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Bruno Beschizza (LR) : "Personne ne veut sortir de la Constitution"

INTERVIEW - Au lendemain de l’attentat qui a causé la mort du prêtre Jacques Hamel, près de Rouen, la droite intensifie ses critiques envers le gouvernement, responsable à ses yeux de ne pas tout mettre en oeuvre pour lutter contre le terrorisme. Pour le maire d’Aulnay-sous-Bois et secrétaire national Les Républicains à la sécurité, Bruno Beschizza, sortir de la "guéguerre" entre partis va de pair avec la proposition de mesures alternatives à celles de l’exécutif.

Thibaud Le Meneec , Mis à jour le
Bruno Beschizza (centre) : "Il ne faut pas être dans la guéguerre politicienne aujourd’hui."
Bruno Beschizza (centre) : "Il ne faut pas être dans la guéguerre politicienne aujourd’hui." © Sipa

Au fur et à mesure des attentats perpétrés en France, l’unité nationale semble se déliter de plus en plus rapidement. Est-ce logique?
On avait dit oui à la prolongation de l’état d’urgence il y a dix jours, mais il faut des conditions car il faut aller plus loin. La gauche a en réalité un double discours et a un vrai problème avec la période actuelle vis-à-vis de sa base.

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 Il y a une gauche qui a tenu des propos martiaux mais dans les faits, certains décrets d’application ne sont pas encore pris. Ce n’est pas acceptable que pendant l’état d’urgence, la représentation nationale prenne des mesures et que les méandres administratifs ou les complications politico-politiciennes empêchent de les mettre en place.

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Vous avez critiqué sur France Inter "la guéguerre entre la gauche, la droite et le Front national."
Il ne faut pas être dans la guéguerre politicienne aujourd’hui. Demain, si on continue à décrédibiliser la parole politique et dire “il n’y a qu’à” ou “il faut qu’on”, et que rien n’est fait, vers qui vont se retourner nos compatriotes? Pas vers les partis politiques, car ce ne sera même pas de la récupération du Front national.

"On n'est pas en Turquie, on peut avoir un débat"

Que craignez-vous?
De l’autodéfense. On n’est pas à l’abri dans le contexte actuel. Mais notre démocratie fonctionne encore. On peut avoir un débat entre nous, personne ne se déchire sur le fond car personne ne veut sortir de la Constitution. On n’est pas en Turquie. Nous disons, en revanche, qu’il faut utiliser les outils de la Constitution comme il se doit dans une période exceptionnelle. Personne, d’ailleurs, ne pouvait la prédire cette menace il y a quatre ans, ni à gauche, ni à droite. C’est très dangereux de prétendre l’inverse.

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Que faire alors?
Nos compatriotes attendent des mesures pratiques. Un étranger qui est sur le territoire national, qui commet un acte contre nos compatriotes, lié au terrorisme, n’a plus sa place sur le territoire national. Autre mesure : il faut une clarification des fiches S, qui ne veulent plus rien dire.

 Il est nécessaire d’y cibler ce qui est lié au terrorisme et plus particulièrement ce qui lié à de la dangerosité. Là, des mesures administratives de rétention s’imposent. Sur les 11.000 fichés S, une partie seulement est dangereuse, entre 1000 et 2000. On doit revenir au bon sens populaire pour qu’il ne se transforme pas, demain, en vindicte populaire.

Lire aussi : A quoi servent les 10.000 fiches "S" du renseignement français

Selon vous, le gouvernement a-t-il pris la mesure de ce qu’il se passait en France aujourd’hui?
Il n’y a plus de capitaine dans le navire. Il y a un tel bazar à gauche, François Hollande a tellement peur d’être de nouveau englué à l’Assemblée, comme sur la loi Travail, qu’il n’assume pas. Il n’est pas sûr d’avoir la gauche derrière lui sur ces mesures-là. On s’approche également de la présidentielle et cela complexifie le jeu politique.

La création de centres de déradicalisation ou la mobilisation de la réserve opérationnelle vont-elles dans le bon sens ou sont-elles insuffisantes?
La réserve opérationnelle est une bonne chose, mais il faut prendre des mesures en amont. Dire qu’on va mettre davantage de policiers dans la rue empêcherait un attentat, c’est faux. On ne peut pas imaginer toutes les cibles potentielles. Si on ne fait pas d’abord faire un ménage effectif de ceux qui sont potentiellement dangereux sur les Français et les étrangers, tout le reste ne sert à rien et peut même se retourner contre nous si les attentats continuent.

"Ce n’est pas un combat de chrétiens contre des musulmans"

Comment coopérer avec les autorités musulmanes pour qu’il n’y ait pas d’amalgame ou de stigmatisation de la communauté musulmane de France?
Ce n’est pas un combat de chrétiens contre des musulmans.

 C’est le combat de la civilisation contre la barbarie. On est face à un groupe qui a interprété un texte à sa manière et qui l’a complètement déformé. Dans le quotidien, tous ceux qui se disent faire partie de notre civilisation, les musulmans et tout le monde, doivent dénoncer cette déviance qui est, je le répète, une barbarie. Maintenant, aller sur un concordat… Attention aux mots. Je ne sais pas ce qu’a voulu dire le ministre de l’Intérieur, mais vous imaginez rentrer dans un concordat où les imams seraient payés par l’Etat français?

Vous seriez contre?
Je n’en sais rien, je me méfie des déclarations à l’emporte-pièce comme cela. Un ministre de l’Intérieur, compte tenu du contexte, ne fait pas ce type de déclarations entre deux, sur une radio. S’il se dit être dans l’union nationale, il consulte les autres partis et les parlementaires, et seulement après il fait des annonces. Croyez-vous que les tenants de la barbarie seraient satisfaits d’un concordat ? Non.

Que pensez-vous de la polémique sur le dispositif à Nice , le 14 juillet?
J’apporte un soutien inconditionnel à Christian Estrosi. Je suis maire d’une commune de 85.000 habitants et j’avais moi aussi un dispositif de sécurité à gérer le 14 juillet. Quand je suis arrivé à Aulnay-sous-Bois il y a deux ans, il y avait une police municipale qui s’arrêtait à 1h00. En deux ans, nous sommes passés à une police municipale qui travaille 24 heures sur 24 et qui est suréquipée. Mais le patron de l’opérationnel, ce n’est pas moi, et c’est toujours compliqué pour un maire. Les deux meilleurs maires en termes de sécurité, en France, ce sont Jean-François Copé et Christian Estrosi (actuellement premier adjoint de la ville de Nice, ndlr), compte tenu de tout ce qu’ils ont fait. Aujourd’hui, se retrouver dans une polémique où un ministre de l’Intérieur porte plainte contre une policière municipale, cela fait rire d’aigreur tout le monde. On ne peut pas réclamer l’unité nationale et taper sur l’opposition nationale, élue au suffrage universel.

Source: leJDD.fr

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