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Venezuela

Et maintenant, Maduro veut dissoudre l'opposition vénézuelienne

Le gouvernement socialiste demande la mise hors la loi de la MUD, la coalition majoritaire à l'assemblée. Pendant que le processus de référendum pour révoquer le président s'enlise.
par François-Xavier Gomez
publié le 28 juillet 2016 à 9h23

Mardi, le Venezuela a attendu toute la journée la décision du Conseil national électoral (CNE) sur la poursuite du processus de référendum révocatoire contre le président Nicolas Maduro. Mais peu avant 20 heures, le CNE faisait savoir qu’il se donnait une semaine supplémentaire de réflexion. Pire: deux heures avant, le gouvernement socialiste avait annoncé son intention de demander la mise hors la loi de la MUD (Table pour l’Unité démocratique), la coalition d’opposition à l’origine de la demande de référendum, et qui avait remporté en décembre les deux-tiers des sièges à l’assemblée nationale.

Le conseil électoral, composé de fidèles du régime chaviste (fondé par le défunt président Hugo Chavez), continue ainsi à jouer la montre, comme il l'a fait dans les premières étapes d'un processus complexe lancé en avril. Le CNE devait se prononcer sur la validité de 200000 signatures, accompagnées d'empreintes digitales et de copie de la carte d'identité, demandant le référendum. L'opposition en a fourni 2 millions, dont 700 000 ont été récusées par les autorités. Motifs: elles concerneraient des électeurs morts, mineurs ou emprisonnés. C'est ce prétexte qu'a brandi le gouvernement pour demander l'illégalisation de la MUD, jugée coupable de «la plus grande fraude électorale dans l'histoire du pays» par un porte-parole.

Marathon de recomptage

Si jamais le CNE valide les 200000 signatures lundi prochain, la tenue du référendum ne sera pas encore acquise. L’opposition aura trois jours pour recueillir 4 millions de signatures, soit 10% du corps électoral. Si le quota est atteint, à l’issue d’un nouveau marathon de recomptage et de vérifications, les Vénézuéliens seront appelés aux urnes pour décider s’ils révoquent ou s’ils confortent Maduro, élu en 2013. Mais la date du vote est un enjeu crucial. La MUD espère qu’il aura lieu avant le 10 janvier, soit le mi-mandat du président. Dans ce cas, si le scrutin est défavorable à Maduro, une nouvelle élection présidentielle doit avoir lieu. Mais si le référendum a lieu après cette date, le sexennat sera achevé par le vice-président, Aristibulo Isturiz, un représentant de l’aile dure du chavisme.

Selon un sondage récent de l'institut Venebarometro, 64% des Vénézuéliens voteraient pour le départ du président moustachu. Et les critiques contre lui proviennent désormais de son propre camp. Face cette défaite inéluctable, le pouvoir semble pencher pour un référendum en 2017, qui leur permettrait de conserver le pouvoir. Au risque d'une explosion sociale dans un pays à bout de patience: l'économie s'est effondrée avec la chute du pétrole, les pillages et lynchages se multiplient, la pénurie frappe 80% des aliments et la plupart des médicaments, la criminalité est en hausse et l'inflation devrait battre cette année un record mondial: 700% selon le FMI.

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