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La ville de Baltimore (nord-est des États-Unis) avait été l'an dernier le théâtre de la mort de Freddie Gray, un jeune Noir non armé, mortellement blessé lors de son interpellation par la police. Les « comportements ou pratiques habituelles » de cette dernière ont été considérés comme illégaux, particulièrement envers la communauté noire, selon un rapport du ministère de la Justice (DoJ). Dans son rapport de 164 pages sur de possibles violations des droits civils à Baltimore rendu public mercredi, le DoJ « conclut qu'il est raisonnable de penser que la police de Baltimore [BPD] se livre à des comportements et des pratiques habituelles qui enfreignent la Constitution ou la législation fédérale ».
« Les comportements et pratiques habituelles que nous avons découverts résultent de défaillances systémiques perdurant de longue date au sein de la BPD », la police de Baltimore (Maryland, Est), a déclaré Vaita Gupta, en charge de la division des droits civils au ministère de la Justice (DoJ). Cette enquête a été lancée après la mort de Freddie Gray, un jeune Noir de 25 ans qui avait été placé dans un fourgon de police le 12 avril 2015 pour être emmené au poste. Le jeune homme a subi, dans des circonstances qui n'ont jamais été clairement établies, une fracture des vertèbres cervicales lors du transport. Il a succombé à ses blessures le 19 avril. Mais l'enquête du DoJ ne portait pas sur cette affaire directement.
44 % des interpellations faites dans des quartiers noirs
En présentant à la presse un rapport de 164 pages élaboré en 14 mois, Vaita Gupta a relevé que les habitudes de la police de cette ville portuaire avaient « profondément altéré la confiance mutuelle entre la BPD et la communauté qu'elle sert ». Les enquêteurs du ministère sont remontés jusqu'à 2010. Parmi ces comportements pointés du doigt, le ministère cite des « interpellations, fouilles et arrestations anticonstitutionnelles », ou encore « la mise en œuvre de stratégies de maintien de l'ordre qui entraînent des disparités graves et injustifiées dans le taux d'interpellations, de fouilles et d'arrestations de Noirs ».
Selon Vaita Gupta, seulement 3,7 % des plus de 300 000 interpellations de piétons survenues entre 2010 et mai 2015 ont entraîné un procès-verbal ou une arrestation. « La plupart de ces interpellations et fouilles en ayant résulté n'avaient pas de justification au regard de la Constitution », a-t-elle relevé. Surtout, le rapport dénonce « la mise en œuvre de stratégies de maintien de l'ordre qui entraînent des disparités graves et injustifiées dans le taux d'interpellations, de fouilles et d'arrestations de Noirs ».
Près de 44 % des interpellations sont intervenues dans « deux petits quartiers à prédominance noire qui n'hébergent que 11 % des habitants de la ville », a remarqué Vaita Gupta, citant l'exemple d'un homme noir contrôlé trente fois en moins de quatre ans sans qu'aucun procès-verbal ni arrestation ne s'ensuivent jamais. Le rapport note également un « usage excessif de la force » et des « représailles envers les personnes exerçant [un mode] d'expression protégé par la Constitution ». De plus, les enquêteurs du ministère font part de leurs « inquiétudes » concernant le transport des personnes et les enquêtes sur les agressions sexuelles.
Freddie Gray, symbole des violences policières envers les Noirs
Ces « défaillances » au sein de la BPD découlent, selon le rapport, d'une « déficience de politiques, de formation, de supervision et de recherche de responsabilités » ainsi que de « stratégies de maintien de l'ordre qui n'intègrent pas efficacement la communauté que la police [municipale] sert ». Les auteurs du rapport soulignent néanmoins être « encouragés » d'avoir constaté une « vaste reconnaissance » de ces problèmes et un « vif intérêt pour réformer ». Cette « réforme durable » devra permettre de « rétablir la confiance dans la BPD et de s'assurer qu'elle fournit des services de police efficaces et constitutionnels », a relevé le rapport.
Le nouveau chef de la BPD Kevin Davis a relevé devant la presse que ce rapport était un « acte d'accusation » contre « les mauvais comportements d'un relativement petit nombre de policiers à travers les années », mais pas contre l'ensemble de ses troupes. Il a précisé que des actions avaient été prises contre les policiers responsables des « actes les plus monstrueux ». À l'instar de la maire de la ville Stephanie Rawlings-Blake, il s'est engagé à faire de la police de Baltimore « un modèle » pour la nation.
Stephanie Rawlings-Blake a estimé le coût des mesures recommandées entre 5 et 10 millions de dollars par an. Selon elle, 26 règles ont déjà été amendées, comme l'utilisation de la force, et une « refonte » de la responsabilisation et des sanctions des policiers est en cours. La ville modernise également ses équipements avec des dispositifs de sécurité, dont des caméras, dans les fourgons, et des caméras individuelles pour tous les policiers d'ici à deux ans.
Après les émeutes de Ferguson à l'été 2014, l'affaire Freddie Gray est devenue pour beaucoup le symbole des violences policières envers la communauté noire et a entraîné de violentes émeutes dans Baltimore, ville portuaire de l'Est américain, nécessitant l'instauration d'un couvre-feu. Le procureur de Baltimore a annoncé fin juillet l'abandon des poursuites contre les six policiers , dont trois Noirs, impliqués dans cet homicide.
... Manifestement certains "cops-boys" les accumulent outre atlantique. À méditer pour les contempteurs des forces de l'ordre françaises qui gèrent tant bien que mal délinquance, criminalité et terrorisme avec vaillance et professionnalisme...
Parce que la violence n'est que policière ? S'il n'y avait pas des voyous de tous genres... Aurait-on besoin de la police ? La violence appelle la violence.
Heureusement qu'existent ces rapports de la justice américaine faisant état des violences policières ! Et merci d'en faire état !
Ah, bien sûr, si l'on pouvait-manifestement certains en rêvent- tirer à vue sur la "crapule", la "canaille", bref, en l'occurrence, ces "pauvres" qui ont le culot de se promener encore librement la nuit dans les rues, en attendant la prison ou la balle préventive...