Daesh a immédiatement revendiqué l’attentat au véhicule piégé qui a eu lieu près de bâtiments de l’administration de la zone autonome à Qamişlo, visant en cela clairement les forces kurdes du Rojava.
Par un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, Daesh indique que l’attaque a été effectuée par un kamikaze à bord d’un camion piégé “en réponse aux raids aériens de la coalition sur la ville de Minbej”.
Cette zone de Minbej assiégée depuis plusieurs semaines par les forces d’une alliance de combattants kurdes et arabes syriens, avec le soutien logistique de “forces spéciales” de la coalition, n’en finit pas de “tomber”. Et ce n’est pas faute de victimes parmi les combattants kurdes et arabes… et de pertes lourdes côté Daesh.
L’attentat de Qamişlo n’est pas le premier dans cette ville. Mais son impact matériel et humain est cette fois plus terrible que jamais. Le chiffre des victimes est différent selon les sources, mais tous parlent de près de 50 morts et trois fois plus de blessés. Les images diffusées du lieu de l’attentat montrent des victimes désemparées fuyant des amas de ruines.
Et pourtant, ce crime supplémentaire de Daesh ne fait pas l’objet de déclarations dithyrambiques de chefs d’états à l’international… C’est la guerre…
Il s’agit bien d’un fait de guerre, près de zones d’affrontements avec Daesh, mais aussi dans une zone frontalière avec la Turquie, imbriquée aussi dans une géographie des combats où figurent à proximité djihadistes anti Assad, et restes de forces régulières du régime syrien. On peut légitimement penser que cet attentat, qui ne reflète guère l’improvisation, a trouvé ses bases arrières et ses complicités dans ces régions limitrophes.
Il s’agit bien d’un fait de guerre, qui désigne aux yeux des populations une “collaboration avec la coalition”, et dans le même temps, répond aux cris de “victoire” contre Daesh, qu’on entend ici ou là.
La diplomatie européenne en particulier, voudrait faire croire, alors qu’elle n’en pense pas un mot, que ces attentats, dans leur simultanéité, de Bagdad, de Kaboul, comme cette vague de “terrorisme domestique” en France et en Allemagne, seraient les derniers soubresauts d’un état islamique aux abois. Nous ne pensons pas que les combattants kurdes et arabes syriens partagent ce point de vue à Minbej, non pas d’un point de vue strictement militaire, mais lorsqu’ils constatent que la dite “coalition” temporise…
Il n’est en effet pas pire vision que celle qui réduirait les questions à des victoires militaires ou des reprises de terrain ou territoires, et en déduirait un affaiblissement durable de Daesh. D’une part parce qu’au sein de la coalition, un pays et pas des moindres, est en “période électorale”, d’autre part parce que toutes les négociations en coulisses font l’objet de profonds désaccords et divergences d’intérêts sur les lignes de fond, qui déjà sont à l’origine du conflit syrien et de l’embrasement de la région. Les meilleurs alliés de Daesh sont bien les appétits des puissances régionales et les intérêts des grands fournisseurs de la coalition. Et ceux-ci n’ont aucun projet politique pour le Moyen Orient, hors la gestion du chaos et ce qu’ils pourraient en tirer pour demain sur un plan plus géo stratégique, Russie incluse.
Cet attentat est donc considéré comme une “péripétie” de guerre par les diplomaties, et les médias internationaux suivent la même ligne… Quelle horreur… Au suivant !
Il se trouvera des journalistes qui tenteront d’informer au delà de l’horreur, piégés entre la nécessité de ne pas reconnaître la réalité autonome du Rojava, et de ne pas non plus dévoiler la réalité du sur place de la coalition, qui en prêtant main forte aux combattants sur le terrain, se dédouane à bon compte de son inaction globale.
Loin de nous l’idée que la reprise des territoires, la libération de populations, la consolidation du Rojava ne soient pas des victoires contre la barbarie, et un espoir politique régional. Ces victoires justement, donnent force et crédibilité aux processus démocratiques en cours. Elles sont indispensables, et à cet égard, quand ici des “combattants internationalistes” appellent au soutien combattant, nous en soutenons la nécessité politique.
Mais constater chaque jour, les discours sur le thème “nous sommes en guerre”, en France et en Europe, pour justifier des renforcements sécuritaires intérieurs, après chaque meurtre perpétré par des “fous de dieu”, constater les gesticulations militaires et les bombardements prétextes, tout cela nous pousse à écrire que les populations régionales subissent et subiront cette guerre qu’elles n’ont pas déclenchée, pour une longue période encore.
Cet attentat meurtrier à Qamişlo est une preuve supplémentaire.
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