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Des parlementaires français se rendent de nouveau en Crimée

Cette initiative transgressive a lieu pour la deuxième année consécutive. L’un des députés participant au voyage a dit que le Quai d’Orsay la « désapprouvait totalement ».

Par  (Moscou, envoyé spécial)

Publié le 29 juillet 2016 à 13h58, modifié le 29 juillet 2016 à 16h16

Temps de Lecture 3 min.

Thierry Mariani (à droite), coprésident de l’association Dialogue franco-russe, rencontre Sergueï Axionov (à gauche), premier ministre de Crimée, à Simferopol, en Crimée, le 23 juillet 2015.

C’est presque devenu un rituel, une transgression élevée au rang d’exercice de style. Pour la deuxième année de suite, un groupe de parlementaires français doit se rendre en Crimée vendredi 29 juillet, pour une visite de trois jours dans la péninsule ukrainienne annexée il y a plus de deux ans par la Russie. Ce déplacement a été longtemps incertain, les participants craignant d’y voir se joindre Marine Le Pen, et donc un affichage qu’ils jugeaient malheureux.

Parmi les onze parlementaires – dix députés et un sénateur –, six faisaient partie du voyage organisé à l’été 2015 : Nicolas Dhuicq, Jacques Myard, Sauveur Gandolfi-Scheit, Jérôme Lambert, Patrice Verchère et Thierry Mariani, grand ordonnateur de ces déplacements hautement polémiques. Les cinq nouveaux venus sont : Jean-Claude Bouchet, le sénateur René Danesi, Jean-Luc Reitzer, Michel Terrot et Michel Voisin. Sur les onze, un seul n’est pas membre des Républicains, le député de Charente Jérôme Lambert, ex-socialiste passé chez les radicaux.

« Les sanctions ne fonctionnent pas »

Vendredi matin, ces parlementaires ont fait étape à Moscou pour rencontrer une cinquantaine de représentants de la communauté française, rassemblés dans un café à l’initiative de l’Union des Français de l’étranger. Ils y ont trouvé un public conquis, plus sensible à la question des sanctions économiques prises par l’Union européenne à l’encontre de la Russie pour l’annexion de la Crimée puis pour son rôle dans le conflit dans l’est de l’Ukraine qu’à un éventuel télescopage entre cette initiative et l’action de la diplomatie française.

Tout juste les participants ont-ils expliqué vouloir se rendre compte « par eux-mêmes » de la situation dans la péninsule. « Les sanctions, y compris celles sur la Crimée, ne fonctionnent pas », a plaidé le député Jacques Myard, mais sans se prononcer clairement sur le bien-fondé de ces mesures ou sur la légalité de l’annexion de la Crimée, entérinée le 16 mars 2014 par un référendum expéditif organisé à la suite d’une prise de contrôle armée de la péninsule.

Contrairement à 2015, le ministère des affaires étrangères de la France n’a pas émis de communiqué officiel sur le sujet, mais M. Mariani a dit que le Quai d’Orsay « désapprouvait totalement » l’initiative, et a tenu à souligner, « par honnêteté », que « la politique étrangère de la France est faite par le gouvernement ».

« Les choses évoluent petit à petit », a toutefois dit M. Mariani avec insistance. Il a rappelé les votes successifs, à l’Assemblée et au Sénat, de résolutions non contraignantes appelant à une levée ou à un allégement des sanctions.

Le député des Français de l’étranger, élu dans une circonscription qui comprend notamment la Russie, est, sur à peu près tous les sujets, un ardent défenseur des positions du Kremlin. C’est lui qui a obtenu à l’Assemblée le vote de cette résolution. Lors de son dernier déplacement en Russie, il a plaidé dans la presse russe pour que des sanctions soient imposées à l’Ukraine, accusée de ne pas remplir sa part des accords de paix de Minsk.

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Cas de la minorité tatare

Ce voyage en Crimée est intégralement financé par la Fondation russe pour la paix, une structure très active dans les relations avec l’Europe, héritière de l’ancienne Fondation soviétique pour la paix, liée au KGB et très proche de l’Eglise orthodoxe. Elle est dirigée par le député Leonid Sloutski, un proche de M. Mariani, présent sur la liste des personnes visées par les sanctions européennes.

Le point d’orgue de la visite doit être les festivités du Jour de la marine de guerre russe, à Sébastopol, mais les parlementaires ont souligné qu’ils entendaient également s’intéresser au cas de la minorité tatare, majoritairement opposée à l’annexion, et dont le sort émeut régulièrement les Européens. Ils rencontreront pour cela uniquement les représentants des structures mises en place par le Kremlin pour cette communauté, et pas ceux du Mejliss, l’Assemblée représentative des Tatars de Crimée, dont les travaux sont suspendus au titre de la lutte contre « l’extrémisme » et dont plusieurs membres ont été emprisonnés.

Si les parlementaires français ont pris soin de rencontrer les représentants de la communauté française de la capitale russe, leur démarche est avant tout un message envoyé aux autorités russes, qui tiennent à montrer à leur opinion publique que Moscou est moins isolé qu’il n’y paraît sur la scène diplomatique. Leur voyage fait d’ores et déjà l’objet d’une très large couverture médiatique en Russie.

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Vendredi matin, un expert interrogé par le site RuEconomics soulignait que « la voix de Thierry Mariani est très écoutée en France, et tout ce qu’il dit a une influence sur la politique française ».

Thierry Mariani, lors d’une conférence de presse de l’association Dialogue franco-russe, à Moscou, le 11 septembre 2014.
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