Le judoka français Teddy Riner à l'entraînement le 14 janvier 2016 à l'INSEP dans le bois de Vincennes près de Paris

Le judoka français Teddy Riner à l'entraînement le 14 janvier 2016 à l'Insep dans le bois de Vincennes près de Paris.

afp.com

Chez Teddy Riner, tout est XXL. Son physique, son palmarès, son aura. Le porte-drapeau de la délégation française est un sportif et un homme particulièrement scruté. Mais il conserve encore quelques secrets. Au moment de son entrée en lice aux Jeux de Rio, vendredi 12 août, en voici quelques-uns dévoilés par son entourage. Et par lui-même.

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Il vérifie toutes ses bouteilles d'eau

Ne pas y voir de la paranoïa. Il s'agit juste une précaution due à son statut d'athlète surexposé, parfois traqué. Teddy Riner vérifie chaque bouteille d'eau dans laquelle il boit. 1. Le bouchon doit être bien fermé. 2. La bouteille ne doit pas être "piquée", comme si quelqu'un avait pu y introduire un produit étranger à l'aide d'une seringue. "Quand tu es champion, on veut te faire tomber, glisse-t-il. Dans les pays étrangers, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Ce serait trop bête pour moi de me faire avoir." Quand il ouvre une bouteille, il suffit que celle-ci quitte son champ de vision pendant une seconde pour qu'il la jette. "Après, si on me dit: 'tiens ta bouteille'. Je dis: 'non non, c'est bon'. C'est mon père qui m'a élevé comme ça. Il faut être méfiant. Je n'ai jamais eu de mauvaises expériences, mais je sais que ça peut arriver."

Il est très douillet

Armelle O'Brien masse Teddy Riner depuis huit ans. Le garçon a pris en volume, en masse, mais une chose n'a pas changé selon la kiné de l'équipe de France. Par moments, l'athlète peut se montrer extrêmement douillet: "Ah oui, je confirme. Sur les petites choses comme un ongle mal coupé, il craint l'apparition de mycoses, microbes, etc. Il faut tout désinfecter de A à Z." Riner déteste aussi les strappings, ces bandages adhésifs qui lui arrachent les poils: "On met de la colle aux judokas parce qu'avec la transpiration, ça se décolle. Avec lui, non." La hantise du poids lourd de 2,03m pour 137kg étant le décollage de ces straps: "Il faut lui retirer avec précaution parce que ça tire sur ses poils. Et il ne veut pas se raser. Ça lui fait un mal de chien alors que ce sont de toutes petites choses à côté de ce qu'il encaisse sur le tapis, les chocs, les chutes." En fait, non, pas les chutes.

Il s'est fait gronder par David Douillet

David Douillet et Teddy Riner, après le sacre de ce dernier aux JO de Londres, le 3 août 2012

David Douillet et Teddy Riner, après le sacre de ce dernier aux JO de Londres, le 3 août 2012.

© / afp.com/Emmanuel Dunand

La scène remonte à l'année 1998 ou 1999. À vrai dire, Teddy Riner ne s'en souvient plus très bien. Alors âgé d'une dizaine d'années, l'ancien gamin du PSG judo, qui élimait ses premiers kimonos à l'Aquaboulevard dans le XVe arrondissement de Paris, effectue un passage de grade. Pensant obtenir la ceinture bleue, il n'est finalement récompensé que de la verte par David Douillet, missionné à l'époque par le président du club, un certain Thierry Rey: "David était encore judoka, Teddy, un jeune parmi tant d'autres, mais avec un gros gabarit. C'était le monstre sacré de l'époque et celui en devenir. Je voulais que les athlètes s'imprègnent de la vie du club en remettant les ceintures aux mômes", glisse le champion olympique de 1980. Ce jour-là, Douillet a aussi la consigne de dire "deux mots" à son successeur, assez turbulent à l'entraînement. C'est pour cela que la ceinture n'était pas de la couleur espérée.

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Il a impressionné une hôtesse de l'air

Larbi Benboudaoud n'a pas encore lâché son anecdote qu'il éclate déjà de rire. L'ancien entraîneur de l'équipe de France masculine reprend son sérieux puis raconte: "Teddy avait 16 ans, on partait en Autriche en tournoi. Je me pointe avec l'équipe à l'aéroport et il me dit: 'j'ai un problème sur mon billet. Je ne suis pas dans le même vol que vous'. Je vais au comptoir Air France pour expliquer le problème en disant que je ne peux pas le laisser voyager seul parce qu'il est mineur. Et là, la dame me dit: 'Mais il est où votre mineur?' 'Ben là, c'est lui!' 'Quoi, cette plante? Elle ne peut pas voyager toute seule?' Je lui dis: 'non, non. Il peut garder son corps tout seul, mais en termes de responsabilités, il est mineur. Il mange bien à la cantine mais je peux pas le laisser!'" Finalement, l'ancien ado a bien pris son vol avec le reste de l'équipe. Air France n'a pas enregistré son premier enfant "non-accompagné" de 2,03m.

Il bluffe ses partenaires... au foot

Dans la bouche d'un judoka de moins de 60kg, c'est un compliment. Walide Khyar, membre de l'équipe olympique parle de l'entraînement de Riner comme de celui d'un "léger": "Tout le monde pense que c'est un colosse, une montagne de muscles qui ne s'entraîne pas, mais alors là, c'est faux." Riner est bien un mordu de sport en général, habile de ses mains comme de ses pieds. Son camarade de poursuivre: "Pour une catégorie lourde, il a un cardio de malade, je fais des foot avec lui, il n'arrête pas de courir, c'est impressionnant. Il dribble, il court partout. Il fait tous les sports. Du ping-pong, du basket, du tennis, il nage bien. C'est pour ça que c'est une légende." Et pas seulement un champion.

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