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Et si l’on trouvait un autre travail pour les exciseuses africaines ?

Pour Stacy Ndlovu, le manque d’opportunités économiques explique la persistance des pratiques culturelles néfastes en Afrique

Publié le 28 juillet 2016 à 14h56, modifié le 28 juillet 2016 à 14h56 Temps de Lecture 2 min.

Une femme qui pratique les excisions en Côte d’Ivoire montre son « outil de travail ».

Grâce à l’ONU et la modernisation, la lutte contre les pratiques culturelles néfastes comme l’excision et le mariage précoce s’est considérablement développée. Malgré ces efforts, quelques traditions nocives persistent, surtout en Afrique.

La BBC vient de publier un entretien avec Eric Aniva, un Malawien séropositif, embauché pour avoir des relations sexuelles non protégées avec des enfants. Traditionnellement, au sud de Malawi, ce rituel de « purification » est pratiqué sur les jeunes filles après leurs premières règles. Cet homme, que l’on surnomme « hyène », couche avec des filles âgées de douze ans au plus, et exacerbe ainsi le problème du HIV dans un pays où une personne sur dix serait séropositive.

Comment expliquer la persistance de cette tradition en dépit de l’aide massive dont bénéficie le Malawi pour éduquer les gens sur les droits des enfants ? Qu’est-ce qui conduit à la barbarie de cette « hyène » qui infecte plusieurs jeunes filles avec le VIH ? La lutte pour les droits de la femme et de l’enfant en Afrique s’attaque-t-elle réellement aux racines du problème ?

Manque des opportunités économiques

On pourrait blâmer la culture. On pourrait dire que l’Afrique est culturellement inférieure et doit se moderniser. Mais rendre la culture seule responsable de ce problème n’est pas utile pour trouver des solutions. Même si cette pratique est nourrie par la culture nocive dans la société malawienne, elle est aussi soutenue par la pauvreté.

La faute est ainsi attribuable au manque des opportunités économiques. Eric Aniva gagne sa vie en ayant des relations sexuelles avec des jeunes filles. Pour chacune, il gagne quatre ou cinq dollars. Dans un pays où le salaire minimum est de moins d’un dollar par jour et le revenu national brut par habitant de 250 dollars, M. Aniva est relativement bien payé.

Les leaders africains peuvent signer des traités et des déclarations des droits de la femme et de l’enfant, mais ces efforts ne suffisent pas sans incitation à faire évoluer les traditions nocives. L’Afrique doit permettre aux hommes comme Erica Aniva de gagner leur vie autrement.

Il ne s’agit pas là d’une idée nouvelle ou révolutionnaire. Une étude de l’ONG kényane pour les droits de la femme Maendelo Ya Wanawake estime que l’excision est aussi soutenue par des raisons économiques. Partant du fait que les exciseuses gagnent de l’argent pour mutiler génitalement des femmes, cette organisation a lancé un projet de reconversion à d’autres activités rémunérées. Cette même approche est valable pour plusieurs pratiques culturelles.

Malgré ses richesses naturelles et en dépit de l’aide qu’elle reçoit, l’Afrique reste pauvre. Cette pauvreté perpétue des éléments rétrogrades de nos cultures traditionnelles et mène à la propagation du VIH, comme au Malawi. Afin d’inciter les gens à abandonner ces pratiques, dans un cadre général de la lutte contre la pauvreté, le gouvernement malawien doit trouver des activités génératrices d’autres revenus, pour les « hyènes » du pays.

Stacy Ndlovu est rédactrice chez Young Voices

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