Prélèvement de l'impôt sur le revenu à la source : les trous de mémoire de la droite

ILLUSTRATION. Le prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu, qui revient régulièrement depuis des années dans le débat politique, est aussi régulièrement l'occasion de changements de postures.
ILLUSTRATION. Le prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu, qui revient régulièrement depuis des années dans le débat politique, est aussi régulièrement l'occasion de changements de postures. AFP / Philippe Huguen

    Longtemps favorable au prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu, la droite se découvre aujourd'hui farouchement hostile à ce dispositif. Cette mesure phare du quinquennat, présentée aujourd'hui en Conseil des ministres et dont l'entrée en vigueur est programmée pour 2018, ne trouve plus aucun avantage aux yeux de l'opposition.

    Gilles Carrez, le président LR de la commission des Finances de l'Assemblée, a d'ores et déjà prévenu : en cas de victoire en 2017, la droite reviendrait sur cette réforme. « Cette mesure n'a aucun intérêt technique. Alors que la France est en overdose fiscale, c'est une manière cynique de rendre l'impôt sur le revenu moins douloureux. On retire un garde-fou utile : les contribuables ne pourront plus se rendre compte de ce qu'ils donnent précisément à l'Etat. » Le député s'inquiète également des arrière-pensées du gouvernement qui, selon lui, caresserait, « l'idée de fusionner l'impôt sur le revenu et la CSG ». Conséquence : cet impôt deviendrait progressif et serait de ce fait acquitté par un moins grand nombre de contribuables. Sauf que le gouvernement n'a pas évoqué — pour l'heure tout du moins — cette hypothèse.

    Eric Woerth, le secrétaire général des Républicains, a lui aussi sorti l'artillerie lourde. Quitte à faire preuve d'une mémoire bien sélective : « C'est une erreur », taclait-il lundi, dénonçant la future collecte de l'impôt confiée aux employeurs. « Les entreprises doivent entreprendre, pas du tout se mettre à être un agent du fisc. » Problème, en juin 2015, le même Woerth affirmait qu'il était « plutôt favorable » au prélèvement à la source...

    Cliquez sur l'infographie ci-dessous pour découvrir les trois principaux cas possibles.

    Promis pour 2009 puis enterré par Sarkozy


    Car, historiquement, la droite a très souvent poussé en faveur de cette réforme fiscale. Fin 2006, le gouvernement Villepin avait même promis l'entrée en vigueur du prélèvement à la source pour 2009. Las ! C'était compter sans la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007. « Il a enterré cette réforme uniquement parce que Thierry Breton (NDLR : ex-ministre de l'Economie) et moi-même en étions les instigateurs », s'amuse encore l'ex-secrétaire d'Etat au Budget de Villepin, Jean-François Copé.

    QUESTION DU JOUR. Prélèvement à la source : pensez-vous que cela va vous simplifier la vie?  

    Avant cette dernière tentative, le prélèvement à la source avait bel et bien été appliqué en France entre 1939 et 1948. Depuis, plusieurs gouvernements de droite — Chirac en 1967, VGE en 1973 — ont tenté de le réactiver. De quoi faire rire sous cape les syndicats de Bercy : « Tout le monde a le droit de changer d'avis, mais c'est un peu agaçant de voir les revirements actuels », ironise François-Xavier Ferrucci, le secrétaire général de Solidaires-Finances publiques. Cette réforme, hautement technique, n'en demeure pas moins très... politique.