Les grands portails d’information chinois se sont vu rappeler à l’ordre et leurs pages dédiées au reportage et à l’enquête rédigés par leurs propres journalistes ont été fermées. “Les autorités pékinoises ont indiqué aux sites Sina.comSohu.comNetease et Fenghuang Wang qu’ils étaient grandement dans l’illégalité concernant la fourniture de l’information, et a décrété une fermeture temporaire pour réorganisation”, annonce le quotidien pékinois Jinghua Shibao le 25 juillet.

Ces portails, autorisés à composer des pages d’information en reprenant les articles des organes de presse dûment répertoriés (donc passés par la censure), n’ont pas l’autorisation de produire eux-mêmes de l’information. La fermeture concerne certaines pages de ces sites, les services mobiles ainsi que les comptes de microblogging Weibo.
Une conférence sur Internet sans liberté
Au cours des dernières années, les grands portails ont développé une production d’informations culturelles, sportives et de loisir tout en mordant de plus en plus sur la production réalisée par des journalistes d’informations générales. Au début du mois de juillet, ces médias avaient déjà reçu l’interdiction d’utiliser les informations convoyées par les réseaux sociaux.
Deux journalistes condamnés
Dans le même temps, deux journalistes hongkongais installés à Shenzhen ont été condamnés à des peines de prison pour “publication et activité commerciale illégales”, rapporte le site hongkongais Mingjing News. Wang Jianmin et Guo Zhongxiao, qui étaient détenus à Shenzhen depuis le 30 mai 2014, ont été condamnés à cinq ans et trois mois pour le premier, et à deux ans de prison pour le second.

Le procès a eu lieu le 5 novembre 2015, et la sentence n’a été annoncée que le 26 juillet 2016, selon leur avocat. Deux autres personnes ont été condamnées à des peines d’emprisonnement avec sursis, aucun des condamnés n’a fait appel. Wang et Guo sont d’anciens journalistes du magazine hongkongais Yazhou Zhoukan.

Plusieurs articles de Wang ont été traduits par Courrier international. Guo, officiellement désigné l’un des “meilleurs journalistes de Chine” en 2003, a par la suite été embauché comme éditeur par le Yazhou Zhoukan. Tous deux avaient démissionné du magazine et publiaient deux revues politiques imprimées à Hong Kong, occasionnellement envoyées à des résidents chinois.
La fin d’un magazine libéral de référence
Enfin, la revue libérale Yanhuang Chunqiu, l’une des rares à accueillir des débats et des voix discordantes depuis les événements de Tian’anmen en 1989, a été fermée le 12 juillet par les autorités, a annoncé son éditeur, Du Daozheng, âgé de 92 ans.
Evoquer Hu Yaobang, invoquer la réforme

Dirigée par d’anciens hauts responsables de la propagande et des médias d’obédience libérale, le magazine était passé voilà deux ans sous la tutelle de l’Académie chinoise des arts. Celle-ci a soudainement décrété “un remaniement de la direction et le limogeage de son président et de son rédacteur en
chef, relate le magazine Nikkei Asian ReviewLe 15 juillet, selon Du, les employés de l’Académie ont débarqué dans la salle de rédaction et changé les mots de passe d’accès au site.”

Selon l’analyse de l’hebdomadaire, “il est clair que le président Xi Jinping impose un contrôle des médias encore accru par rapport à ses deux prédécesseurs”. Mais la fermeture de Yanhuang Chunqiu pourrait être l’expression d’une attaque en haut lieu contre le président, car son père Xu Zhongxin avait soutenu le magazine.

Le plan de relance fait parler de lui

Quoi qu’il en soit, les responsables de la revue ne se démontent pas et ont décidé d’attaquer en justice l’Académie, affirme pour sa part Bao Tong, ancien haut dirigeant libéral, sur le site de Radio Free Asia. Ils avaient avec celle-ci un accord, “assurant l’autonomie éditoriale et financière du magazine”, qui a été rompu, et l’intervention de l’Académie peut être contestée, affirme-t-il.