Il avait fallu près de trois ans pour organiser les attentats du 11 septembre 2001, observe le journal belge De Morgen, et une longue préparation pour ceux de Londres et Madrid, puis de Paris et Bruxelles, qui sont le fait de “réseaux profonds et étendus”.


Mais ces derniers mois, au contraire, on a surtout affaire à des terroristes qui agissent seuls et ne sont pas armés jusqu’aux dents. Si dramatiques que soient ces agressions, elles font – à l’exception de Nice – peu de victimes.”

C’est le cas de l’agression survenue ce 6 août à Charleroi, où un homme a blessé deux policières à l’aide d’une machette avant d’être abattu. “La tension est tellement élevée que même [une attaque faisant] un nombre limité de blessés a un fort impact”, observe Elke Devroe, professeur à l’Institute of Security and Global Affairs de l’université de Leyde, aux Pays-Bas, interrogée par le journal belge. “Dans une certaine mesure, l’Etat islamique ne regarde pas le nombre de victimes, mais l’impact”, abonde l’expert du djihadisme Montasser Alde’emeh.

Le 7 août, au lendemain des faits, le Premier ministre a annoncé l’ouverture d’une enquête pour “tentative d’assassinat terroriste”. Quelques heures plus tard, le groupe Etat islamique a revendiqué l’attentat sur Twitter. L’assaillant serait un Algérien de 33 ans qui séjournait de façon irrégulière en Belgique et avait par deux fois reçu l’ordre de quitter le territoire. Il était connu de la police pour des faits de droit commun mais pas pour terrorisme. Un profil qui correspond, selon Elke Devroe, à celui des “petits criminels, assez jeunes”, dépourvus de but et qui accrochent aux “grandes causes” que leur fournit l’EI.

Des opérations de plus en plus petites

L’article du Morgen, titré “Terroriste à l’improviste”, illustre la tendance à des attaques à l’ampleur de plus en plus modeste par une infographie : du détournement de quatre avions le 11 septembre 2001 aux agressions de Saint-Etienne du Rouvray (le 26 juillet) et de Charleroi, au couteau, chaque événement est séparé par une flèche noire indiquant que les moyens d’action se réduisent.

Pour expliquer cette tendance, le journal flamand souligne deux facteurs : d’une part, le recul de l’EI sur le terrain, en Irak et en Syrie, qui le conduit à multiplier ses appels à frapper en Europe. D’autre part, le renforcement des mesures de surveillance, qui pousse les terroristes à se reporter sur des opérations plus petites, plus faciles à organiser.

Pour autant, aucun des trois experts interrogés ne s’avancerait à estimer que le terrorisme “amateur” a supplanté les attentats de plus grande ampleur. Montasser Alde’emeh se dit même convaincu que “le prochain attentat est en préparation”.