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Arabie saoudite

Arabie saoudite: des salariés étrangers du bâtiment pas payés depuis des mois

En Arabie saoudite et dans d'autres pays du Golfe, la chute des cours du pétrole a entraîné celle du secteur du bâtiment. De grands groupes de construction voient leur activité se réduire, et des dizaines de milliers de leurs employés étrangers se retrouvent ainsi en difficulté, avec plusieurs mois de salaires impayés. C'est notamment le cas de Français, ou encore d'Indiens.

Des travailleurs étrangers photographiés dans la rue à Riyad en 2013.
Des travailleurs étrangers photographiés dans la rue à Riyad en 2013. AFP PHOTO/FAYEZ NURELDINE
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Dans les pays du Golfe, la crise pétrolière a des conséquences dramatiques pour les travailleurs étrangers. Faute d'argent, ils sont licenciés après des mois sans salaires. Beaucoup souffrent de la faim.

Parmi les entreprises en difficulté dans le royaume d'Arabie saoudite par exemple, il y a notamment le groupe libanais Saudi Oger, un géant de la construction qui comptait 38 000 salariés au début de l'année 2016. Et parmi ces salariés, on dénombrait 200 Français.

« On est début août, et il n'y a toujours rien de réglé »

RFI a joint par téléphone sur place l'un de ces Français. Il souhaite conserver l'anonymat, mais explique que cela fait neuf mois qu'il n'a touché aucun salaire, et qu'après huit ans passés en Arabie saoudite, il se retrouve désormais sans emploi, car son contrat avec le groupe Saudi Oger a pris fin au 1er juillet dernier.

« Pour les familles, ici, c'est terrible, c'est invivable, dit-il. Vous n'avez pas d'argent ; il faut mettre de l'essence, il faut aller faire les courses, il faut pouvoir manger. Ce qu'on ressent, c'est vraiment un abandon de la part de la haute direction, parce qu'on a eu des belles promesses, mais ces promesses-là n'ont jamais été tenues malheureusement. »

Fin juin, le cas des salariés français de Saudi Oger a été évoqué à Paris lors de la venue du vice-prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salman. Une solution semblait sur le point d'être trouvée, mais depuis, rien n'a changé selon notre interlocuteur.

« On ne voit toujours rien venir, s'inquiète ce dernier. On avait fondé beaucoup d'espoir sur cette visite, et puis on s'est dit : ça y est, c'est la fin du cauchemar, peut-être pas tout mais une grande partie des choses vont être réglées. Maintenant, on est début août, et il n'y a toujours rien de réglé. »

10 000 ressortissants indiens en très grande difficulté

L'ambassade et le consulat de France en Arabie saoudite se disent « pleinement mobilisés » sur le cas des salariés français de Saudi Oger. Mais ces derniers ne sont pas seuls. Par exemple, l'Inde est particulièrement concernée avec 10 000 de ses ressortissants qui seraient au bord de la famine au Koweït et en Arabie saoudite.

Les autorités indiennes ont d'ailleurs décidé d'agir aussi, en donnant par exemple des colis d'aide alimentaire. Ce mardi, un secrétaire d'Etat doit se rendre à Riyad, notamment pour négocier des visas de sortie. Une question épineuse, explique James Lynch, directeur adjoint d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord :

« Pour avoir un permis de sortie du territoire saoudien, explique-t-il, vous devez avoir une autorisation de votre employeur, et votre passeport doit vous être restitué. Si vous ne pouvez pas avoir votre passeport, vous devez en demander un nouveau. Tout cela nécessite l’action de plusieurs services administratifs. »

Et d'ajouter : « Le système de permis de sortie du territoire est une violation du droit à la liberté de circulation. C’est inacceptable que des entreprises puissent empêcher des travailleurs de quitter l’Arabie saoudite. Donc, c’est une bonne chose que le gouvernement indien agisse pour tenter de résoudre la situation. »

Mais soyons clairs : cette situation n’est pas nouvelle, il y a toujours eu des cas de travailleurs bloqués dans les pays du golfe. La question des travailleurs indiens dans le Golfe est devenue un enjeu politique très important en Inde. Le gouvernement indien est sous pression, il est critiqué pour son incapacité à protéger ces travailleurs et défendre leurs intérêts. Nous voyons peut-être aujourd’hui le début d’une approche plus responsable. C’est une bonne chose mais cela doit se mettre en place de manière permanente. Il faut qu’il y ait un dialogue régulier entre l’Inde et les pays où des travailleurs indiens sont installés

01:05

James Lynch, directeur adjoint d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord

RFI

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