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Devant la presse, un François Hollande mi-candidat mi-président pour l’histoire

Devant l’association de la presse présidentielle, mardi, le chef de l’Etat a esquivé les questions sur sa future candidature et minimisé son impopularité. Avec en tête la marque qu’il laissera.

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Publié le 03 août 2016 à 00h00, modifié le 03 août 2016 à 14h55

Temps de Lecture 3 min.

François Hollande à Saint-Etienne-du-Rouvray, le 26 juillet 2016.

La fin de quinquennat se mesure à la place grandissante que François Hollande accorde dans ses discours au jugement historique que les exégètes porteront sur ses cinq années passées à la tête du pays. Une obsession de la trace qu’il laissera, et sur laquelle il n’a que peu de prise. Car le chef de l’Etat aura beau avoir placé les questions économiques au premier plan, il sait désormais que la vague de terrorisme sans précédent qui a frappé le pays restera comme le principal marqueur de ce quinquennat. « L’inimaginable est désormais prévisible, nous savons qu’il peut se produire », a-t-il expliqué, mardi 2 août, lors de la réception annuelle de l’association de la presse présidentielle.

Devant les journalistes chargés de le suivre à longueur d’année, le chef de l’Etat a incité à la prise de distance : « L’instant nous dévore, il faut être capable de distinguer à travers le tumulte de l’information, dans un événement, ce qu’il y a d’ordinaire et ce qui va être historique, en ayant des conséquences dans le temps. » L’occasion de glisser une pique à cette presse qu’il affectionne tant et qui le lui rend rarement :

« Les gens ne veulent pas lire les commentaires de la presse sur elle-même, ils veulent avoir les faits. Je ne vais cependant pas vous dicter ce que vous devriez faire, même si vous à l’inverse, vous le faites tous les jours. »

« La tentation autoritaire existe »

Si François Hollande n’a pas dit ce que les journaux devraient écrire, il a quand même donné des indications sur l’histoire qu’il leur raconterait pendant la campagne. Celle d’un président sortant, qui bataille pour la défense d’une démocratie assaillie de tous les côtés. « L’enjeu c’est la démocratie, je suis d’une génération qui ne pensait pas qu’elle pourrait être mise en cause », confie-t-il, l’air préoccupé. Et en premier lieu par la menace djihadiste.

« C’est la démocratie qui est visée par les terroristes, ils espèrent que nous allons nous affronter autrement que par le suffrage universel. » Pour François Hollande, la démocratie est également attaquée de l’intérieur par ceux qui seraient prêts à en abandonner des pans entiers pour davantage de sécurité. « La tentation autoritaire existe et peut s’emparer d’une opinion publique troublée », affirme-t-il, prenant pour exemple la percée de Donald Trump dans la campagne américaine, qui selon lui, sert d’indicateur sur les thèmes de campagne en France en 2017.

La trame se dessine lentement. Face à cette menace, François Hollande serait celui qui aura tenu bon dans la tempête, qui aura préféré « l’état d’urgence » à « l’état d’exception », concilié « l’Etat de droit » et la « raison d’Etat », qui aura su enfin trouver le juste milieu entre l’angélisme – « Qui pourra nous traiter de laxistes avec trois lois antiterroristes votées ? » – et l’autoritarisme – « La limite, c’est le préambule de la constitution ». Et de brandir pour brevet la capacité de résilience de la France, qui a tenu bon après l’assassinat de Saint-Etienne-du-Rouvray :

« Ce crime barbare a suscité un élan de fraternité (...) il a provoqué dans tout le pays une mobilisation pour éviter les divisions, nous avons vu un dépassement, une élévation pour appeler les Français à la cohésion. »

Gommer la contestation

Le scénario élaboré gomme patiemment la contestation sans précédent dont il fait l’objet dans l’opinion, tant sur les questions sociales, économiques que sécuritaires. « C’est sur la France et la démocratie que l’élection va se jouer », répète-t-il, comme pour se convaincre lui-même. Et de prévenir ceux qui seraient tentés, comme aux Etats-Unis, par un vote populiste :

« Chaque présidentielle est historique, mais là il y a en plus un contexte particulièrement lourd et décisif. La prochaine élection va engager le pays pour longtemps. »

S’il a écarté toutes les questions sur sa future candidature, François Hollande s’est livré à une critique en règle de ses potentiels adversaires : Nicolas Sarkozy, qui est allé « trop vite et trop loin » dans ses critiques de l’exécutif après l’attaque de Nice, et Alain Juppé, dont les réactions après les attentats ont varié. « Quand vous êtes sur le ni-ni, c’est que vous n’êtes pas toujours très au clair », a-t-il lâché.

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