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France

À Calais, des réfugiés derrière l’objectif pour photographier leur quotidien

Des refugiés réchauffent leurs plats avec les moyens du bord.
Des refugiés réchauffent leurs plats avec les moyens du bord.
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Durant le mois de mars, 40 appareils photos jetables ont été distribués à des réfugiés du camp de Calais par une photographe britannique et l’ONG Refugees Info Bus, qui a publié mi-juillet les clichés sur sa page Facebook. Le but : permettre aux réfugiés de documenter leur propre vie et balayer ainsi les idées reçues dont ils sont victimes.

Initié en mars par la photographe britannique Beatrice-Lily Lorigan et l’ONG Refugee Info Bus, ce projet photo vise à donner une voix aux réfugiés de Calais. Ceux-ci étant souvent victimes de stigmatisation, l’ONG souhaite susciter l’empathie auprès d’Européens qui ignorent souvent le quotidien des habitants du camp de Calais. Dans ces images, les réfugiés photographient leur environnement, leurs amis et les conditions souvent déplorables dans lesquelles ils vivent.

"Père, mère, j’espère vous voir à nouveau…" : inscription sur une tente du camp de Calais.

Des déchets et des chariots de course abandonnés aux abords du camp.

Une peluche parmi des débris.

Des réfugiés reçoivent des plats chauds de la part des bénévoles.

Trois bénévoles distribuent des plats aux résidents du camp.

Vue d’ensemble du camp de Calais.

"Pas de justice, pas de paix ", "Combattre la police ", des graffitis apposés sur une cabane dans le camp de Calais.

Interrogée par France 24, Beatrice-Lily Lorigan affirme que le succès du projet a permis de lancer, il y a deux mois, un programme de journalisme citoyen où les réfugiés peuvent entre autre écrire des articles et faire des dessins en s’inspirant de leur vécu.

La photographe a été bénévole pendant neuf mois à l’ONG Refugees Info Bus, avant d’initier ce projet en compagnie des refugiés.

"Les photos montrent leur quotidien, cela permet aux gens de se dire qu’ils auraient pu vivre la même chose"

Ce projet a vu le jour en réponse au démantèlement de la zone sud du camp de Calais en mars [toutes les cabanes de la zone sud de la "jungle" avaient été enlevées le 16 mars, NDLR]. Le démantèlement était inapproprié et violent à l’égard des réfugiés, et il avait bénéficié de peu de couverture médiatique ou alors, je trouvais que celle-ci avait posé problème. Selon moi, elle ne montrait pas assez les méthodes violentes employées par la police à l’égard des refugiés. Les forces de l’ordre ont quand même eu recours au gaz lacrymogène et à des tirs de balles en caoutchouc.

Avec Refugees Info Bus, nous étions convaincus qu’il était nécessaire de permettre aux réfugiés de témoigner à travers la photo, car d’habitude ce sont d’autres personnes qui parlent à leur place dans les médias.

Quand ils ont pris connaissance de notre projet, les résidents de la "jungle" se sont montrés enthousiastes. Ils sentaient que leurs voix étaient inaudibles. Ils nous ont tout de suite proposé de prendre des photos, d’écrire des articles dans leur langue [en persan ou en arabe en majorité, NDLR] que nous traduirions en anglais, ou de faire des illustrations de leur vécu.

Quand des photos de presse montrent ces personnes dans des situations traumatisantes, je pense qu’il est plus difficile de s’identifier à eux, surtout quand on n’a pas vécu la même chose. Puisque nos photos montrent le quotidien seulement, cela permet aux gens de se dire qu’ils auraient pu vivre la même chose, s’ils avaient dû quitter leur pays.

Hossein est un réfugié iranien de 20 ans qui a participé au projet de Refugees Info Bus. Il a fui la persécution dont il a été victime dans son pays, après avoir changé de religion.

" Nous voulons montrer que nous ne sommes pas violents, malgré ce qu’on peut voir dans certains médias. "

J’ai participé à ce projet car c’est une opportunité pour montrer au monde ce que nous vivons à Calais. Les photos que nous avons prises sont "vraies "et authentiques. Il n’y a ni retouches, ni Photoshop.

À travers ces photos, nous voulons montrer que nous ne sommes pas violents, malgré ce qu’on peut voir dans certains médias. Plusieurs de mes amis réfugiés font de la poésie, du dessin et du chant. Les Français aiment l’art, peut-être que s’ils savent que nous nous y intéressons, ils changeront les clichés qu’ils ont sur nous.

Je ne peux pas dire que ce projet a fait cesser la stigmatisation que nous vivons. Cela dit, plusieurs Britanniques ont été touchés par nos photos et nous ont fait des dons de toutes natures, tels que des tentes ou des habits.

Ce projet a été exposé en avril à Londres au sein de la Barbican gallery, le plus grand centre des arts du spectacle d’Europe. Il n’y a pour le moment aucune exposition prévue en France, mais Beatrice-Lily Lorigan affirme qu’elle "aimerait bien montrer ce travail au public français".

Article écrit en collaboration avec Imane Moustakir (@imanemoustakir), journaliste à France 24.

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