La Russie a annoncé, vendredi 12 août, avoir déployé des systèmes de défense antiaérienne et antimissile dernier cri S-400 en Crimée. Un régiment russe basé en Crimée a « reçu le système de défense antiaérienne Triumph », selon un communiqué militaire cité par les agences de presse russes. D’une portée théorique de 400 km, le S-400 est un système de défense antiaérienne et antimissile ultramoderne.
Une annonce qui intervient dans un contexte de brusque regain de tension autour de ce territoire, plus de deux ans après que la Russie l’eut annexé. La veille, l’Ukraine avait placé ses troupes en état d’alerte le long de la ligne de démarcation avec la Crimée. Cette décision, annoncée par le président ukrainien, Petro Porochenko, faisait suite à la réunion par Vladimir Poutine d’un conseil de sécurité, lors duquel « des mesures supplémentaires ont été discutées pour assurer la sécurité des citoyens et les infrastructures vitales de la Crimée », selon un communiqué du Kremlin.
La Crimée, dont l’annexion par la Russie est dénoncée comme illégale par Kiev et les Occidentaux, abrite plusieurs bases militaires et navales russes. Moscou a déjà renforcé à plusieurs reprises sa présence militaire dans la péninsule, notamment en y déployant des avions de chasse.
Le premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a déclaré vendredi que la Russie serait contrainte de rompre ses relations diplomatiques avec l’Ukraine si la crise venait à s’aggraver :
« Je ne voudrais pas que cela se termine de la sorte mais s’il n’y a pas d’autre moyen de faire évoluer la situation, le président prendra probablement cette décision. »
Les Etats-Unis « extrêmement inquiets »
Les Etats-Unis se sont dits « extrêmement inquiets », appelant les deux camps à éviter toute « escalade ». « Il est maintenant temps de réduire les tensions (…) et de retourner aux discussions. Nous appelons à éviter toutes les actions qui provoqueraient une escalade de la situation », a mis en garde la porte-parole du département d’Etat, Elizabeth Trudeau.
Un responsable de l’OTAN a déclaré que l’Alliance suivait « de près et avec inquiétude » la situation. « La Russie n’a fourni aucune preuve tangible de ses accusations contre l’Ukraine », a ajouté ce responsable, qui n’a pas souhaité être nommé.
Moscou avait affirmé mercredi avoir déjoué des « attentats » fomentés, selon elle, par Kiev dans la péninsule, ce que l’Ukraine a démenti. Les services de renseignement russes (FSB) disent avoir arrêté un officier des services ukrainiens préparant des attentats terroristes en Crimée, et avoir perdu deux hommes dans les opérations ayant conduit à cette arrestation.
Mercredi, Vladimir Poutine a estimé que dans ce contexte une nouvelle rencontre prévue au début de septembre au « format Normandie », c’est-à-dire avec M. Porochenko, le président français, François Hollande, et la chancelière allemande, Angela Merkel, n’avait « aucun sens ». C’est par cette médiation qu’avaient été conclus en février 2015 les accords de Minsk pour un règlement politique du conflit, qui n’ont abouti jusqu’à présent qu’à une baisse d’intensité des combats dans l’est de l’Ukraine.
« La Crimée fait partie de l’Ukraine et elle est reconnue comme telle par la communauté internationale », a réaffirmé la porte-parole de la diplomatie américaine, Washington ayant soutenu depuis plus de deux ans le pouvoir à Kiev contre Moscou.
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