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La loi travail peut-elle relancer l'emploi en France ?

Selon l'institut libéral COE-Rexecode, la loi travail pourrait créer au moins 50.000 emplois. 46911850/ARTENS - Fotolia

Une étude publiée par l'OFCE estime que la loi portée par Myriam El Khomri pourrait pénaliser la croissance à long terme. L'institut libéral COE-Rexecode, à l'inverse, table sur 50.000 créations d'emplois.

Le gouvernement mise sur la réforme du Code du travail pour doper l'emploi. Les experts, eux, sont partagés. L'institut COE-Rexecode, proche du patronat, a chiffré en mai à 50.000 le nombre d'emplois que pourrait créer la loi portée par Myriam El Khomri. L'institut se montre confiant sur le fait que «le renforcement de la négociation au niveau de l'entreprise sur la durée du travail et sur les majorations des heures supplémentaires», principale réforme contenue dans le texte, aient un effet bénéfique sur l'emploi. COE-Rexecode postulait en effet une négociation à la baisse d'une moyenne de 10 points des taux de majoration des heures supplémentaires.

L'Observatoire français des conjonctures économiques, lui, ne l'entend pas de cette oreille. Dans un document de travail, publié en juillet et intitulé Les effets des réformes du marché du travail sur le chômage et les inégalités salariales , quatre économistes se montrent beaucoup moins optimistes que l'institut libéral quant aux effets, pour l'instant supposés, de la loi travail. Citant notamment les exemples du «Jobs act» italien et la réforme française du Code du travail, l'OFCE estime que «les interventions politiques visant à flexibiliser le marché du travail provoquent en fait à la fois une hausse des inégalités et une hausse du taux de chômage».

Un rapport de force déséquilibré entre travailleurs et entreprises

L'OFCE a testé l'effet de ces réformes et estime que «ces ‘recettes' censées augmenter la productivité et la croissance [...] augmentent à court terme le taux de chômage et baissent à long-terme le taux d'emploi». Tout cela «sans favoriser la productivité ou la croissance», assène l'institut. En conclusion, il souligne qu'«à chaque fois que la structure du marché du travail tend à exacerber l'asymétrie du rapport de force entre les travailleurs et les entreprises au bénéfice de ces dernières [comme le dénoncent les syndicats dans le cas de la loi travail, NDLR], [...] les conditions macroéconomiques tendent à se détériorer en termes de taux de chômage et de croissance à long terme des salaires et de la productivité».

L'analyse de l'OFCE se heurte cependant au bilan positif de la réforme réalisée en Italie par Matteo Renzi. En 2015 et pour la première fois depuis sept ans, le nombre de personnes sans emploi a diminué en Italie. «En deux ans de gouvernement, nous avons atteint l'objectif de près d'un demi-million d'emplois stables supplémentaires», s'était réjoui Matteo Renzi en début d'année. Le Jobs Act a notamment introduit un contrat de travail à durée indéterminée à «protection croissante», qui permet aux employeurs un licenciement plus facile pendant au moins trois ans, doublé d'allègements de charges sociales pendant cette période. Difficile donc de projeter les réussites italiennes sur la loi travail de Myriam El Khomri, moins ambitieuse.

Un impact à court terme?

Stéphane Carcillo, économiste à l'OCDE, estime, lui, que deux mesures peuvent avoir un effet «à relativement court terme, y compris dans l'année qui vient»: la réforme des licenciements économiques et les accords «offensifs». «On voit l'emploi réagir assez fortement à ces dispositions en Espagne et en Italie», assure-t-il à l'AFP. La clarification des règles de licenciement économique, notamment, «est de nature à changer le fonctionnement du marché du travail en faveur du CDI et au détriment du CDD». Mais, selon Stéphane Carcillo, l'impact sur l'emploi est «très difficile à quantifier».

L'économiste est moins optimiste concernant la primauté des accords d'entreprise, colonne vertébrale du texte selon le gouvernement. «Cela met de la souplesse dans un système très compliqué, mais je ne suis pas sûr que ce soit de nature à avoir un impact très fort sur l'emploi à court terme», développe-t-il, d'autant que «les accords seront plus difficiles à signer» avec l'avènement du principe majoritaire.

De son côté, Philippe Waechter (Natixis) n'exclut pas un effet de cette mesure. «C'est à ce niveau que les créations d'emplois pourraient s'observer», mais «cela dépendra grandement de la conjoncture économique». Mais, même si la croissance accélère, l'économiste craint que «l'arbitrage se fasse en faveur des salariés en place plutôt que par une hausse de l'emploi». «Cette loi n'est qu'un premier pas», prévient-il.

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125 commentaires
  • baobabaz

    le

    Ils devraient pondrent des chartes sur les conditions de travail déplorables d'une majorité de travailleurs et salariés qui sont maltraités De manière innaceptable à une époque dite moderne ....