Dans le contexte des attentats, la parole raciste se libère

SOS Racisme s'inquiète de la multiplication des propos racistes. Une conséquence des attaques terroristes, selon l'association.

Paris, lundi. Marina Belliard, responsable du contentieux à SOS Racisme, recueille quotidiennement des témoignages de victimes d’actes et de propos racistes.
Paris, lundi. Marina Belliard, responsable du contentieux à SOS Racisme, recueille quotidiennement des témoignages de victimes d’actes et de propos racistes. LP/A. Ladet

    C'est un poste d'observation qui permet d'obtenir un baromètre assez fidèle des tensions du pays. Et le panorama qu'il offre ces jours-ci n'est pas très réjouissant. Traditionnellement peu sollicitée l'été, la permanence juridique de SOS Racisme tourne à plein régime. « Le contexte des attentats a libéré la parole et les actes racistes, constate Marina Belliard, la responsable du contentieux. La France s'enfonce dans un climat délétère, la population se divise, exactement comme le souhaitent les terroristes. »

    + 223 % d'actes antimusulmans en 2015

    En poste depuis deux ans, Marina Belliard n'avait jamais connu une période si sensible où les propos racistes, visant surtout les musulmans, s'expriment aussi ouvertement. Deux exemples récents,- le cas d'une stagiaire, celui d'un vacancier (lire encadré) -, le prouvent. « Les victimes ne doivent pas hésiter à porter plainte, insiste la juriste. Nos équipes sont à leur disposition pour les accompagner. »

    Selon les chiffres dévoilés mi-janvier par la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme, qui agrège les faits déclarés par les victimes, les actes antimusulmans ont bondi de 223 % entre 2014 et 2015, qu'il s'agisse des menaces (+ 291 %) ou des actions effectivement commises (+ 125 %).

    « L'organisation Etat islamique cherche à déstabiliser notre société de l'intérieur. Il faut bien comprendre que chaque acte de racisme est une validation de la stratégie de Daech, insiste Dominique Sopo, président de SOS Racisme. Ils ont conscience que nous sommes dans un pays traversé par des tensions et des failles internes. Ils mettent du sel dans nos plaies. Et plus on va activer ces plaies par des actes de racisme, plus on se signale comme une cible à frapper. » Et de conclure : « Toutes les formes de racisme et de discrimination qui se manifestent depuis l'attentat de Nice et l'assassinat du prêtre de Saint-Etienne-du-Rouvray ne sont pas le fait de néoracistes mais de personnes qui avaient déjà ces opinions et qui se sentent libres de les exprimer. »