Il y a quelques mois encore, des milliers de migrants arrivaient en Europe en traversant l’Europe centrale et les Balkans. Mais depuis la signature en mars de l’accord avec Ankara, par lequel Athènes peut renvoyer en Turquie tous les migrants qui arrivent de façon irrégulière sur les côtes grecques, cette route des Balkans s’est pratiquement tarie. De sorte qu’il ne reste pratiquement plus qu’une route de migration, celle qui va des côtes nord-africaines à l’Italie.

Rome a déjà du mal à gérer ce flux, observe La Repubblica. Elle voit donc d’un mauvais œil les menaces brandies par la Turquie de mettre fin à cet accord si l’UE n’applique pas l’une de ses contreparties : la libéralisation des visas pour les citoyens turcs. En une, le journal titrait le 9 août : “L’Italie craint une nouvelle vague de migrants”.

 
A eux seuls, les migrants syriens [en Turquie] représentent 2,8 millions de personnes. Auxquels s’ajoutent les Afghans et les IrakiensSi, comme il menace de le faire, le président turc Erdogan venait à congeler l’accord avec l’UE, trois millions de migrants seraient prêts à emprunter la route des Balkans vers l’Europe.”


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Après avoir quitté la Turquie, les migrants qui empruntent la route des Balkans traversent la Macédoine, la Bulgarie, la Serbie, la Hongrie et l’Autriche, pour arriver à Tarvisio, dans le nord-est de l’Italie.

Depuis le 15 juillet, les frontières suisse et française sont fermées à Côme et à Vintimille, comme l’indique La Stampa. Si bien que la situation promet de devenir rapidement chaotique.

Les reporters de La Repubblica racontent qu’à Vintimille, La Croix-Rouge a établi un camp depuis le 12 juillet pour accueillir ceux qui se sont faits refouler, et qui comptait 500 personnes par nuit la semaine dernière, 1 000 à l’heure du repas. A la gare de Côme, les migrants sont de plus en plus nombreux, attendant de pouvoir monter dans des trains strictement surveillés dont on leur refuse l’accès. “Devant la gare, la place se remplit chaque jour un peu plus d’hommes, de femmes et d’enfants – beaucoup d’enfants – sans billet, sans documents”. Le passage est d’autant plus compliqué, complète La Stampa, que “les autorités helvétiques patrouillent dans le ciel avec des drones capables d’établir une cartographie thermique de la zone”.

A Milan, La Repubblica parle de 3 200 migrants, un record. Il y a ceux qui arrivent du sud, et ceux qui reviennent de Côme et Vintimille. Jusqu’à l’année dernière, explique une responsable associative, on voyait de nombreuses personnes arriver, mais elles étaient en transit. Devant l’impossibilité de poursuivre leur voyage vers l’Europe du Nord, comme ils en ont l’intention, les migrants sont de plus en plus nombreux à demander l’asile en Italie. D’où un défi supplémentaire pour les structures d’accueil.

 
Les chiffres le confirment : en 2014, 0,3 % des migrants avaient pour destination finale l’Italie. En 2015, ce taux est monté à 4,8 %. Aujourd’hui, on en est à 49,3 %, soit un sur deux.”