes à fuir.

Toutes les tentatives de faire respecter durablement les trêves entre rebelles et régime ont échoué ces derniers mois, de même que les efforts d'un règlement politique du conflit. Dimanche, le Ministère des affaires étrangères à Damas s'est dit «prêt à poursuivre le dialogue intersyrien sans aucune condition préalable, dans l'espoir qu'il conduira à une solution globale».

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