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Libération
Reportage

«Ce camp, c’est la seule chose que l’on connaît»

Un quart de siècle après son ouverture, le camp de réfugiés de Kakuma, où affluent notamment des Sud-Soudanais, est devenu une ville en soi. Une situation qui oblige le HCR à repenser sa politique humanitaire.
par Célian Macé, envoyé spécial à Kakuma (Kenya)
publié le 8 août 2016 à 20h11

Il n'y a plus d'arbres à Kakuma. L'endroit aurait pourtant été nommé d'après un arbre gigantesque dont la forme des branches évoquait les cornes d'une espèce de taureau disparue, appelée kakuma en langue turkana, parlée dans le nord-ouest du Kenya. Aujourd'hui, Kakuma n'est que terre sèche et rocailles. La température moyenne est de 40°C. C'est l'une des localités les plus reculées du Kenya, située à 130 kilomètres de la frontière sud-soudanaise et à deux jours de route de Nairobi, la capitale. C'est ici que les autorités kényanes ont autorisé le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) à planter ses tentes en 1992. A l'époque, des milliers de lost boys - ces bandes d'adolescents soudanais qui fuyaient la guerre civile - venaient à pied chercher refuge au Kenya.

En 2016, le camp est toujours là. Il a enflé au point d’atteindre des proportions que personne n’imaginait. Il abrite 190 000 personnes, ce qui fait de Kakuma - où nous nous sommes rendus à l’invitation de la Commission européenne -le second plus grand camp de réfugiés au monde. Le premier est Dadaab (330 000 réfugiés), dans l’ouest du même pays.

Un quart de siècle après les lost boys, des centaines de Soudanais, devenus Sud-Soudanais depuis l'indépendance du pays en 2011, arrivent encore chaque semaine, fuyant les atrocités d'une guerre civile qui a éclaté en décembre 2013 et dont les soubresauts continuent de meurtrir le pays.

Ce jour-là, ils sont onze enfants à se serrer dans le petit carré d'ombre de la guérite du Reception Center, où sont enregistrés les réfugiés. Eux ne sont pas Sud-Soudanais, et suffoquent de la sécheresse «qui brûle la gorge». L'aîné, Sharani Assa, a 19 ans. Mais c'est son frère cadet, Asukulu Assa, 16 ans, qui fait office de chef et parle le mieux le français. Il impose le silence aux petits. «Nous sommes arrivés ici le 10», assure-t-il. Ce mois-ci ? Débat, engueulade : personne ne semble savoir. Les onze sont en fait issus de trois fratries. Ils viennent du Sud-Kivu, en république démocratique du Congo (RDC), où leurs parents ont été tués au début de l'année. Le maire du village ne savait plus quoi faire de ces orphelins : il les a envoyés au Kenya. Les frères et sœurs ont traversé le lac Tanganyika pour gagner la Tanzanie, pris un bus pour Nairobi, et sont allés frapper à la porte du HCR, qui les a transportés à Kakuma.

«Nous avons plusieurs difficultés ici, expose doctement Asukulu. D'abord, la nourriture n'est pas savoureuse. Ensuite, on n'a pas d'habits ni de chaussures : regarde les pieds des petits, ils sont tout rabougris. Enfin, les Sud-Soudanais, ce sont des impolis et des belliqueux. Ils ne sont pas capables de blaguer et ne savent pas faire à manger.» Dans leur dortoir temporaire, un hangar où les groupes d'arrivants sont séparés par des bâches en plastique, les onze Congolais (qui se partagent deux moustiquaires) sont entourés de Sud-Soudanais. Depuis le début de l'année, plus de 6 000 d'entre eux ont rejoint Kakuma, dont 65 % de mineurs. Un arrivant sur cinq est un enfant séparé de ses parents.

Une immense machine

Simon Yark Nuel venait d'avoir 18 ans lorsqu'il s'est décidé à prendre la route du camp kényan, en 2014. Il la connaissait pour l'avoir déjà parcourue à l'âge de 8 ans, avec sa famille. Ses parents ont voulu rentrer au pays au moment de l'indépendance du Soudan du Sud. Ils ont été tués tous les deux. Alors Simon Yark Nuel et son petit frère sont retournés à Kakuma. «C'est la seule chose que l'on connaît, dit-il. Je ne repartirai plus. Même si la paix revient. Ce que j'ai vu, je ne pourrais pas le supporter à nouveau. Je ne rentrerai jamais.» Le jeune homme a de la craie sur les mains et une casquette américaine. Son front n'est pas strié par les scarifications habituelles de l'ethnie Nuer (six lignes horizontales) parce qu'il a grandi ici. Il est enseignant dans l'une des 21 écoles primaires du camp, gérées par la Lutherian World Federation. Sa classe compte environ 180 élèves. Ce jour-là, seuls quatre sont assis sur une chaise. «C'est ici que j'ai reçu mon éducation, c'est normal que je soutienne les autres enfants après moi», explique-t-il. Son statut de réfugié lui interdisant d'être salarié au Kenya, il reçoit un «encouragement», en tant que «volontaire», de 58 euros par mois.

Chan Kwai, 23 ans, est originaire de la même région du Soudan du Sud : le Jonglei. Mais il est un Dinka. La guerre civile a rendu les Nuer et les Dinka rivaux : les pires atrocités ont été commises dans les villes du Jonglei. Chan Kwai est lui aussi arrivé à Kakuma en 2014, en charge de trois sœurs et un frère. Dans la chaleur de l'après-midi, il tente en vain d'interpeller un médecin devant le nouvel hôpital pédiatrique, surchargé. Il est inquiet pour son neveu de 7 mois, Ajak, qui ne prend plus le sein depuis deux jours. «Il a mangé ou reniflé quelque chose, sa mère l'a trouvé par terre, raconte-t-il. Il a été vu par un docteur, mais je voudrais qu'on m'explique en détail.» Chan Kwai aimerait lui aussi être «encouragé» par l'un des six hôpitaux du camp, tenus par l'International Rescue Comitee (IRC), qui manquent cruellement de personnel qualifié. Les docteurs voient entre 70 et 100 personnes par jour. «Mon rêve, c'est d'aller étudier la médecine en Occident, confie Chan Kwai. Mais les bourses sont rares et mes frères et sœurs ont besoin de moi.»

La scolarité est souvent une obsession pour les Sud-Soudanais. Quelques-uns peuvent s’extraire du camp pour suivre une formation universitaire à Nairobi, voire au Canada. Mais si 73 % des enfants de Kakuma vont à l’école en primaire, moins de 2 % poursuivent dans le secondaire (à partir de 13 ans), faute de places disponibles. Les taux de réussite aux tests sont pourtant supérieurs à la moyenne nationale kényane. A l’arrivée, après quelques années d’études, une poignée d’élèves pourront être embauchés par les institutions et ONG internationales qui administrent le camp.

Car, au fil du temps, Kakuma est devenue une immense machine humanitaire, pilotée par le HCR. Un site artificiel, en pleine zone aride, quatre fois plus important que la plus grosse ville de la région. Le campement draine des milliers de tonnes de nourriture, d’eau, de bois, des milliers de travailleurs humanitaires, des centaines de millions de dollars. Une vingtaine de nationalités y sont accueillies. Dimensionné pour 125 000 personnes, Kakuma craque de partout. Les risques d’épidémies sont une préoccupation permanente. Des milliers d’enfants y naissent chaque année. Certains, devenus adultes, n’en sont jamais sortis.

Bons d’achat

Seuls l'uniformité et l'alignement au cordeau des maisons en briques de terre séchée rappellent que Kakuma est bien un camp, et pas une ville. En revanche, l'illusion est totale lorsqu'on se promène dans l'un de ses marchés. A l'Ethiopian Market, Anne-Marie Murorunkwere, 43 ans, chemisier gris à rayures boutonné jusqu'au col, est une commerçante décidée. La Rwandaise fixe ses interlocuteurs avec tant d'intensité qu'elle fait baisser le regard. Elle vendait de l'eau avant d'ouvrir son échoppe de fruits et légumes, en janvier. Elle a aujourd'hui un problème avec ses «irish potatoes» (pommes de terre), qui ne sont jamais arrivées de Kitale, à 500 kilomètres de là. La marchande a pu faire venir des tomates abîmées, des oranges, des bananes, des poivrons verts, des carottes et du maïs. Elle a organisé ses arrivages avec des transporteurs qui la livrent deux fois par semaine, et les paie via son téléphone, une pratique courante au Kenya.

Anne-Marie Murorunkwere est installée à Kakuma depuis dix-neuf ans, elle y a élevé huit enfants. Le troisième étudie à Nairobi. Elle dit «home» pour parler du campement onusien. «Quand je suis arrivée ici, en 1997, c'était l'horreur. Je n'aime pas en parler. Aujourd'hui, ça va, ma vie s'est construite ici, je suis une réfugiée longue durée mais j'ai un plan et Dieu fait que le plan marche.» Son plan passe par le système Bamba Chakula («get your food») mis en place l'an dernier par le Programme alimentaire mondial (PAM). Une petite révolution dans le monde de l'humanitaire : au lieu de distribuer des rations en nature, comme chaque mois depuis des décennies, le PAM verse désormais une partie du montant de l'aide alimentaire à tous les foyers de réfugiés (entre 4,5 euros par mois pour une personne seule et 18 euros pour une famille de dix), sous forme de bon d'achat à charger sur son téléphone portable et valable dans les 232 boutiques partenaires à l'intérieur du camp.

Anne-Marie Murorunkwere espère bien devenir l’un de ces partenaires. Car entrer dans le système Bamba Chakula signifie accéder à un marché potentiel de dizaines de milliers de consommateurs, même pauvres. De quoi booster sa boutique, qui vivote avec moins de vingt clients par jour. Ce passage d’une économie de distribution à une économie de semi-libre-marché a été surveillé de près par la Banque mondiale et le PAM. Il nécessitait notamment un accompagnement des commerçants pour contrôler si leurs capacités d’approvisionnement étaient suffisantes et si les prix n’allaient pas flamber devant cette demande soudaine. Les deux écueils ont finalement été évités.

Pour Melaku Abe Mare, ce succès «ne règle pas tout». Sa boutique est aussi à l'Ethiopian Market. Lui-même est éthiopien. Son appartenance à l'ethnie Oromo lui a valu un mois d'arrestation après une manifestation étudiante : se sentant menacé, il a fui son pays l'an dernier. Il joue aujourd'hui sur un petit échiquier en plastique en attendant des clients qui ne viennent pas. Son projet était-il trop ambitieux pour un camp de réfugiés ? Melaku Abe Mare gère un studio de photographie. Dans la «salle de shooting», une plante verte, trois cravates à disposition, et un poster de plage en toile de fond. Bien entendu, il est hors du cadre Bamba Chakula, qui ne concerne que les commerces d'alimentation. «Ce programme est une réussite, mais ça ne fait pas de nous des gens libres. On ne peut pas sortir du camp, on ne peut pas recevoir de salaire… Moi, j'ai 28 ans, je ne peux pas revenir en Ethopie, mais je veux avancer, je ne veux pas rester dans cette situation de passivité à gâcher ma vie.»

Réseau de passeurs

Que faire de ces camps devenus si démesurés que personne n’en veut ? Le gouvernement kenyan a surpris l’ONU, le 6 mai, en annonçant sa volonté de fermer purement et simplement celui de Dadaab, qui abrite 330 000 réfugiés, dont 95 % de Somaliens. Etait-ce un simple effet de manche afin d’obtenir l’attention de la communauté internationale, focalisée sur la crise migratoire syrienne mais qui oublie que le Kenya a accueilli un demi-million de réfugiés ces dernières années ? Il semble que cette fois-ci, Nairobi soit à prendre au sérieux. Le président Uhuru Kenyatta a démantelé du jour au lendemain le Departement of Refugee Affairs, au grand désarroi des ONG. Une «task force» a été mise en place par les autorités pour proposer un plan de fermeture du camp.

«Les Kényans disent d'abord : Dadaab est une menace pour la sécurité du pays, les shebab ont infiltré le camp. Soyons honnêtes, il y a bien un problème de sécurité à Dadaab, admet Peter Burgess, chef du bureau régional d'Echo, l'agence humanitaire de la Commission européenne. Leur deuxième souci, c'est le rapatriement volontaire. Un accord tripartite avait été signé entre la Somalie, le Kenya et le HCR pour faire rentrer au pays une partie des réfugiés. Mais ça ne va pas assez vite aux yeux de Nairobi. Et c'est logique : la Somalie est toujours en guerre, on ne va pas y renvoyer des gens alors que les conditions de sécurité et de dignité de leur retour ne sont pas assurées !» Quoi qu'en disent les autorités, une fermeture rapide de Dadaab est inenvisageable, selon lui. «Personne ne pense sérieusement qu'on va mettre 300 000 personnes dans des camions pour la Somalie. Le camp de Kakuma, par ailleurs, n'est absolument pas concerné par la fermeture. Ça pose une question : le gouvernement a-t-il un problème avec Dadaab ou avec les Somalis ?» Cette communauté est clairement dans le collimateur des autorités depuis la vague d'attentats commis par les combattants islamistes shebab dans le pays, en réponse à l'intervention de l'armée kényane en Somalie, en 2011. La tuerie du centre commercial Westgate de Nairobi, en 2013, puis le massacre des étudiants de l'université de Garissa, en 2015, ont traumatisé le pays et renforcé la méfiance envers les Somalis, dont plusieurs millions sont de nationalité kényane.

Fardowsa Mohamed Ibrahim, elle, est somalienne. Elle est arrivée à Kakuma à 14 ans, elle en a aujourd'hui 22. Tunique bleue et blanche, voile vert, elle est allongée devant le centre de santé pour femmes, où elle a accompagné sa mère malade. «A l'hôpital, j'ai enfin pu dormir, dit-elle. A la maison, j'ai trop peur. Le problème, ici, c'est la nuit : j'entends des bruits, ça me tient éveillée. Ces temps-ci, il y a des vols, des meurtres, des viols. Je connais deux filles qui ont été violées.»

Sans être comparable à la situation sécuritaire de Dadaab, Kakuma connaît en effet une poussée de criminalité. «Les Somaliens sont probablement visés car, parmi les réfugiés, ce sont ceux qui réussissent le mieux. Ils ont plus d'argent, ils deviennent donc une cible, commente Inge De Langhe, responsable du HCR en charge de la protection civile à Kakuma. Les réseaux de passeurs pour l'Europe s'adressent beaucoup aux Somaliens, par exemple. On a eu une quinzaine de récits de jeunes détenus en Libye dont les familles ont été rançonnées.»

Fardowsa Mohemed Ibrahim dit s'ennuyer à mourir dans le camp. «Que fait-on en France, à 22 ans ? Ici, on n'a que les études. Moi, je suis en dernière année d'école primaire, avec des petits ! Je n'ai pas d'ami, pas de copain, mes parents ne font rien. Ils ont 50 ans, mais à Kakuma, c'est comme s'ils avaient 100 ans…» Comme l'immense majorité des réfugiés, la jeune femme n'imagine pourtant pas une seconde rentrer au pays. «Je me rappelle les cris de ma mère, les blessés, les morts, les pleurs de tout le monde, la peur permanente … Jamais je ne pourrai y retourner.»

Troisième voie

Seules 28 familles de Kakuma ont été rapatriées en Somalie en 2015. Une centaine ont également signé un protocole de retour. Mais, quelle que soit l'impatience du gouvernement kényan, cela «ne sera pas une solution», rappelle Peter Burgess, d'Echo. Car il est certainement trop tard : une génération entière ne connaît que la vie du camp, ne parle parfois plus la langue de sa région, et n'a plus d'attache avec sa communauté d'origine.

L'option inverse, une levée totale de l'interdiction de circuler et de travailler qui frappe les réfugiés, est impensable pour les autorités, qui redoutent un afflux massif dans les bidonvilles de Nairobi. Reste une troisième voie, que le HCR prépare depuis plusieurs années et qui va être expérimentée près de Kakuma. La novlangue onusienne parle d'hybrid settlement : il s'agit d'intégrer peu à peu les réfugiés dans la vie locale, de sortir - physiquement et symboliquement - des camps.

Au Kenya, l'expérience est menée à Kalobeyei, à une dizaine de kilomètres de Kakuma. Sur place, au milieu des squelettes en bois des futurs abris en construction, Henok Ochala, l'homme chargé par le HCR de superviser l'installation, en raconte la genèse : «Après l'indépendance du Soudan du Sud, le nombre de réfugiés baissait de façon continue. On a commencé à travailler sur l'idée d'un hybrid settlement. Et puis est survenu le 15 décembre 2013 [début de la guerre civile au Soudan du Sud, ndlr]. La fuite vers le Kenya a été colossale. Kakuma était tellement congestionné qu'on a demandé un nouveau terrain. Le gouverneur nous l'a accordé en 2015 mais il nous a dit : "Je ne veux pas d'un nouveau camp, faites quelque chose de différent !"» Kalobeyei, ouvert depuis juin et qui accueille aujourd'hui «3 200 personnes», a donc été pensé comme une ville nouvelle. Une sorte de colonie, avec un tracé urbain, de l'agriculture, des services, des commerces, des entrepreneurs… Surtout, le territoire a été conçu comme une zone d'habitat mixte entre les Turkanas, peuple pastoraliste autochtone, et les réfugiés.

Mais l'arrivée d'une nouvelle vague de Sud-Soudanais, victimes de la sécheresse, ralentit les plans. «On a 2 500 personnes coincées au Reception Center, 200 réfugiés qui arrivent à la frontière chaque semaine, et la tendance s'accentue avec la reprise des combats. La plupart sont des femmes et des enfants mal-nourris : on doit d'abord s'occuper de l'urgence», poursuit Henok Ochala, pragmatique. Le village modèle attendra ? «Oui, là, on fait ce qu'on sait faire. On a essayé de garder quelques principes, comme l'idée du Bamba Chakula à 100 % au lieu de la distribution de nourriture, mais même ça, on ne sait pas si on va tenir, car il faut installer des commerçants. On ne peut pas risquer une crise alimentaire.» L'intégration avec les Turkanas, souvent encore plus pauvres que les réfugiés, est aussi remise en question. «Pour l'instant, le peuple hôte n'est pas intéressé, commente sobrement Ochala. En revanche, les Turkanas demandent une mixité des commerces et un accès à tous les services de Kalobeyei. On leur a dit oui, car on pense à la deuxième phase : en 2025, l'objectif, c'est l'autonomie.»

Sur la question des réfugiés, le Kenya traverse donc une crise de schizophrénie aiguë. Le président Uhuru Kenyatta proclame haut et fort la clôture prochaine de Dadaab, quand au même moment, à Kakuma, les autorités locales travaillent sur la création d’une ville durable. Dans les deux cas, le modèle du camp traditionnel du HCR en Afrique a vécu, usé par vingt-six ans de conflits régionaux. Conçu pour être temporaire, Kakuma est devenu permanent. L’attente dans ces limbes de poussière, hors du temps et de l’espace, est devenue le seul mode de vie que connaissent désormais des centaines de milliers de personnes : en moyenne, au Kenya, un réfugié qui rentre dans un camp y reste enfermé pendant dix-sept ans.

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