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Le recteur de la Grande mosquée de Paris appelle à la «réforme»

A la sortie de l’Elysée, Dalil Boubakeur a souhaité que les musulmans de France soient à l’initiative d’une modernisation de l’islam.
par Bernadette Sauvaget
publié le 27 juillet 2016 à 14h23

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris a surpris son monde. Habitué aux déclarations policées, il a lancé, ce matin à la sortie de l'Elysée, un très gros pavé dans la mare, en appelant fermement à une «réforme des institutions musulmanes». «Il y a un constresens des valeurs. Nous avons à espérer que dans l'avenir, ce sera l'heure pour les musulmans de prendre conscience de ce qui ne va pas dans cette vision mondiale de l'islam», a-t-il déclaré. Pour faire pièce aux dévoiements de la religion musulmane et «à ses archaïsmes», Dalil Boubakeur a plaidé pour que les musulmans de France prennent l'initiative de la réforme. «C'est une catastrophe que nous vivons aujourd'hui alors que l'esprit de réforme est présent dans le texte lui-même du Coran», a-t-il précisé à Libération.

Lors de la rencontre entre les responsables de cultes et François Hollande, le recteur de la Grande Mosquée a principalement mis l'accent sur la formation des imams. «C'est un chantier essentiel, dit-il. Il faut impérativement qu'ils soient formés en France.» Sur ce point, Dalil Boubakeur tacle, à sa manière, le gouvernement qui, contraint par la loi de 1905, table sur des nouvelles générations d'imams, des jeunes qui ont grandi en France mais qui vont se former au Maroc ou en Turquie. Un point qui soulève de plus en plus la controverse.

A l’Elysée, «un moment très émouvant»

A la sortie de leur entretien avec le président de la République, les responsables des cultes se sont présentés, ensemble et solidaires. Parce que c’est le message fort du moment, l’unité contre les tentatives de fragmentation de la société française.

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Programmé juste après la nouvelle de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, l'entretien a duré une quarantaine de minutes. «Cela a été un moment très émouvant et très fort», rapporte, à Libération, le grand rabbin de France, Haïm Korsia. Les uns et les autres ont apporté leur soutien au cardinal-archêveque de Paris, André Vingt-Trois, représentant l'Eglise catholique. «C'est une question de force morale. Il faut que le pays tienne, demeure uni», poursuit Haïm Korsia.

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Ces dernières heures, les responsables religieux ont tenu un discours à la tonalité très républicaine. A l’occasion de la rencontre à l’Elysée, le pasteur François Clavairoly, le président de la Fédération protestante de France (FPF), a insisté sur le thème de la fraternité, une des trois notions de la devise de la République mais aussi une valeur commune aux différentes spiritualités.

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