Brighelli - Mesures de sécurité dans les écoles : la grande farce

Les ministres de l'Intérieur et de l'Éducation se sont penchés sur la sécurité des établissements scolaires face au terrorisme. Bilan : néant.

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Les mesures préconisées face au risque d'attentat dans un établissement scolaire sont un cautère sur une jambe de bois. © AFP

Temps de lecture : 4 min

C'est la rumeur qui court, et c'est une évidence : les écoles, collèges et lycées de France constituent des cibles idéales pour les assassins de la radicalisation islamiste et les têtes creuses qui se lancent désormais dans l'imitation.

Des mesures cosmétiques

Comme l'a résumé Le Point.fr, les ministres concernés ont donc énuméré dans une circulaire les diverses précautions que devront prendre les divers acteurs de l'Éducation, à commencer par les préfets et les chefs d'établissement. Une façon de se prémunir des critiques en cas de problème. Dans l'ordre :

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- des réunions de rentrée pour informer les parents des mesures prises, ce qui bien entendu réduira considérablement l'angoisse des géniteurs d'apprenants, comme on dit chez ces gens-là ;

- la sécurisation des abords – des consignes déjà édictées en décembre 2015. Un policier à chaque entrée ? Il va falloir recruter !

- trois exercices de simulation dans l'année, contre deux ordinairement – sûr que ça fera une différence ! L'un de ces exercices portera sur un « attentat intrusion » ;

- la sensibilisation des élèves aux gestes qui sauvent (l'un ou l'autre de ces ministres a-t-il réellement vu une blessure par balle ?) et la formation des délégués ­­– priés de ne pas être absents au jour J – au brevet de secouriste. Un pas de géant vers le Bafa et le monitorat de colonies de vacances. Mais pour ce qui est du terrorisme…

- et le suivi des élèves signalés pour radicalisation.

Sachez reconnaître le djihadiste

Ça, c'est la cerise sur le gâteau. J'aimerais surtout que le ministère annonce de façon claire ce qu'est un suspect de radicalisation. Dois-je dénoncer les élèves qui, dès la sortie de l'établissement, s'empressent de remettre leur voile ? Ou ceux qui contestent Darwin ? Ou ceux qui prétendent que Dieu a créé l'homme il y a 6 000 ans, point final ? Ou ceux qui penchent pour un complot du Mossad dans les attentats du 11 Septembre – et qui plus globalement voient la main d'Israël partout où il est question de terrorisme ? Ou encore ceux qui croient sincèrement que le blasphème est un délit, refusent d'étudier Voltaire et quelques autres (je raconterai dans quelques jours le dilemme auquel seront confrontés les musulmans des classes préparatoires obligatoirement confrontés aux Lettres persanes de Montesquieu), évitent d'effleurer les filles, ces créatures impures, obligent leurs copines à marcher trois mètres derrière eux, se laissent pousser trois poils de barbe ou un peu plus, s'enveloppent d'un keffieh palestinien, ou pensent – comme leur ministre – que le porc à la cantine est un « menu confessionnel » ?

Nous avons tellement laissé flotter les rênes, tellement autorisé l'expression des opinions les plus folles, que tout désormais fait signe. La radicalisation, c'est le discours ordinaire.

Un peu d'humour dans un monde de brutes

À noter que le PS au pouvoir n'est pas le seul à formuler des énormités. Geoffroy Didier (qui ça ?), candidat à la primaire de la droite (ah bon ? N'en jetez plus !), a annoncé dans une interview au Figaro vouloir mettre en place un test de radicalisation dans les collèges et les lycées. Ce test, explique France Info, pourrait prendre la forme d'un entretien entre l'élève et un psychologue – ah, les psychologues…

Les internautes se sont beaucoup amusés avec cette idée. Et de proposer sur Twitter un questionnaire pour traquer le futur djihadiste :

- Dites-vous : « Je vais à la campagne » ou « Je vais Allah campagne » ?

- Quand vous vous déplacez, le faites-vous en marchant ou en Coran ?

- Pour lutter contre le vieillissement, mettez-vous « une crème anti-oxydant » ou « anti-Occident » ?

- Pour les sportifs, préférez-vous la voile ou le voile ?

- Écrivez-vous en chiffres arabes ou en chiffres romains ?

- Et comme lessive, préférez-vous Dash ou Daesh ?

Le niveau orthographique étant ce qu'il est, les djihadistes seront légion.

Des établissements ouverts aux quatre vents

La campagne de sécurisation des établissements scolaires ne mérite pas mieux. Les collèges et lycées français, que les apôtres du « vivre ensemble » ont voulu absolument ouvrir sur le monde, sont indéfendables. Seules les anciennes architectures d'Ancien Régime comme Louis-le-Grand à Paris ou Thiers à Marseille sont défendables –, à condition d'abolir l'autorisation de sortir en griller une, comme disent les fumeurs, à chaque interclasse. À condition de construire un sas, avec assez de personnel pour le contrôler. Nous avons voulu ouvrir l'école sur le monde, nous aurions dû en rester à l'école-forteresse – dans tous les sens du terme – que préconisait Jean Zay.

Pendant ce temps, le Texas décide d'autoriser étudiants et professeurs à venir armés à l'université ! Voilà où nous en sommes ? Il y a quelques jours, les membres du FLNC ont publié un étrange communiqué : nous savons qui est derrière le terrorisme, et nous frapperons « sans aucun état d'âme » les responsables et leurs émules. Évidemment, ce n'est pas à un groupuscule, a fortiori à des milices improvisées, de faire régner l'ordre, c'est à l'État. C'est à lui que revient la charge de l'enquête et de la répression. Mais voilà : comme j'ai eu l'occasion de le dire il y a quelques jours, y a-t-il encore un État ?

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Commentaires (20)

  • Pan Bagnat

    Du vent toujours du vent. Aucune mesure visant à empêcher une intrusion, mais une "formation" pour soigner les blessés. Tant pis pour les délégués s'ils font partie des premiers blessés, aucun camarade ne sera en mesure de leur venir en aide.

  • papounet04

    Une façon de lutter contre le terroriste, c'est connaitre celui que l'on a face à soit. Qui mieux qu'un enseignant digne de ce nom peut voir une dérive ou un état d'esprit sectaire. Le problème c'est qu'il n'a aucun moyen d'agir et s'il bouge un sourcil, il se fait traiter de raciste xénophobe. Car dans ce milieu de bisounours le politiquement correct tend vers un silence complice. Un proviseur n'a pas le droit d'annoter la fiche d'un élève !

  • chauformas

    Il y avait bien longtemps que l'on n'avait pas parlé de NVB ; elle a trouvé la parade et comme d'habitude avec des idées ENORMES ; de quoi se défausser si jamais par malheur il devait arriver un drame !

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