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Crime

Des lamas et des alpagas meurent à cause de températures anormalement basses dans les Andes

La situation est particulièrement grave dans le sud du Pérou où 55 000 alpagas sont morts dans seulement une région, où même ces robustes animaux des montagnes souffrent de la faim et tombent malades.
Photo de Rodrigo Abd/AP Photo

Des centaines de milliers d'alpagas, de lamas, et d'autres animaux brouteurs des montagnes tombent malades, et beaucoup d'entre eux meurent du fait de températures anormalement basses dans les Andes du Sud du Pérou.

Dans la région de Puno, la plus durement touchée du pays, les autorités locales rapportent que 55 000 bêtes sont mortes parmi les troupeaux d'alpagas qui vivent dans cette zone où les pics montagneux atteignent les 4 000 mètres d'altitude.

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William Morales Cáceres, qui est à la tête du ministère de l'Agriculture de Puno, a déclaré qu'au total 279 000 alpagas ont été « affectés » par une maladie ou sont morts à cause des températures qui sont régulièrement tombées sous la barre des - 23 degrés Celsius. Il a ajouté que 30 000 lamas ont été affectés (les lamas sont moins communs dans la région) ainsi que 370 000 moutons.

Les animaux qui broutent dans les hautes Andes — particulièrement au Pérou, en Bolivie et en Équateur — sont habitués au froid. Mais cette année, l'hiver a été particulièrement rude dans le sud du Pérou, des chutes de neige recouvrant continuellement les prairies et gelant les ruisseaux.

Morales a expliqué que les alpagas, les lamas et les moutons des montagnes, normalement résistants, mangent si peu qu'ils deviennent très vulnérables aux pneumonies et aux autres infections, ainsi qu'aux crises de diarrhées.

« Ils deviennent plus faibles et tombent malades », a ajouté Morales. « Beaucoup meurent. »

Même lorsqu'il y a moins de neige, les températures glaciales font toujours des ravages. Julio Gil Pacheco, le ministre de l'Intérieur de Tacna, a récemment expliqué aux journalistes que le froid extrême a « brûlé » 53 pour cent des prairies dans la région, qui est située à environ 400 kilomètres au sud de Puno.

« Il ne reste plus de fourrage et cela pourrait bien vouloir dire que les animaux n'ont plus rien à manger », a déclaré aux journalistes la semaine dernière Juan Quispe Mamani, le maire de la province de Candarave, aussi affectée par les conditions climatiques. « Nous avons un sérieux problème. »

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Les premiers signes indiquant à quel point l'hiver serait dur au Pérou sont apparus avant même le début officiel de l'hiver en juin, et ont poussé le président sortant Ollanta Humala à déclarer un état d'urgence à la fin du mois de mai.

Cette déclaration a conduit à la distribution de couvertures et à d'autres promesses d'aide pour faire face aux températures extrêmes. La météo est notamment responsable de la mort de 48 enfants, décédés suite à des pneumonies. L'état d'urgence a aussi permis d'enclencher des programmes de distribution de vitamines, d'antibiotiques, et de fourrage pour les gardiens de troupeaux d'alpagas, de lamas et d'autres animaux, dans les régions les plus affectées.

La période de l'état d'urgence s'est achevée à la mi-juillet, mais il pourrait bien être renouvelé.

« On peut s'attendre à ce que les températures diminuent davantage dans les prochains jours », a déclaré Martí Bonshoms, un prévisionniste du service de météorologie national du Pérou. « La situation ne s'arrangera sûrement pas avant le mois de septembre. »

Bonshoms a assuré que, bien qu'inhabituelles, de telles vagues de froid dans les montagnes ne sont pas inédites. Il a expliqué que l'air humide dérivant des basses terres de l'Amazonie limite normalement la chute des températures dans les montagnes, mais que cette année le climat de la jungle a été « anormalement sec ».

Le prévisionniste a insisté sur le fait qu'il n'y aurait pas lien direct entre ces phénomènes et le changement climatique. Morales, à la tête des autorités agricoles de Puno, a déclaré qu'il n'a pas besoin d'études scientifiques pour en être convaincu.

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« On peut ressentir que le climat change », a-t-il assuré, pointant aussi des précipitations anormalement basses cette année durant les mois de janvier et de février, habituellement humides. « Cela devient plus extrême. »

Morales a ajouté que la situation pourrait créer des tensions si rien n'est fait pour aider la population locale à Puno — majoritairement autochtone — pour qui élever des alpagas, des lamas et des moutons est une source primordiale de revenus.

Les petits, et parfois agressifs, alpagas sont particulièrement répandus à Puno. Tout comme les lamas qui sont plus larges, plus sympathiques et ont un cou plus long, ils sont prisés pour leur laine, dont une partie se retrouve tissée dans des vêtements vendus dans les magasins les plus chics du monde.


Suivez Alan Hernández sur Twitter : @alanpasten