Syrie : main basse sur les secrets de Daech

Grâce à la reprise partielle de Manbidj, les Américains ont mis la main sur 10 000 documents appartenant à l'EI.

Manbidj (Syrie), le 1er juillet. Les forces kurdes (alliées des Américains) sont en train de prendre le contrôle, quartier par quartier, de cette ville proche de la frontière turque.
Manbidj (Syrie), le 1er juillet. Les forces kurdes (alliées des Américains) sont en train de prendre le contrôle, quartier par quartier, de cette ville proche de la frontière turque. (Reuters/Rodi Said.)

    C'est peut-être une des plus importantes découvertes de la coalition anti-Daech depuis l'été 2014, date de l'apogée du « califat » terroriste en Syrie et en Irak. Alors que le groupe djihadiste ne cesse de perdre du terrain depuis quelques mois, regroupant ses forces autour de ses fiefs de Raqqa et de Mossoul, les services de renseignement occidentaux récupèrent au fur et à mesure des précieuses indications sur ses méthodes, ses réseaux, ses sources de financement dans les territoires reconquis. Mais c'est sur une véritable mine d'or qu'ils sont tombés tout récemment, dans le nord de la Syrie, à Manbidj, alors que les forces kurdes (alliées des Américains) sont en train de prendre le contrôle, quartier par quartier, de cette ville d'environ 150 000 habitants située non loin de la frontière turque.

    Gare de triage pour les combattants étrangers

    Ordinateurs, téléphones portables, clés USB, cartes détaillées, carnets de notes rédigés en arabe sur la vie dans le califat, manuels divers et variés : en tout plus de 10 000 objets différents et 4,5 téraoctets de données (soit plusieurs millions de pages) vont atterrir entre les mains expertes des spécialistes de la CIA et du Pentagone. Le travail d'analyse commencera bientôt, et durera sans doute longtemps, compte tenu du nombre de fichiers à décrypter.

    Les responsables américains ont d'ailleurs promis de communiquer des éléments à leurs alliés quand cela les concernerait directement. Une façon aussi de compléter les enquêtes en cours menées un peu partout dans le monde sur les réseaux terroristes, que ce soit en Afrique, dans le Sud-Est asiatique ou même en Europe. On sait déjà, par exemple, que certains membres du commando du 13 Novembre avaient transité par Manbidj.

    En attendant les premiers retours des documents analysés, les militaires américains ont eu la confirmation que Manbidj était bien un « hub » terroriste de premier plan, une sorte de gare de triage pour les milliers de combattants étrangers qui arrivaient de Turquie. Ces candidats au djihad étaient ensuite répertoriés dans un des centres d'enregistrement que comptait cette localité. Certains recevaient une formation théorique et militaire de base avant d'être orienté, en Irak ou en Syrie, en fonction des besoins.