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"Beaucoup de banques européennes sont viables mais n'ont plus d'avenir"

Pour Nicolas Véron, économiste auprès du think tank Bruegel et du Peterson Institute à Washington, la santé des banques européennes, italiennes en tête, n’est pas encore au beau fixe.

Bruna Basini , Mis à jour le
L'entrée du siège de la banque Monte dei Paschi à Sienne.
L'entrée du siège de la banque Monte dei Paschi à Sienne. © Reuters

Comment interprétez-vous les stress tests bancaires publiés vendredi par l'Autorité bancaire européenne (ABE)?
Les précédents, réalisés en 2014, portaient sur plus de cent grandes banques de l'Union ­européenne, contre 51 aujourd'hui. C'est un choix plus pragmatique, vu la lourdeur de l'exercice, et plus politique. La Banque centrale ­européenne (BCE) a stressé en parallèle des dizaines de banques plus petites et plus fragiles dont les résultats ne seront pas dévoilés. Les résultats de de vendredi ne contiennent pas d'éléments de couperet sur les seuils. Ils n'indiquent donc pas le niveau de capital nécessaire pour un établissement. C'est un signal d'inconfort et d'ambiguïté de la part des autorités de surveillance européennes. Nous sommes dans une séquence encore très politique. À la BCE de convaincre les marchés que les banques saines le sont vraiment. 

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Lire aussi : Faut-il s'inquiéter de la situation des banques italiennes?

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Ces résultats risquent-ils de semer la panique sur les marchés lundi?
Je ne le crois pas. Pas plus que je ne pense qu'ils vont frapper les valeurs bancaires déjà déprimées. Il n'y a pas beaucoup de surprises. Le cas de Banca Monte dei Paschi di Siena, plus mauvais élève de ce classement, était largement anticipé. En outre, juste avant la publication des tests, la banque a annoncé un plan de sauvetage qui doit encore être approuvé par les autorités européennes. On a remis un jeton dans la machine. Le moment de vérité viendra après le référendum italien sur la révision constitutionnelle, qui sera crucial pour la carrière de Matteo Renzi. S'agissant de la douzaine d'autres banques révélant une certaine faiblesse, la plus grande surprise est venue de la britannique Royal Bank of Scotland et des deux grandes banques irlandaises, Allied et Bank of Ireland. Toutes ont été nationalisées après la crise de 2008. Cela indique qu'elles ont encore besoin d'être réparées et que leur privatisation n'est pas pour demain. 

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Les banques italiennes lestées de créances douteuses peuvent-elles engendrer un risque systémique?
Le problème est circonscrit. C'est le dernier problème bancaire national de la zone euro. La BCE a déjà fait beaucoup depuis six mois pour pousser les banques à nettoyer leur bilan et à reconstituer leurs fonds propres. Elle se heurte néanmoins à des blocages politico-administratifs. Recréer une zone de confiance va prendre du temps.

À quoi sont liés les problèmes des banques européennes dans leur globalité?
Il reste des questions de solvabilité au Portugal et dans certaines banques publiques allemandes. Et il y a un problème beaucoup plus diffus et général de rentabilité. Il est lié aux taux bas de la BCE, qui compriment les marges du secteur, et au fait que les acteurs bancaires européens ont des coûts très élevés et n'ont pas encore tiré toutes les leçons de la crise en matière de modèle économique et de restructuration. Beaucoup de banques sont viables mais n'ont plus d'avenir. On peut s'attendre à des mouvements de consolidation, mais même pour cela la confiance entre acteurs doit revenir. 

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Comment protéger les épargnants face aux cas de défaillance des banques?
Jusqu'à 100.000 euros de dépôt, les petits déposants sont protégés par l'État. Mais pour les autres produits d'épargne, comme les obligations ou actions, les cas de figure varient d'un État à un autre en fonction de sa législation. C'est une des leçons qu'il faut tirer de l'épisode italien, un scandale où des milliers d'épargnants ont acheté des produits à risques proposés comme sûrs par leurs banques. Nous devons faire évoluer nos habitudes d'épargne vers plus de clarté pour savoir ce qui est garanti par l'État et peut être considéré comme sûr et les placements qui nous exposent. Sur ce point, l'Union bancaire est à revoir car elle ne couvre pas la protection des épargnants. La garantie des dépôts devrait être uniforme et structurée pour tous les déposants de la zone euro. 

Source: JDD papier

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