Début 2016, l'Inspection générale des affaires sociales établissait un lien de cause à effet entre l'anti-épileptique Dépakine et des malformations congénitales sur 425 enfants nés entre 2006 et 2014. Le Canard Enchaîné à paraître demain mercredi accuse le ministère de la Santé de cacher au public une étude "alarmante" qui révèle que plus de 10 000 femmes enceintes auraient pris ce médicament entre 2007 et 2014.

Publicité

L'étude rendue publique début septembre

L'accusation est démentie par le ministère, qui précise que "le premier volet" de l'étude doit être présenté à l'Association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anticonvulsivant (Apesac) le 24 août prochain. L'étude menée conjointement par l'agence du médicament (ANSM) et la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAMTS), ainsi que le plan d'action qui doit suivre seront rendus publics début septembre, assure le ministère, qui se refuse à commenter le chiffre cité par Le Canard.

Utilisée pour traiter l'épilepsie, la Dépakine est commercialisée en France par Sanofi depuis 1967, mais aussi sous forme générique par d'autres laboratoires. Elle contient du valproate de sodium, également prescrit dans les troubles bipolaires sous d'autres appellations (Dépakote, Dépamide). Cette substance est mise en cause depuis plusieurs années à cause d'un risque élevé de malformations des foetus - de l'ordre de 10% - mais également d'un risque plus élevé de retards intellectuels, de difficultés à marcher, ainsi que de cas d'autisme, qui peuvent atteindre jusqu'à 40% des enfants exposés.

En 2014, le médicament prescrit à 93 000 femmes

L'Apesac avait donné l'alerte dès 2014, accusant Sanofi et les autorités sanitaires d'avoir tardé à agir. Cette année-là, 93 000 femmes en âge de procréer prenaient en France un médicament constitué de valproate, dont 37 000 pour épilepsie et 56 000 pour des troubles bipolaires. L'Agence européenne des médicaments (EMA) avait clairement recommandé de limiter les prescriptions.

L'Apesac évalue à près de 30 000 le nombre des victimes du médicament depuis 1967.

Publicité