Le langage du sport est « inéquitable ». C’est la conclusion d’une étude de l’université de Cambridge ayant analysé plus de 160 millions de mots écrits par des journalistes sportifs dans des articles, sur papier et en ligne, depuis une décennie.
Les hommes ont trois fois plus de chances que les femmes d’être mentionnés « dans un contexte sportif », et les athlètes féminines sont décrites de façon disproportionnée en relation avec leur âge, leur apparence et leur statut marital.
Les chercheurs reconnaissent que l’échantillon n’est, comme souvent, pas assez représentatif pour en tirer des conclusions universelles : il n’inclut que des articles britanniques et ne prend pas en compte les commentaires à la télé. Sarah Grieves, l’une des chercheuses, explique à CNN :
« L’étude n’est que descriptive, elle ne vise à pas à répondre à des interrogations plus larges, mais elle met quand même en avant des choses dont les gens ne se sont pas forcément conscients lorsqu’ils parlent de genres dans le sport. »
Un exemple ? « Personne n’arriverait au bureau en disant : “Vous avez vu le match de foot masculin hier soir ?” »
« Les femmes ne sont pas particulièrement des fans de sport »
L’étude devrait être prolongée pour prendre en compte les JO de Rio. Les premiers jours de la compétition aura donné quelques preuves de dérapages, tournures de phrases douteuses et erreurs plus ou moins pardonnables, chez les Anglo-saxons comme chez les Français.
Amplifiés par les réseaux sociaux, les préjugés, les tournures de phrases douteuses ou ridicules, les erreurs plus ou moins pardonnables ont aussi été relayés ensuite par la presse.
C’était souvent sexiste, comme lorsque les commentateurs et les cameramen ont un peu plus félicité le mari et entraîneur de la Hongroise Katinka Hosszu que la nageuse elle-même, alors qu’elle venait de pulvériser le record du monde du 400 m quatre nages. Ou quand un journal de Chicago a présenté Corey Cogdell-Unrein, médaillée de bronze de ball-trap, comme « la femme d’un joueur de football américain de Chicago ». Ou encore quand un responsable de la chaîne américaine NBC, qui retransmet des JO aux audiences faméliques, a dit très franchement pourquoi il y avait autant de coupures pub pendant la cérémonie d’ouverture :
« Les personnes qui regardent les JO ne sont pas particulièrement des fans de sport. Il y a plus de femmes que d’hommes devant la télé, elles s’intéressent moins au résultat qu’au parcours olympique. C’est comme un show parfait combinant la téléréalité et une mini-série. »
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