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Une nouvelle raison de renoncer à la douche intime

Les professionnels de santé déconseillent les douches vaginales qui détruisent l'équilibre bactérien de la muqueuse et favorisent les infections. 108931396/plprod - Fotolia

Les femmes qui se lavent régulièrement le vagin ont un risque accru de cancer de l'ovaire, conclut une étude américaine.

Imaginer qu'un geste d'hygiène puisse conduire à des problèmes graves de santé ne va pas de soi. Pourtant, dans le cas de la douche vaginale, les professionnels de santé sont unanimes: c'est une habitude à proscrire.

Cette pratique, qui consiste à nettoyer le vagin avec de l'eau pure ou additionnée de produits lavants ou antiseptiques, est largement répandue dans certains pays: aux États-Unis, elle serait pratiquée par au moins un quart des femmes. En Égypte ou au Cambodge, ce taux atteint 75%! Difficile en France d'obtenir des données aussi précises faute d'enquêtes fiables.

En revanche, plusieurs études ont démontré les méfaits des douches intimes. La dernière en date, parue dans la revue Epidemiology, montre un risque accru de cancer de l'ovaire chez les femmes qui s'y adonnent. Les chercheurs du NIH américain ont suivi 40.000 femmes âgées de 35 à 74 ans pendant 6 ans. Sur cette période, 154 femmes ont déclaré un cancer de l'ovaire. Les adeptes de la douche intime avaient deux fois plus de risque que les autres d'être diagnostiquées de cette forme de tumeur, qui reste d'assez mauvais pronostic malgré des avancées thérapeutiques récentes.

Comme toujours dans ce genre d'étude, l'association observée ne permet pas de conclure avec certitude que l'un (la douche) cause l'autre (le cancer), ni de savoir quels mécanismes sont à l'œuvre. Et le risque absolu observé pendant l'étude est relativement faible (0,4%). Mais pourquoi prendre le risque, alors qu'«il n'y a aucune raison valable de se laver le vagin, contre beaucoup d'effets délétères prouvés», interroge l'une des auteurs de l'étude, Clarice Weinberg.

«Le mieux est l'ennemi du bien»

Dans certains pays, la douche vaginale est pratiquée par souci d'hygiène (pour éliminer des odeurs jugées gênantes ou après un rapport sexuel par exemple), et dans d'autres, pour des motifs religieux. Or le vagin n'a pas besoin d'être lavé, il s'auto-nettoie grâce à ses sécrétions. Y introduire de l'eau ou des produits lavants bouleverse au contraire l'équilibre bactérien de ce milieu fragile, au pH naturellement acide, qui sert de bouclier contre les infections. En détruisant les bonnes bactéries, la femme court un risque accru de mycoses (infection par un champignon) et de vaginoses (infection par une «mauvaise» bactérie). L'utilisation intime de savons et gels pourrait aussi introduire dans le système reproducteur des phtalates, susceptibles de dérégler l'activité hormonale assurant la fertilité.

Pour la toilette de la partie externe du sexe féminin (vulve), «le mieux est l'ennemi du bien», insistent les gynécologues. Dans son Petit manuel de soins intimes pour les femmes (éditions Josette Lyon), le Dr Marie-Claude Benattar explique qu'il n'est pas nécessaire de se savonner directement le sexe et qu'il suffit de laisser ruisseler l'eau savonneuse de la douche pour atteindre une hygiène satisfaisante. «Celles qui utilisent une lingette antiseptique ou se lavent après être passées aux toilettes, celles qui se savonnent deux ou trois fois dans la journée, ou encore avant et après les rapports, vont au-delà de l'hygiène. Elles détergent leur sexe et souffrent chroniquement de brûlures, de démangeaisons, de gerçures», met-elle en garde.

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