En allant à la rencontre d'Amir et Ahmed, 15 et 16 ans, qui ont réussi à fuir les camps de l'Etat Islamique, la journaliste Katrin Kuntz dans son reportage pour le site allemand Spiegel online, découvre deux enfants à peine sortis de l'enfance qui ont déjà vécu le pire. Ils sont de plus en plus nombreux, la plupart appartenant à des minorités (comme les Yézidis en Irak, des Assyriens chrétiens…), à avoir été enlevés pour servir de "chair à canon" aux combattants de Daech.


De très jeunes enfants kidnappés



Directement amenés dans des camps militaires, la formation des jeunes garçons est souvent "express" mais suit à peu près les même étapes. L'EI procède en premier à un tri entre les "faibles et trop jeunes", et, ceux qui sont assez "costauds" pour endurer une formation intensive afin de devenir un "lionceau du califat" écrit Katrin Kuntz.

Les premiers vont à l'école coranique. Comme ce fut le cas pour Wahad, jeune rescapé qui a été "enfermé avec 34 autres garçons dans une pièce nue qui est devenue leur prison pendant les 20 mois." Ils y étudient le Coran 7 heures par jour et sont coupés du monde.

Les seconds, comme Amir et Ahmed, partent pour un camp d'entraînement ou la première étape consiste à leur demander de se convertir :

Nous vous tuerons, à moins que vous vous convertissiez

les a-t-on menacés.



Vidéo du jour


Une formation de soldat-enfant



Ils sont d'abord drogués pour leur donner un sentiment de toute puissance:

"Quand nous avons avalé les pilules, tout a changé," dit Amir.

Une fois leur crainte artificiellement dissipée par la drogue, ils sont initiés toute la journée au maniement des armes.

Très vite, ils sont en mesure de répondre aux exigences de leurs tortionnaires : "Comment démontez-vous une Kalachnikov ? Comment improvisez-vous une bombe ? Comment faites-vous exploser un gilet explosif ?" relate la journaliste.

Parallèlement, les combattants de l'Etat Islamique leur projettent des images de violence extrême, ou pire,  les font assister à leurs crimes :

"Ils sont témoins de décapitations, pour apprendre à les reproduire", explique la journaliste.

Sans oublier des conditions de vie extrêmement précaires où les enfants sont régulièrement battus et torturés par leurs geôliers. En particulier, explique le magazine Match, "les enfants issus des minorités dont "des Yézidis" ou des Arabes syriens. Parce que leurs parents ont résisté ou qu’ils ne sont pas jugés exemplaires, les enfants doivent payer. Ils sont encore plus maltraités, battus sans arrêt."


Les "lionceaux du califat"


Des enfants que l'on estime à 1500 "prêts à servir" les groupes terroristes et qui constituent une véritable "bombe à retardement" à peu de frais… Certains sont nés sur place avec 31,000 femmes prisonnières actuellement enceintes.


L'ONU dénonce ces enlèvements "criminels"



Dans un rapport du Comité des droits de l'enfant des Nations unies (CRC), l'ONU a dénoncé l'enlèvement et le recrutement par des "groupes armés", en particulier par l'Etat islamique (EI), "d'un grand nombre d'enfants" pour en faire des combattants, mais aussi des kamikazes et des boucliers humains, ainsi que les sévices sexuels et les tortures qui leur sont infligés.