TERRORISME - Le président François Hollande a qualifié "d'ignoble attentat terroriste" l'attaque menée mardi 26 juillet près de Rouen, évoquant "deux terroristes se réclamant de Daech".
L'attaque perpétrée contre l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray semble être une réponse directe aux consignes de Daech, qui cible depuis plusieurs années les institutions religieuses occidentales, exhortant ses partisans à passer à l'action dans leurs pays d'origine.
En France, c'est pourtant la première fois qu'un lieu de culte catholique est l'objet d'une telle attaque aboutie.
Si l'EI a plusieurs fois frappé la France, si l'organisation cible dans sa propagande les dirigeants "croisés" occidentaux et "le royaume de la Croix", si les Chrétiens en Orient et Proche-Orient sont pourchassés depuis plusieurs années, jamais le terrorisme islamiste n'avait franchi le pas des églises catholiques sur le territoire français.
Le précédent de l'église de Villejuif
La menace d'une attaque contre les lieux de cultes chrétiens plane ces derniers mois en France, notamment depuis l'échec d'un projet d'attentat en avril 2015 contre plusieurs églises catholiques, dont celle de Villejuif dans Val-de-Marne.
Un étudiant algérien de 24 ans, Sid Ahmed Ghlam, est soupçonné d'avoir voulu prendre pour cible cette église, et peut-être d'autres lieux de culte catholique en région parisienne, et d'avoir tué sur son passage une professeure de fitness, Aurélie Châtelain.
Le jeune informaticien avait lui-même provoqué son interpellation après s'être tiré deux balles dans le genou, dans des conditions assez floues. Ainsi, il n'avait pas pu mener son projet à exécution. En possession d'armes de guerre, il était connu des services de renseignement comme islamiste radical. Depuis, il a admis avoir projeté d'autres actions.
Le 15 novembre 2015, au surlendemain des attentats de Paris, un trentenaire, fiché "S" pour radicalisation, avait déposé un sac contenant des baguettes de pain à l'intérieur d'une cathédrale lyonnaise. Alors qu'il vantait un acte de "charité", le parquet y a vu une volonté de créer une "psychose". Il a été relaxé le 25 juillet dernier.
Des mesures particulières
Après cette tentative d'attentat, le ministère de l'intérieur avait annoncé des mesures visant à protéger les lieux de culte catholique. Ainsi, sur les 46.000 édifices que compte l'Hexagone, 178 faisaient l'objet d'une "surveillance particulière." La protection étant adaptée au lieu.
"Tout dépend de l’église en question. La sécurité n’est pas la même à Notre-Dame de Paris que dans de petites églises", déclarait le responsable presse de l’église catholique de France. "Avec près de 50.000 édifices catholiques en France (...), il demeure très difficile de protéger tous les lieux de culte."
Les diocèses avaient alors reçu "des consignes pour renforcer la sécurité". Comme "la surveillance des sacs, et des bagages, un peu comme dans les musées par exemple". Depuis, l'arrestation de Ghlam, le stationnement à proximité des églises est aussi limité comme devant les écoles.
Des attaques récurrentes au Moyen-Orient
Si l'attaque d'un lieu de culte est une première en France, ce mode opératoire est récurrent au moyen orient. Depuis sa création, le groupe Etat islamique, notamment, persécute les chrétiens, qu'ils appellent "le peuple défenseurs de la croix", en détruisant leurs lieux de culte et en les réduisant en esclavage.
À titre d'exemple, en avril dernier Daech a dynamité l'église de Notre-Dame-de-l'Heure à Mossoul, l'un des plus emblématiques édifices chrétien en Irak. En 2013, un attentat à la voiture piégée contre une église à Bagdad, perpétré à la sortie d'une messe de Noël, avait fait au moins 44 morts et 30 blessés.
Une situation qui trouve un écho particulier au sein de la classe politique française, notamment à droite et à l'extrême droite. Depuis le début de la situation, de nombreux responsables du Front national et des "Républicains" affichent publiquement leur soutien aux Chrétiens d'Orient.
En juillet 2015, le pape François avait appelé à la fin du "génocide" des chrétiens au Moyen-Orient et ailleurs, en dénonçant une "troisième guerre mondiale" dans laquelle des tortures et des persécutions sont infligées aux chrétiens.