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Le Point : Cette fois-ci, Daech s'en prend à une église, un prêtre est égorgé. Même s'il y avait déjà eu des prémices avec la tentative de Sid Ahmed Ghlam à Villejuif, nous venons de franchir un cap. Quel sens donner à cela ?
Michel Onfray : Non, nous ne venons pas de franchir un cap : c'est la suite, rien que la suite... Nous n'allons pas, à chaque fois, dire que nous franchissons un cap, quand les terroristes s'attaqueront à un TGV, à un avion, à des vacanciers sur la plage, à des écoliers dans leur établissement, à des malades dans leurs hôpitaux. Il n'y a, hélas, que variations sur le même thème. Ce sont les mêmes qui, au nom d'un même idéal, font les mêmes choses et ont bien prévu...
Et les pédagos 68 (tards), à qui les trente glorieuses ont fait croire à la marche invincible de la croissance et du "progrès", continuent à victimiser les loups et à culpabiliser les agneaux.
Seulement, dans les cours des écoles, les jeunes au contact de la racaille savent ce qui est en train de se passer et connaissent ceux qui les ont désigné comme ennemi, ceux qui les tabassent et les harcèlent à longueur de journée.
La peur est une erreur de diagnostic : nous sommes angoissés ou stressés :
angoissés lorsqu'on ne sait pas quoi faire, stressés lorsqu'on n'a pas d'objet, de but et de leader pour le transformer en stress positif en reformulant notre objectif et les moyens pour y parvenir.
la philosophie, qui est un outil puissant, ne l'est pas dans ce cas.
La peur est le sentiment de tous les héros qui justement la dominent. La France est un vieux pays qui en vu d'autres. Quand les populations pacifiques décident en dernier recours d'utiliser la violence pour défendre leur existence, elles peuvent montrer des talents de férocité qui surpassent celle de leurs pires agresseurs pour la simple raison qu'elles agissent avec une légitimité morale inébranlable.