Des policiers montent la garde devant l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray le 27 juillet 2016

Yassine S., jeune homme de 21 ans vivant à Pechbonnieu (Haute-Garonne), s'est rendu à Saint-Etienne-du-Rouvray et a rencontré les deux terroristes les jours précédant l'attentat.

afp.com/CHARLY TRIBALLEAU

L'enquête sur le cercle relationnel d'Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, les deux tueurs de l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray, progresse à grand pas. Après 96 heures de garde à vue, le jeune homme arrêté lundi à son domicile de Pechbonnieu (Haute-Garonne) a été mis en examen ce vendredi soir pour "association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste", indique une source judiciaire à L'Express. Conformément aux réquisitions du parquet de Paris, il a été placé en détention provisoire.

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Selon une source proche de l'enquête, les policiers ont remonté la piste de Yassine S., 21 ans, car il était le seul contact retrouvé à la fois sur le téléphone d'Adel Kermiche et sur celui d'Abdel Malik Petitjean. Les trois jeunes hommes -les deux terroristes avaient 19 ans- semblent s'être rencontrés de façon virtuelle, via l'application chiffrée Telegram. Ils habitaient à des centaines de kilomètres les uns des autres.

Une rencontre dans un parc

Sans antécédents judiciaires, Yassine S. est titulaire d'un bac électronique obtenu en 2013 en région toulousaine et n'a pas d'emploi. Lors de son interrogatoire, le jeune homme a expliqué avoir récemment téléchargé Telegram et être tombé "très vite" sur la chaîne de Kermiche, où le terroriste ne cachait pas à ses abonnés ses intentions de vouloir commettre une action violente. Selon son récit, il rentre alors en contact privé avec le tueur, qui l'invite à suivre un "stage théologique" à Saint-Etienne-du-Rouvray, son lieu de résidence.

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Le 24 juillet, deux jours avant la tuerie, le jeune homme saute le pas et prend le train depuis Toulouse. Sur place, raconte encore Yassine S., Kermiche lui transmet le numéro de Petitjean, arrivé deux jours auparavant de la Savoie, et l'invite à rejoindre son complice dans un parc de la petite ville. Les deux hommes attendent la nuit tombée pour se rendre au domicile de Kermiche: le Normand fait l'objet d'un contrôle judiciaire strict depuis sa seconde tentative de départ pour la Syrie.

Yassine S. aurait pris peur face à la radicalisation des tueurs

Aux enquêteurs, Yassine S. a assuré avoir écourté son séjour et être rentré chez lui le lendemain, dès le petit matin, effrayé par les idées extrémistes des deux futurs djihadistes. Il prétend n'avoir jamais eu connaissance de leur projet d'attaquer l'église et d'égorger le prêtre. Les policiers cherchent encore à vérifier ce point et à comprendre pourquoi le jeune homme ne s'est pas manifesté de lui-même après l'attentat. En outre, selon nos informations, le projet était initialement prévu le 25 juillet, jour du départ de Yassine S., mais Kermiche et Petitjean ont décidé à la dernière minute de le repousser de 24 heures.

Auprès du Parisien, une source proche du dossier décrit Yassine S. comme un jeune homme "influençable", attiré depuis peu par la religion musulmane, et notamment pour sa version radicale. A Pechbonnieu, les voisins décrivent à La Dépêche du Midi un garçon discret, qui ne "disait jamais bonjour". La famille ne se serait installée dans la région que depuis très récemment.

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