CSDHI – Marzieh Amiri : « J’avais gardé le silence seulement pour le bien de mon fils ». La mère de Shahram Amiri, le scientifique nucléaire iranien qui aurait espionné pour les Etats-Unis et a été exécuté en Iran le 3 août 2016, dans une affaire enveloppée de mystère, a fourni des détails sur le dernier jour de son fils et six ans de sa vie dans une interview avec la Campagne internationale pour les droits de l’homme en Iran.
Marzieh Amiri, qui a déclaré qu’elle a obéi aux ordres des autorités et s’est abstenue de parler à la presse jusqu’à présent parce qu’on lui avait fait croire que son fils serait finalement libéré si elle gardait son calme, a dit qu’elle lui a rendu visite dans ce qui semblait être une caserne militaire, le 2 août 2016, la veille de son exécution. Le lendemain, les agents de sécurité ont transféré son corps dans la ville de Kermanshah, où vit sa famille.
Le porte-parole judiciaire, Gholamhossein Mohseni Ejei, a déclaré aux journalistes le 7 août 2016, que Shahram Amiri a été pendu après que la Cour suprême ait confirmé sa condamnation à mort pour espionnage. « Cette personne a eu accès à des renseignements secrets ainsi qu’à des secrets généraux de l’Etat », a déclaré Ejei. « Il a établi un contact avec notre adversaire numéro un, qui est l’Amérique, et a fourni à l’ennemi des informations cruciales sur notre pays ».
Les détails sur les accusations et le procès d’Amiri n’a pas été annoncée publiquement. Selon sa mère, Amiri, a été retenu en Iran en l’absence de procédure régulière.
La campagne a parlé à la mère en deuil le 8 août 2016. Interrogée dans quel endroit son fils avait été emprisonné au cours des six dernières années, Amiri a déclaré : « Nous ne savons pas. Lorsque nous lui avons demandé, il n’a pas osé le dire, parce qu’ils avaient installé des dispositifs d’écoute au téléphone. Nous le rencontrions dans un endroit qui ressemblait à une maison, ou parfois dans une salle du ministère des renseignements. On s’asseyait ensemble pendant 2 heures environ, puis nous étions à nouveau séparés. Ils nous escortaient dehors et nous ne savons pas où ils emmenaient Shahram. Ils nous ont transportés dans des camions qui avaient des rideaux et nous ne pouvions pas voir ce qu’il y avait à l’extérieur. Shahram a été transporté les yeux bandés ».
Amiri a également décrit le dernier jour qu’elle a passé avec Shahram avant son exécution : « Nous avions essayé pendant plusieurs jours de rencontrer Shahram. Je passais des appels téléphoniques et à chaque fois, on me répondais que je pourrais le voir dans une semaine ou dans plusieurs jours. Finalement, mon mari a appelé et on lui a dit de venir pour une visite et d’emmener avec lui toute autre personne de son choix ».
« Nos plus récentes rencontres avec Shahram ont eu lieu devant un tribunal militaire », a-t-elle poursuivi. « La dernière fois, mon mari et moi sommes allés au tribunal militaire à Téhéran et on nous a dit que la réunion avait été annulée et nous devrions revenir à 16h00 pour être emmenés vers un autre lieu de rencontre. Nous y sommes allés à 16h00 et les agents nous ont emmené dans leur voiture vers un endroit qui ressemblait à une caserne. Nous avons vu notre fils assis sur une chaise. Les agents l’entouraient. Quand je l’ai étreint, il a dit : « Sais tu pourquoi vous êtes venus ici, maman ». Et je lui ai dit : « Je suis venu te voir ». Il dit : « Vous êtes venus me dire au revoir ». Et je lui ai dit : « Comment ça ? N’étaient-ils pas censés t’accorder le pardon? ». Il a dit : « Ne pleurez pas, soyez heureux ». Alors j’ai dit : « Laisse-moi aller embrasser leurs mains et leurs pieds pour leur demander miséricorde ». Il a dit : « Tu n’embrasseras jamais leurs mains parce que tu sais que je vais reposer en paix. J’ai été emprisonné pendant six ans et je n’ai plus rien qui me donne envie de vivre. On m’a gardé dans un endroit agréable. J’ai eu de la bonne nourriture. Mais je suis malade. « Mon fils avait développé une maladie de tension artérielle. Il a dit qu’il ne pouvait plus tolérer d’être seul. Il voulait se reposer en paix. J’ai commencé à crier et à hurler tellement qu’ils m’ont emmené. Le lendemain, ils m’ont apporté son corps à Kermanshah ».
Amiri a poursuivi : « Au début, on ne parlait pas de le mettre en prison ou d’exécuter Shahram. Tout cela est arrivé plus tard. Ce sont les extrémistes qui ont fait cela … Ils sont la ligne dure de l’Iran qui crée le chaos dans le monde. Ils ont pendu mon fils. Ils l’ont piégé. Quel que soit ce que mon fils a dit, ils ont écrit le contraire. Ils ont choisi un avocat qui était de leur côté. Ils ont écrit ce qu’ils voulaient, ils l’ont montré au juge, et il a donné son accord. Shahram n’a même pas été emmené au tribunal pour qu’on lui notifie ce qu’il avait fait de mal ».
Source : Campagne internationale pour les droits de l’homme en Iran