La ministre du travail, Myriam El Khomri, a validé le licenciement d’un délégué CGT d’Air France accusé d’avoir participé à l’épisode de la « chemise arrachée », a annoncé lundi 8 août son ministère dans un communiqué :
« A l’issue d’une analyse longue et minutieuse des faits survenus le 5 octobre 2015 en marge du comité central d’entreprise du groupe Air France, et sur la base des éléments portés au dossier, il ressort que la faute reprochée est d’une gravité suffisante pour justifier le licenciement du salarié protégé. »
Le représentant du personnel était sous le coup d’une procédure de licenciement pour faute lourde, accusé d’avoir « poussé et bousculé un autre salarié » en direction de Xavier Broseta, alors DRH d’Air France, et de deux vigiles. Le directeur des ressources humaines avait eu sa chemise arrachée lors d’une manifestation d’employés de la compagnie qui protestaient contre l’annonce d’une restructuration menaçant près de trois mille emplois. Des images des événements avaient alors fait le tour du monde.
Réagissant à la décision de la ministre, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a dénoncé une « attitude revancharde » du gouvernement. C’est « une décision éminemment politique », qui « désavoue la décision de l’inspection du travail », a déclaré M. Martinez, pour qui « il est proprement scandaleux que la ministre casse cette décision ».
Procès en septembre
Quatre employés d’Air France ont été licenciés dans le cadre de cette affaire. L’inspection du travail avait refusé d’autoriser le licenciement du cinquième, le délégué du personnel, arguant que les « faits invoqués pris dans leur ensemble ne permettent pas d’établir l’existence d’une faute lourde commise par le salarié, caractérisant son intention de nuire vis-à-vis de l’entreprise ». Air France avait alors formulé un recours auprès de la ministre du travail, conformément à ce que prévoit le code du travail. La Direction générale du travail (DGT) avait décidé de « procéder à un complément d’instruction », selon le ministère du travail.
Pour le gouvernement, « cette décision [de valider son licenciement] est cohérente avec celle qui concerne les quatre autres salariés impliqués dans le même dossier, qui ne bénéficient d’aucun mandat syndical et dont le cas n’est donc pas soumis à l’autorisation de l’inspection du travail ». « Le salarié concerné conserve bien entendu la possibilité de former un recours de la décision de la Direction générale du travail devant le tribunal administratif », conclut le communiqué.
Les cinq hommes doivent être jugés les 27 et 28 septembre au tribunal correctionnel de Bobigny pour violences.
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