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LIBAN - TUNISIE

Liban : Le théâtre pour venir à bout des préjugés sur les réfugiés Syriens

Photo postée sur la page Facebook du projet "Caravane".
Photo postée sur la page Facebook du projet "Caravane".
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Le théâtre itinérant comme antidote aux discriminations dont les réfugiés syriens sont victimes au Liban : c’est l’objectif du projet "Caravane" lancé il y a quelques mois par une ONG libanaise. Depuis le début de l’aventure en janvier, ce théâtre de rue a fait son chemin et commence aujourd’hui à s’exporter, notamment en Tunisie. Sabine Choucair est l’initiatrice de ce projet.

Depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, des millions de Syriens ont fui leur pays vers le Liban voisin. Un afflux qui a provoqué des tensions : plusieurs associations ont dénoncé des comportements racistes de certains Libanais envers ces réfugiés. Les autorités libanaises ne leurs délivrent plus de permis de travail et nombre d’entre eux vivent dans des conditions très difficiles, entassés dans des camps de fortune.

Des milliers de réfugiés syriens sont aujourd’hui entassés dans des camps dans la vallée du Bekaa. Dans cette région, les Syriens sont souvent accusés de faire concurrence aux Libanais sur le marché du travail.

C’est dans cette région, en janvier 2015, qu’est né le projet "Caravane". Des comédiens syriens sillonnent le pays à bord d’une fourgonnette pour raconter des histoires de réfugiés, des gens ordinaires qui ont vu leurs vies brisées à cause de la guerre qui déchire leur pays depuis 5 ans. Ces histoires sont glanées dans les camps de réfugiés syriens au Liban.

Le décor est rudimentaire. Une table en bois, quelques perruques, une tente fabriquée avec des bouts de chiffon. Mais les histoires sont poignantes. Comme celle de cette femme qui appelle en vain plusieurs hôpitaux pour placer son nourrisson dans une couveuse. À la fin du récit, son nouveau-né meurt en raison des tergiversations du personnel de l’hôpital.

Sabine Choucair, l’instigatrice libanaise du projet "Caravane", est clown de formation. Pour ce théâtre itinérant, elle a reçu l’appui de l'Union européenne et Unicef Liban, à hauteur de 113 000 euros.

Les médias parlent beaucoup du nombre des réfugiés, mais s’intéressent rarement à l’humain. C’est en quelque sorte pour remédier à cela que nous avons décidé de raconter des histoires de réfugiés dans le cadre de ce théâtre itinérant. L’idée est de faire mieux connaître ces Syriens auprès des Libanais car si on ne connaît pas l’autre, il est difficile de l’aimer.

Nous avons commencé par collecter des histoires de réfugiés dans les camps. On se rendait sur place et on enregistrait les récits racontés par les réfugiés. Après quelques mois de travail, on a sélectionné huit histoires.

Certaines des histoires récoltées dans les camps de réfugiés sont disponibles en enregistrement sonore sur YouTube [en arabe, sous-titrés en anglais].

Ensuite, on a effectué un casting dans les camps et sélectionné six acteurs parmi les réfugiés – essentiellement des enfants – pour mettre en scène ces récits. On a ensuite donné des représentations dans plusieurs villages de la vallée du Bekaa.

Vidéo d’un casting d’enfants dans un camp de réfugiés de la vallée du Bekaa.

Mais comme les autorités ont imposé des restrictions au déplacement pour les réfugiés du Bekaa, nous avons constitué une deuxième équipe, cette fois constituée de jeunes comédiens professionnels syriens habitant au Liban [mais qui ne sont pas des réfugiés, NDLR]. Cette équipe pouvait se déplacer dans les régions côtières pour donner des représentations.

À la fin de chaque représentation, on passait parmi les spectateurs et on leur distribuait des rubans de couleur vert et mauve. On leur demandait d’attacher des rubans verts à un arbre s’ils ne se sentaient pas concernés par ces histoires et d’y attacher des rubans mauves si, au contraire, ces récits les touchaient. Heureusement, on a eu beaucoup plus de mauve que de vert.

Les acteurs distribuent des rubans au public après le spectacle.

Après avoir donné une quarantaine de représentations à travers le Liban, nous avons récemment entamé une tournée en Tunisie où nous venons de donner trois spectacles, à Sfax, Nabeul et Sidi Mansour. Les Tunisiens aiment beaucoup les Libanais ainsi que les Syriens – il n’y a pas ces tensions qu’on retrouve au Liban. Les gens nous interrompaient en plein milieu du spectacle, applaudissaient, nous interpellaient. Nous avons été vraiment ravis de l’accueil.

Nous comptons désormais aussi effectuer une tournée en Europe, notamment en Allemagne et en France car là bas aussi les réfugiés font l’objet de préjugés.

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