Ces fraudes à l'export qui coûtent si cher à l'Afrique

Selon un rapport de la Cnuced* rendu public en ce mois de juillet 2016, ce sont des dizaines de milliards de dollars que l'Afrique perd chaque année.

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Des employés du port d'Abidjan s'évertuent à charger des palettes de sacs de cacao destinés à l'export en octobre 2012.
Des employés du port d'Abidjan s'évertuent à charger des palettes de sacs de cacao destinés à l'export en octobre 2012. ©  AFP PHOTO / SIA KAMBOU

Temps de lecture : 2 min

Le rapport intitulé « Trade Misinvoicing in Primary Commodities in Developing Countries » a été rendu public en amont de la 14e session de la conférence qui s'est tenue à Nairobi jusqu'au 22 juillet dernier. Il pointe du doigt les pertes colossales, en milliards de dollars, du continent liées à des opérations d'exportation. Il met en exergue quatre pays fortement dépendants d'un produit phare quant à leurs recettes. Contrebande, évasion fiscale, limitation des taxes douanières… constituent des sources de problèmes. Il faut y ajouter la sous-facturation pour les pays concernés, à savoir le Nigeria, la Côte d'Ivoire, la Zambie et l'Afrique du Sud.

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Des exemples emblématiques

Le cas du Nigeria est édifiant. Selon le rapport, cité par l'agence Ecofin, entre 1996 et 2014, la sous-facturation des exportations de pétrole du Nigeria vers les États-Unis a été estimée à 69,8 milliards de dollars, soit 24,9 % du total des envois de brut vers ce pays. Autre exemple : l'Afrique du Sud. La nation arc-en-ciel a subi les mêmes affres sur 67 % de ses exportations totales d'or vers l'Inde, l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni entre 2000 et 2014, soit l'équivalent de 78,2 milliards de dollars. Un manque à gagner conséquent. Idem pour la Zambie quant à une part au-dessus de la moitié de ses exportations de cuivre entre 1995 et 2014, soit 28,9 milliards de dollars perdus corps et biens dans les statistiques suisses. Dernier exemple : la Côte d'Ivoire. Entre 1990 et 2014, ce sont 31,3 % des exportations déclarées de cacao vers les Pays-Bas qui n'apparaissent pas du côté néerlandais, soit 5 milliards de dollars dans la nature.

Une saignée insoutenable

« Ce travail de recherche fournit de nouveaux détails sur la magnitude du problème, rendu encore pire par le fait que les budgets d'éducation et de santé de certains pays reposent intégralement sur leurs exportations de matières premières », a déclaré Mukhisa Kituyi, le secrétaire général de la Cnuced, cité par l'agence Ecofin. Il faut dire que ces fraudes peuvent conduire un pays à perdre jusqu'à deux tiers de ses recettes et taxes. Un scandale dans l'univers de rareté financière des pays du Sud.


* Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement.