Les électeurs sud-africains ont infligé une défaite cuisante au parti dominant du pays, l’ANC (Congrès national africain). C’est même “du jamais-vu depuis 20 ans”, à en croire un article publié par The Conversation repris par le Rand Daily Mail, qui titre : “Comment les électeurs sud-africains ont humilié l’ANC.

Deux jours après les élections municipales du 3 août et après le comptage de 95 % des voix, le parti qui domine la vie politique du pays depuis la fin de l’apartheid a perdu le contrôle de la municipalité symbolique de Nelson Mandela Bay, et risque de perdre dans d’autres grandes villes.

Selon les résultats presque complets, l’ANC arrive en tête au niveau national avec 54 % des voix. Mais, comme l’explique le site sud-africain, “les principaux partis d’opposition, l’Alliance démocratique (DA) et les Combattants pour la liberté économique (EFF) ont fait des incursions majeures dans les bastions traditionnels de l’ANC.

Importance psychologique

Depuis la fondation de l’Afrique du Sud démocratique en 1994, l’ANC n’est jamais tombé en dessous de la barre des 62 %, explique le Rand Daily Mail, qui estime : “La chute en dessous des 60 % a une importance psychologique”.

Pendant plus de 20 ans, la base électorale de l’ANC ne semblait pas vouloir sanctionner le gouvernement pour son piètre bilan. Le chômage et les inégalités ont augmenté, alors que l’économie a ralenti pour atteindre une croissance quasi nulle ces dernières années.”

Le site ne s’arrête pas là, et dresse un bilan catastrophique des élites à la tête de l’Etat, à commencer par le président Jacob Zuma, impliqué dans plusieurs scandales. Résultat : “Les classes moyennes et la population active rencontrent la démocratie avec un sentiment de cynisme de plus en plus fort”, et perdent confiance à la fois dans le président et dans les institutions de la démocratie représentative comme le Parlement.

Pour le futur, tout dépend de la réaction de l’ANC, écrit le Rand Daily Mail, et surtout du destin de Jacob Zuma pour qui cette défaite doit être un signe alarmant en vue des élections législatives de 2019. L’opposition, avec des scores respectifs de 26 % et 8 % pour le DA et l’EFF, ne peut plus être ignorée.


Espoir et incertitude sont à égalité dans le pays. La nouvelle ère de politique compétitive entre plusieurs partis et des coalitions peut-elle offrir un meilleur gouvernement et de meilleures perspectives aux citoyens d’Afrique du Sud, et particulièrement aux plus pauvres ? Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère, mais la question de savoir si elle offre un futur plus heureux à la troisième économie de l’Afrique reste posée.”