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Interview

Gilles Carrez : « La dérive est bien plus manifeste que lors des précédents quinquennats »

Gilles Carrez (Président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale (Les Républicains))

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Par Ingrid Feuerstein

Publié le 29 juil. 2016 à 01:01

A combien évaluez-vous les dérives budgétaires après 2017 ?
Beaucoup de dépenses décidées en cette fin de quinquennat auront un impact en 2017 et au-delà. Plus que le dégel du point d'indice dans la fonction publique, c'est la réforme de la grille des salaires qui coûtera particulièrement cher : 1,2 milliard en 2017, puis 2,4 milliards en 2018 voire jusqu'à 5 milliards en 2020. En transformant la dernière tranche du pacte de responsabilité en hausse de CICE, le gouvernement a trouvé un moyen de financer en partie les dépenses nouvelles de 2017, mais cela reporte d'autant la charge sur 2018. Près de 4 milliards de baisses d'impôt prévus en 2017 se retrouveront dans les comptes de l'Etat à partir de 2018, puisque les entreprises ont trois ans pour faire valoir leur créance. Nous estimons ainsi que les dépenses supplémentaires se chiffrent entre 10 et 11 milliards pour 2018.

N'est-ce pas toujours le cas en fin de quinquennat ?
Non, la dérive de la dépense est bien plus manifeste que lors des précédents mandats. En 2007, les comptes laissés par Dominique de Villepin étaient propres. En 2012, il n'y avait pas de dépenses cachées. Le dernier budget de Lionel Jospin en 2002 comportait quelques sous-estimations sur les guichets sociaux, mais elles se limitaient à 2 milliards d'euros environ.

Comment expliquez-vous cette dérive ?
Le renforcement du budget de la sécurité et la justice - que personne ne conteste - n'a pas pu être gagé par des économies sur les autres ministères, bien au contraire. Et, comme il n'y a pas eu de réforme de structure, on constate nécessairement des dérapages en fin de mandat. Le plan d'économies à 50 milliards d'euros ne porte ses fruits que partiellement, comme le démontre la Cour des comptes. Il est basé sur une évolution tendancielle de la dépense qui n'a jamais été communiquée, ce qui le rend difficilement lisible et les économies paraissent largement surévaluées. Le gouvernement actuel peut dire qu'il a mieux maîtrisé la dépense publique, mais il a bénéficié d'un contexte d'inflation faible.

En cas d'alternance, la droite pourra-t-elle tenir sa promesse de baisse d'impôts ?
Du fait de cet héritage, nos finances publiques seront dans une situation délicate à l'été 2017. Toutefois, les candidats à la primaire s'engagent clairement sur une baisse des impôts et ils ne pourront pas revenir sur cette promesse d'autant plus justifiée que notre pays est en overdose fiscale. Les réformes de structure ne produisant que progressivement leurs effets, il faudra alors assumer une hausse des déficits, quitte à ne pas respecter les engagements pris auprès de Bruxelles. Mais le véritable juge de paix sera la remontée des taux d'emprunt. Si elle se produit, le gouvernement sera au pied du mur et devra baisser drastiquement la dépense.

Ingrid Feuerstein

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