En Inde, la caste des intouchables, aujourd’hui communément appelés dalits, entend bien utiliser tous les moyens à sa disposition pour ne plus se faire marcher sur les pieds. “Les dalits montrent leurs muscles sur Twitter, le site de microblogging leur sert de chien de garde pour dénoncer la violence et le sectarisme dont ils sont l’objet de la part des hautes castes”, observe une correspondante du Washington Post en Inde.
Fin mars, la réaction a par exemple été très forte lorsqu’un viaduc en chantier s’est écroulé à Calcutta. Sur Twitter, un riche homme d’affaires nommé Motilal Oswal a mis en cause la compétence des ingénieurs, du fait des quotas dont bénéficient les dalits dans les écoles d’enseignement supérieur. Selon lui, “les diplômes ne sont plus accordés en fonction des compétences mais en fonction de la caste” des étudiants.
Les dalits accèdent à la classe moyenne
Aussitôt, des centaines de dalits ont attaqué son compte avec le hashtag #BoycottMotilalOswal, rappelant que la discrimination positive était un droit garanti par la Constitution. L’intéressé a été obligé de présenter des excuses.
“Si la grande majorité des dalits sont des fermiers sans terre, trop pauvres pour posséder un smartphone ou accéder à Internet, le système des quotas a permis à certains d’entre eux de constituer une classe moyenne de fonctionnaires, médecins, ingénieurs et hommes politiques qui font aujourd’hui entendre leur voix”, fait remarquer The Washington Post.
Element inconnu
Pour les hautes castes, Twitter est un outil comme un autre mais, pour les dalits, le réseau pourrait permettre de “faire la révolution”. Plus de 22 millions d’Indiens utilisent déjà Twitter, indique le journal, mais la récente floraison de hashtags tels que #DalitLivesMatter ou #DalitWomenFight montre que le phénomène n’en est qu’à ses débuts.
Le grand quotidien de la capitale américaine et l’un des titres les plus influents de la presse mondiale. Traditionnellement au centre droit, The Washington Post doit sa réputation à son légendaire travail d’enquête dans l’affaire du Watergate, qui entraîna la chute du président Nixon au début des années 1970. Il se distingue aussi par sa couverture très pointue de la vie politique américaine, ses analyses, ses reportages, ainsi que par ses nombreux chroniqueurs de tous bords politiques.
Premier quotidien à paraître sept jours sur sept (en 1880) et à charger un médiateur de veiller sur l’indépendance du journal (dès 1970), The WP a souvent su évoluer avant les autres. C’est à partir des années 1930 qu’il prend vraiment son essor, suite à son acquisition par Eugene Meyer, avant de connaître son heure de gloire sous la houlette de sa fille, Katharine Graham.
En 2013, le journal contrôlé durant quatre-vingts ans par la famille Meyer-Graham a été racheté par le patron d’Amazon, Jeff Bezos. Depuis, le Post a mis l’accent sur les nouvelles technologies. Les développeurs et datascientifiques cohabitent dans ses nouveaux bureaux avec les journalistes ; les titres sont souvent plus accrocheurs et adaptés au web. Jeff Bezos a investi des sommes importantes qui ont permis l’embauche de 140 journalistes, après des années de licenciements. Mais les recettes restent insuffisantes et l’avenir suscite toujours des inquiétudes.
Le site du Washington Post est très complet et attire de nombreux internautes de l’étranger. Il a expérimenté ces dernières années des formats très ambitieux, notamment en matière de journalisme immersif.