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In memoriam

Jacques Hamel, 86 ans, assassiné dans sa paroisse : «C'était un monsieur, une personne à l'écoute»

Procès de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvraydossier
Tué mardi matin à Saint-Etienne-du Rouvray, près de Rouen, le père Jacques Hamel, à la retraite depuis une dizaine d'années, avait voulu jusqu'au bout servir l'Eglise. Ceux qui l'ont côtoyé évoquent un homme «qui a donné sa vie aux autres».
par Bernadette Sauvaget et Charlotte Belaïch
publié le 26 juillet 2016 à 20h11
«Je ne pouvais pas imaginer qu’une telle chose pourrait arriver». Curé de la paroisse de Saint-Etienne-du Rouvray, près de Rouen (Seine-Maritime), le père Auguste Moanda Phuati, est sous le choc. En allumant la télévision à Paris, à peine rentré d’un voyage au Congo, son pays natal, il a appris la mort de son confrère, le père Jacques Hamel, égorgé mardi matin dans l’église de la paroisse alors qu'il y célébrait la messe. Depuis cinq ans, il le côtoyait quotidiennement. «C’est lui qui me secondait, qui célébrait la messe lorsque j’étais absent».

«Son souhait était de servir l’Eglise jusqu’au bout»

A la retraite depuis une dizaine d’années, le père Jacques Hamel avait choisi de revenir à Saint-Etienne-du-Rouvray, en tant que prêtre auxiliaire. Pendant une décennie, il avait été le curé de cette paroisse. Jusqu’à l’année dernière, le prêtre continuait même à assurer le catéchisme. Il habitait toujours le presbytère.

Curé à l'ancienne, il faisait preuve, selon plusieurs témoignages, de beaucoup de dévouement. Témoignant dans le quotidien catholique La Croix, l'ancien archevêque de Rouen, Mgr Jean-Charles Descubes, dit de lui que «c'était un homme très attentif aux situations, tout en restant discret.» «Je revois son visage, il rayonnait de bonté», ajoute le prélat. De son côté, une religieuse qui l'a côtoyé à la paroisse de Cléon confie à Libération que le prêtre était un «homme timide». «Il ne faisait pas beaucoup parler de lui. C'était un homme instruit qui savait rire de temps en temps mais toujours en petit comité.» Pour Philippe Benoist, un diacre d'une paroisse de Sotteville-lès-Rouen, qui le connaît depuis dix ans, le prêtre était un homme «qui avait toujours le sourire. Il trouvait toujours une solution pour dépanner. C'était un personnage très ouvert. C'était un monsieur, une personne à l'écoute, qui savait trouver les mots pour faire du bien». L'attentat a bouleversé la ville et ceux qui ont connu le père Hamel. «L'annonce de ce matin a été un véritable coup de fusil», poursuit le diacre.

«Il vivait modestement»

Né en 1930 à Darnétal, dans la banlieue de Rouen, le père Jacques Hamel avait été ordonné prêtre en 1958. Il a œuvré dans plusieurs paroisses du diocèse, notamment au Petit Quevilly et à Saint-Pierre d’Elbeuf avant d’officier à Saint-Etienne-du-Rouvray. «Son souhait était de servir son Eglise jusqu’au bout», précise le père Maoanda Phuati. Le père avait renoncé à prendre sa retraite à 75 ans comme les règles de l’Eglise l’autorisaient. A Saint-Etienne-du-Rouvray, il était très connu et apprécié de la population. «Il vivait modestement», ajoute le curé de la paroisse. Parmi les hommages rendus au prêtre assassiné, le plus touchant est sans doute celui que lui a rendu le président du Conseil régional du culte musulman, en charge de la mosquée de la ville. Il s’est dit «effaré par le meurtre de son ami. C’est quelqu’un qui a donné sa vie aux autres. Nous sommes abasourdis», a déclaré Mohammed Karabila.
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