Affaire Wallenberg, suite et (peut-être) fin

Des documents publiés par la presse russe confirment que le Suédois, qui a sauvé des milliers de juifs hongrois, a été éliminé sur ordre de Staline.

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Mémorial Raoul Wallenberg à Göteborg, en Suède.  
Mémorial Raoul Wallenberg à Göteborg, en Suède.   © AFP

Temps de lecture : 3 min

Une des dernières grandes énigmes de la Deuxième Guerre mondiale a peut-être été résolue avec la publication, dans la presse russe, des souvenirs d'un ancien chef du KGB. Raoul Wallenberg, un homme d'affaires suédois qui a contribué à sauver des milliers de juifs hongrois en 1944-1945, a bien été assassiné par les Soviétiques et sur ordre de Staline.

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C'est Ivan Serov qui l'affirme, ou plus exactement un document écrit de la main de celui qui fut le premier directeur de la police politique mise en place par le « petit père des peuples ». Ce témoignage a été publié il y a quelques semaines, mais sa découverte remonte à quatre ans.

Une cache dans la datcha

À l'époque, le petit-fils de feu Serov entreprend des travaux dans la datcha ayant appartenu à son grand-père et située à la périphérie de Moscou. En abattant un mur, les ouvriers découvrent plusieurs valises pleines de papiers qui sont autant de témoignages sur la férocité du régime et le rôle joué par Serov en sa qualité de premier flic.

Sur l'un d'eux, la phrase qui confirme ce que les historiens subodoraient depuis longtemps sans pouvoir étayer leurs accusations : « Je n'ai aucun doute que Wallenberg ait été liquidé en 1947. » Et le Kgbiste d'expliquer que l'ordre a été donné par Staline et Vyacheslav Molotov, son ministre des Affaires étrangères, dont le nom est indissociable du Pacte germano-soviétique, signé en 1939.

La guerre froide ayant succédé au conflit mondial, la paranoïa du maître du Kremlin l'aurait convaincu que Wallenberg, cet ennemi de classe puisque héritier d'une dynastie d'industriels suédois, ne pouvait être qu'un espion agissant sous le couvert de mission humanitaire. La réalité était pourtant différente.

L'issue de la guerre ne faisant plus de doute, le gouvernement suédois, dont la neutralité n'a pas toujours été défavorable à l'Allemagne nazie, cherche à restaurer l'image du pays. Raoul Wallenberg est envoyé en Hongrie pour tenter de venir en aide à la communauté juive, victime de persécutions croissantes avec l'arrivée au pouvoir des Croix fléchées, mouvement pro-nazi et frénétiquement antisémite.

Un prisonnier encombrant

Le jeune homme (il a alors 32 ans) n'est pas diplomate, mais il a beaucoup bourlingué, notamment en Hongrie, pays dont il parle la langue, de même que l'allemand. Entre son arrivée à Budapest, en juillet 1944, et sa disparition six mois plus tard, Wallenberg distribue à tour de bras des passeports suédois, achète des complicités, bluffe, biaise et, au bout du compte, sauve plusieurs milliers de juifs promis aux camps de concentration ou aux marches de la mort.

Le 16 janvier 1945, l'Armée rouge entre dans la capitale hongroise et le lendemain, Wallenberg est convoqué à son QG situé à Debrecen, dans l'est du pays. Il n'en reviendra pas. Dans un premier temps, les autorités soviétiques accusent les Croix fléchées de l'avoir fait disparaître. Il faudra attendre 1957 pour que Moscou admette que le Suédois a été transféré à la Loubianka, le siège du KGB, où il serait mort d'une crise cardiaque le 17 juillet 1947.

C'est cette version des faits que démentent les archives d'Ivan Sverov. Elles révèlent que dans les années 1950, il avait été chargé d'enquêter sur les activités de Wallenberg et en avait conclu que l'accusation d'espionnage ne tenait pas. Elles confirment surtout que l'encombrant prisonnier a bien été liquidé avant d'être incinéré ; c'est Viktor Abakoumov, l'officier ayant reçu l'ordre de Staline, qui l'avait confirmé à Serov. Cela ne lui a pas porté chance : pris dans des intrigues de palais, Abakoumov a été fusillé quelques années plus tard.

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Commentaires (47)

  • AVENIR PROTECTION

    Il a tué des millions de personnes dont beaucoup de juifs, mais il ne faut pas le dire car pour les communistes restants il fut un sauveur de l'humanité. Et dans les pays communistes c'était le bonheur pour le peuple.
    Et la gauche française est fière des votes communistes !

  • plus de violence

    Asse peu des millions de morts du communisme, qui sont 100 fois plus nombreux.

    Je suis contre toute violene, et je hai, ceux qui tuent, de gauche comme de droite.

  • Passeur

    @Padua : tout à fait exact. En 1989, les allemands de l'est ont massivement fui vers l'ouest, pas l'inverse, et tous les pays satellites se sont rapidement affranchis du carcan communiste.