Récit

Japon: l'empereur va parler !

Le souverain doit s'adresser à son peuple le 8 août au moment où son état de santé relance le débat sur la succession au «trône du chrysanthème».
par Arnaud Vaulerin
publié le 29 juillet 2016 à 12h54

Ce qui pourrait passer ailleurs pour une simple allocution est un événement rare au Japon. Selon le groupe public NHK, l'empereur Akihito doit s'adresser aux Japonais, probablement aux alentours du 8 août. Le discours, qui aura lieu au palais impérial à Tokyo, sera retransmis à la télévision. Ce sera la première fois que l'empereur s'adresse en direct à la population et devant des journalistes. En 2011, après le séisme et le tsunami du 11 mars, Akihito avait enregistré un message pour apporter son soutien et sa compassion aux victimes de la catastrophe.

La date retenue indique que l’empereur s’adressera après la fin de la session extraordinaire de l’Assemblée et le remaniement envisagé par le Premier ministre, Shinzo Abe, pour le 3 août. Ce mois est un moment particulier pour les Japonais. Les 6 et 9 août 1945, l’archipel a affronté le feu nucléaire à Hiroshima et Nagasaki. Le 15, l’empereur Hirohito, père de Akihito, annonçait la reddition du Japon prononcée d’une voix aiguë dans une allocution radiophonique.

Ardent pacifiste

Mais au-delà du caractère exceptionnel de l'exercice, l'allocution de Akihito est très attendue. Grande autorité morale, ardent pacifiste qui a multiplié les gestes et les déclarations à destination des peuples opprimés par l'armée nippone entre 1905 et 1945, Akihito est un personnage respecté et populaire. Surtout, ce discours intervient en plein débat sur l'abdication possible de l'empereur annoncée par plusieurs médias mi-juillet. Même si la puissante Agence de la maison impériale a démenti une telle possibilité (mais pouvait-elle agir autrement dans l'immédiat ?), la question de l'avenir du «trône du chrysanthème» est relancée. Akihito, qui a succédé à son père en 1989, fêtera ses 83 ans en décembre. L'année dernière, ce petit homme frêle aux cheveux d'argent, qui a subi plusieurs interventions depuis une dizaine d'années, disait «sentir [son] âge», et regrettait de «commettre des erreurs lors de cérémonies».

Le prince Naruhito, son fils, aujourd’hui âgé de 56 ans, marié et père d’une petite fille, fait figure de successeur désigné. En 2011, il avait déclaré que les autorités japonaises devraient envisager de fixer un âge limite pour exercer la fonction d’empereur.

Limité dans ses prérogatives

Très encadré par le protocole sourcilleux de l'Agence impériale et limité dans ses prérogatives par la Constitution, l'empereur prend garde de ne jamais intervenir dans le débat politique et «n'a pas de pouvoirs de gouvernement», comme le stipule l'article 4 de la Constitution japonaise.

S’il est prévu que l’empereur exprimera ses souhaits, il n’emploiera probablement pas le mot «abdication». Dans la loi de la maison impériale qui, depuis 1947, régit l’administration et le cadre de la succession, rien n’est envisagé quand un empereur abdique. Le dernier cas en date remonte à 1817 avec l’empereur Kokaku, qui mettait un terme à trente-sept ans de règne.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique

Les plus lus