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Le roi des énergies vertes vendait du vent

Les éoliennes et le solaire étaient les activités de FSB Holding.
Les éoliennes et le solaire étaient les activités de FSB Holding. © Getty Images
François Labrouillère , Mis à jour le

La déroute du groupe d’énergies renouvelables FSB Holding laisse sur la paille des milliers d’épargnants pour plus de 50 millions d’euros.

Depuis le début de l’année, des centaines de dossiers de faillite s’empilent au tribunal de commerce de Paris. Ils visent la myriade de filiales de la société FSB Holding, elle aussi mise en liquidation le 10 juillet dernier. Parallèlement, une information judiciaire pour des soupçons d’escroquerie est ouverte depuis peu au palais de justice.

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Stéphane Jacob, le fondateur de FSB Holding
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Bourgeoisement installée dans le quartier des Champs-Elysées, la Financière de Saint-Barth – en abrégé FSB Holding – s’affiche, avant sa déconfiture, comme un opérateur éminent sur le marché en plein boom de l’environnement. Des éoliennes aux centrales ­solaires en passant par le traitement des déchets, les logements écologiques ou même les voitures électriques, la société surfe sur la vague écolo du Grenelle de l’environnement. Les ambitions de ­Stéphane Jacob, son « fondateur-directeur général », semblent sans limite. Pour appâter les investisseurs, FSB Holding, via sa filiale France Energies Finance (FEF), concocte des montages financiers aux rendements alléchants. Il y a d’abord du ­Girardin industriel, un dispositif de défiscalisation lancé par l’Etat pour soutenir l’activité dans les départements d’outre-mer. En contrepartie d’une ristourne sur leurs impôts, les clients de FSB, sont censés financer l’installation d’éoliennes et de ­centrales photovoltaïques aux Antilles et en Guyane. Leur bénéfice prévu est d’environ 15 à 20 % du montant des sommes versées. Par l’intermédiaire du cabinet de courtage Legendre Patrimoine, bizarrement tenu par des proches de l’Eglise de scientologie, le groupe propose aussi un placement miracle : le produit France Energies 7 %. Cette fois, l’argent des ­épargnants doit être investi outre-mer dans des centrales ­solaires avec un rendement garanti de 7 % par an. Sur ses ­prospectus, FSB étale deux arguments imparables : « les meilleurs ensoleillements de France » pour ses centrales et la « ­sécurité » du rachat par EDF de l’électricité produite.

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Pourtant, en avril 2015, c’est la débâcle. FSB, les caisses vides, arrête le versement des 7 % annuels promis. Et deux mois plus tard, l’AMF (Autorité des marchés financiers) alerte le public sur ces placements sulfureux et transmet le dossier au parquet.

Le mirobolant financier Jacques Sordes, alias Jack Michael Sword, du temps où il posait fièrement au côté du désormais candidat à la Maison-Blanche.
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Les investigations menées par l’administrateur judiciaire Gilles Baronnie vont faire éclater le scandale. Elles révélent qu’une bonne part des fonds collectés auprès des investisseurs n’ont pas servi à la construction de centrales photovoltaïques ou d’éoliennes. Ils ont été détournés au profit de structures de la maison mère FSB. Dévoilé en janvier par « Le Parisien », son rapport pointe aussi une comptabilité opaque, avec l’existence d’un compte au Luxembourg et des mouvements de fonds ­suspects vers une firme canadienne. Par ailleurs, des ­capitaux ont été investis dans la société Mia Generation, pour la reprise du fabricant de voitures électriques Mia Electric, au côté de son ancienne patronne Michèle Boos, aujourd’hui ­inquiétée par la justice.

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« Nous sommes en présence d’une escroquerie pyramidale de type Ponzi, la même que celle de Madoff, où les sommes versées par les épargnants servent à régler les intérêts des entrants précédents », ­s’exclame l’avocate Hélène Feron-Poloni, qui défend 130 plaignants. D’autres investisseurs floués ont constitué l’association ADIEF7, forte de 295 adhérents, avec le site Internet www.adief7.com. « L’arnaque devrait dépasser les 50 millions d’euros, avec sans doute plus de 2 000 épargnants spoliés », estime Philippe Barbet, le président de l’association de défense.

Quant à Stéphane Jacob, l’ex-patron de FSB, il a fait appel de la liquidation et son avocat, Olivier Pardo, estime que des solutions existent pour dédommager les investisseurs. Ce Belge de 50 ans né en Corée n’en est pas à son coup d’essai. Il est déjà poursuivi pour « complicité d’escroquerie » dans une autre ­arnaque aux panneaux solaires montée en ­Martinique par le mirobolant financier « Jack Michael Sword ». Mi-gourou, mi-homme d’affaires, ce personnage fantasque, qui volait en jet privé et s’est affiché un temps avec Donald Trump, est né à ­Courbevoie et s’appelle en réalité Jacques Sordes. Les deux hommes sont convoqués prochainement ­devant le tribunal ­correctionnel de Paris.

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