La maire de Lille, Martine Aubry, a annoncé, vendredi 5 août, l’annulation de la braderie de Lille cette année, pour des raisons de sécurité. Evénement le plus populaire de la ville, il attire habituellement plus de deux millions de visiteurs lors du premier week-end de septembre. « Nous avons vraiment tout fait pour [maintenir la braderie], mais il y a des risques que nous n’arrivons pas à réduire. C’est une décision douloureuse », a expliqué l’élue socialiste, très émue.
Martine Aubry a évoqué un « problème de responsabilité morale » en cas de maintien de la manifestation, dont c’est la première annulation depuis la deuxième guerre mondiale. Les autorités ont également justifié leur décision en s’appuyant sur les réservations d’hôtels et des transports « en baisse », preuve qu’il « y avait déjà une angoisse et une peur ».
« Des CRS à chaque coin de rue »
Avant même l’attentat de Nice du 14 juillet, qui a fait 85 morts, le dispositif de sécurité de la braderie de Lille avait été revu à la hausse : le périmètre des exposants devait être réduit, la présence policière fortement augmentée et les bonbonnes de gaz interdites. Mais en raison des « camionnettes qui entrent en permanence sur les lieux », du « fort volume de marchandises » et de la « présence massive d’un certain nombre de personnes dans un périmètre restreint », l’annulation « était la seule décision raisonnable », a finalement estimé la municipalité, en accord avec les services de l’Etat.
« Faire la braderie avec des tireurs d’élite sur tous les toits, des CRS à chaque coin de rue, des hélicoptères et des drones qui tournent partout, pour moi, ce n’est pas l’esprit de la braderie », a précisé Mme Aubry. « La décision de suspendre [la braderie] est prise en raison de son modèle hyper urbain avec ses rues pleines de monde », a ajouté le préfet du Nord, Michel Lalande. La traditionnelle fête foraine, située sur l’esplanade du champ de Mars « et donc circonscrite », tout comme le semi-marathon et les 10 km prévus le samedi matin, sont en revanche pour le moment maintenus.
Une décision « incompréhensible »
Le président de l’Union des métiers et industries de l’hôtellerie des Hauts-de-France, Thierry Grégoire, a critiqué l’annulation de cette manifestation, jugeant cette décision « brutale » et « incompréhensible ». « Elle a été prise sans concertation des forces économiques, a-t-il dénoncé. C’est un coup très dur, en termes économiques et en termes d’image renvoyée ».
Lors de cet immense vide-grenier, organisé sur 100 km d’étals et accueillant 10 000 exposants, les hôtels affichent d’ordinaire complet durant trois nuits et « certains cafés et restaurants assurent entre 10 et 30 % de leur chiffre annuel », a encore souligné M. Grégoire.
Cette annulation intervient alors que toute une série de festivités, tels que le feu d’artifice de La Baule du 15 août ou le meeting aérien de la Patrouille de France à Marseille le 13 août, ont également été annulées pour raisons de sécurité.
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