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2017 : Bayrou se prépare à jouer la carte du recours anti-Sarkozy

Profitant de l'espace médiatique désert de la période estivale, François Bayrou multiplie les sorties et les propositions. En coulisses, le maire centriste de Pau prépare l'année présidentielle et se présente en recours en cas de défaite d'Alain Juppé à la primaire de droite.

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En cas de défaite d'Alain Juppé à la primaire, François Bayrou "prendra [ses] responsabilités".
En cas de défaite d'Alain Juppé à la primaire, François Bayrou "prendra [ses] responsabilités". © Sipa press

France Inter, BFMTV, Europe 1, iTélé… Depuis deux semaines, il est un homme politique qui a décidé de ne pas prendre de vacances , alors même qu'il n'est pas censé être en campagne. Peu visible au début de l'été, François Bayrou est sorti de son silence après l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray. Armement des polices municipales, "taxe Halal" pour financer les mosquées… A chaque intervention médiatique, le maire centriste de Pau avance une proposition. Mardi matin sur RTL , il a cette fois défendu la nécessité d'un "service national universel" pour "recréer du lien entre des populations qui ne se parlent plus".

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Il y a encore un an, il n'était encore candidat à rien. Alain Juppé, en tête des études d'opinion en vue de la primaire de droite, lui semblait alors la seule alternative possible à François Hollande et Marine Le Pen. Depuis le début d'année, le leader du MoDem craint toutefois une défaite du maire de Bordeaux à la primaire au bénéfice de Nicolas Sarkozy. "Si ce n'est pas Alain Juppé, j'exercerai ma liberté", aime à répéter l'intéressé depuis avril, notamment au Grand jury RTL-Le Figaro-LCI.

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"Le seul objectif de Bayrou, c'est l'Elysée"

Alexandre Vatimbella, directeur du Centre d'étude et de recherche du centrisme (Crec), résume cette position pour le JDD : "François Bayrou soutient Alain Juppé depuis que ce dernier l'a remis sur les rails, en 2014, en lui permettant de conquérir la mairie de Pau. Mais il espère que l'ancien Premier ministre ne sera pas candidat, car, dans ce cas, il n'aurait rien à gagner. Le seul objectif de Bayrou, c'est l'Elysée."

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"Pour l'instant, nous soutenons Juppé, explique au JDD le secrétaire général du MoDem Marc Fesneau. Mais nous nourrissons des craintes sur le processus de la primaire. Il y a un risque, un danger même, du scénario de la revanche Sarkozy-Hollande." Au coeur de l'été, François Bayrou s'active donc pour préparer l'hypothèse d'une candidature . Et il ne ménage pas sa peine.

Au printemps, il a ainsi rédigé un essai (à paraître en octobre chez Plon) pour "établir les conditions de la réforme du pays", précise au JDD Yann Wehrling, le porte-parole du MoDem. Si Alain Juppé remporte la primaire, l'ouvrage servira de point de départ pour des négociations en vue d'un accord programmatique et politique. Dans le cas contraire, François Bayrou n'aura plus qu'à se déclarer.

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Objectif UDI

En parallèle de ses propositions, le maire de Pau réactive son réseau. Son objectif? Rassembler la famille centriste autour de lui afin de retrouver sa base électorale de 2007, quand il avait été le troisième homme de la présidentielle avec 18,57% des voix au premier tour. "Nous travaillons à une convergence entre les partis centristes et une bonne partie des troupes de l'UDI ont cette volonté", assure Marc Fesneau.

François Bayrou a justement déjeuné fin juillet avec Hervé Morin qui défend la nécessité de "rassembler une force centrale pour faire contrepoids, à droite, aux Républicains". "Il faut au moins un groupe parlementaire UDI-MoDem en commun. L'UDI n'a pas marché et, devant les événements, nous n'avons pas d'autre choix que de se réunir", confiait en juin au JDD le président centriste de la Normandie.

Le maire de Pau ne dit pas autre chose… à la différence près qu'il souhaite incarner personnellement le rassemblement. Le centre, expliquait-il en février dernier sur Radio Notre-Dame, "est le seul courant de la vie politique française qui ne soit pas organisé. Mon intention, mon objectif, est de contribuer à l'organisation de ce courant." Selon lui, l'électorat centriste représentera 15% des voix à la prochaine présidentielle. "Il y a un noyau dur, plutôt autour des 12%, de gens qui adhèrent aux valeurs centristes, confirme Alexandre Vatimbella, mais selon les sondages, la majorité ne considèrent pas Bayrou comme un homme d'Etat."

Quand il avait formé l'UDI, en 2012, Jean-Louis Borloo avait promis qu'il y aurait un candidat centriste en 2017. Force est de constater que l'UDI, dont deux tiers des militants refusent toujours de participer à la primaire , n'a pas de personnalité à imposer dans la bataille présidentielle. Le président du parti Jean-Christophe Lagarde continue de faire face aux attaques de son ennemi juré Hervé Morin, alors que le tiers du parti se réunit sans lui, le 27 août à Vannes (Morbihan), autour d'Yves Jégo, de Laurent Hénart… et de Jean-Louis Borloo.

Après 2002, 2007 et 2012, Bayrou candidat pour la quatrième fois?

François Bayrou va-t-il faire une OPA sur une UDI en voie de décomposition ? "Cela va être compliqué, décrypte le directeur du Crec. L'UDI est composée de tous ceux qui ont fui François Bayrou." "Il va nous laisser mourir et récupérer les restes", commente toutefois en off, amer, un cadre de la fédération centriste. Mais rien ne dit que si Alain Juppé n'est pas le vainqueur de la primaire, toute la famille politique se regroupe derrière François Bayrou. "Loin de là, confie un autre responsable UDI au JDD. Pour moi comme pour beaucoup, le choix de la raison, le candidat des Républicains, va s'imposer. Pourquoi miser sur un Bayrou dont plus personne ne veut?"

L'attaque est sévère mais traduit un vrai paradoxe : le MoDem redoute de se retrouver, en 2017, avec la même équation qu'en 2012… alors même que François Bayrou était candidat. Mardi matin, sur RTL, le journaliste lui a d'ailleurs rappelé qu'il se représenterait, en cas de défaite d'Alain Juppé, pour la quatrième fois à l'élection présidentielle. Un peu hésitant, le responsable a eu pour seule réponse : "Excusez-moi, mais si vous regardez les candidats, Nicolas Sarkozy [le] sera pour la troisième fois."

Source: leJDD.fr

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