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Les ados qui jouent en ligne ont de meilleures notes

L'économiste australien Alberto Posso a trouvé une corrélation entre les résultats scolaires, la pratique du jeu vidéo et la fréquentation des réseaux sociaux.
par Camille Gévaudan
publié le 9 août 2016 à 13h39

Les ados qui jouent en ligne sont meilleurs à l'école, contrairement à ceux qui traînent sur les réseaux sociaux. C'est l'une des observations de l'économiste Alberto Posso, qui vient de publier une étude dans l'International Journal of Communication. Il a étudié les résultats de 12 000 élèves australiens âgés de 15 ans au test Pisa, qui mesure dans le monde entier les performances des jeunes en culture scientifique, culture mathématique et compréhension de l'écrit. Mais Pisa pose aussi des questions sur l'environnement familial et les pratiques des étudiants, qu'Alberto Posso a voulu croiser avec leurs compétences scolaires.

Bilan : parmi les adolescents australiens testés en 2012, ceux qui «utilisent Facebook ou tchatent quotidiennement» ont une note en maths inférieure de 4% à la moyenne nationale. Et plus les ados glandent sur Internet, plus l'écart se creuse : ceux qui consultent leurs réseaux sociaux une ou deux fois par mois sont moins à la traîne que ceux qui les fréquentent quotidiennement. Les résultats en lecture et en sciences sont comparables. Aucune relation de cause à effet n'est prouvée, mais Posso estime possible que la distraction des réseaux sociaux bride le potentiel scolaire des élèves.

Maths, sciences et compréhension

En revanche, l'étude montre que «les étudiants qui jouent à des jeux en ligne ont de meilleurs scores» dans les trois domaines testés par Pisa. Là aussi, Posso envisage que la pratique des jeux vidéo puisse avoir un effet bénéfique sur l'apprentissage, mais il est également possible que, tout simplement, «certaines compétences associées au jeu en ligne soient corrélées aux connaissances et compétences nécessaires en maths, sciences et compréhension de l'écrit». Car les jeux vidéo accessibles en ligne proposent souvent de «résoudre des puzzles, exploiter des aptitudes cognitives et même faire un peu de mathématiques», rappelle Posso dans le Sydney Morning Herald. Ils nécessitent aussi des capacités de compréhension, de recherche d'informations et de navigation dans une narration, qui sont utiles à l'école.

Mais en termes de fréquence, la relation entre jeux vidéo et compétences scolaires est plus complexe. Les adolescents les plus avantagés ne sont pas ceux qui jouent quotidiennement, ni ceux qui jouent une fois par semaine, mais ceux qui jouent «presque tous les jours». Les joueurs les plus assidus sont peut-être distraits de leurs études de la même façon que les adeptes de Facebook.

Appel aux gouvernements

«Doit-on conseiller aux parents de bannir Facebook et le tchat, et de forcer leurs enfants à jouer ?» s'interroge Alberto Posso. La solution n'est pas si simple – l'économiste rappelle par exemple que les jeux violents ont une mauvaise influence sur les enfants, selon une étude allemande de 2014. Mais «le potentiel des jeux en ligne en termes d'impact positif sur l'apprentissage en sciences, en maths et en lecture semble mériter d'être étudié de plus près». Le chercheur conseille aux écoles et «peut-être aux gouvernements» de se pencher sur la manière dont ils pourraient intégrer des jeux au système éducatif.

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