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Pérou

Violences faites aux femmes au Pérou: la mobilisation gagne le pays tout entier

« Ni una menos ! » Des dizaines de milliers de femmes devraient défiler dans une trentaine de villes du Pérou ce samedi 13 août 2016 pour réclamer que plus une femme ne meure sous les coups. Des rassemblements contre les violences qu'elles subissent au quotidien du fait des hommes : coups, attouchements, viols... Sept Péruviennes sur dix disent en avoir été victimes. Et cette manifestation inédite sera suivie dans de nombreuses villes du monde, dont Paris.

Manifestation de détenues contre les violences faites à la gente féminine, dans la prison pour femmes de Santa Monica au Pérou, vendredi 12 août 2016.
Manifestation de détenues contre les violences faites à la gente féminine, dans la prison pour femmes de Santa Monica au Pérou, vendredi 12 août 2016. REUTERS/Guadalupe Pardo
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La manifestation prévue ce samedi est sans précédent à cette échelle dans le pays. Dans la capitale, jusqu'à 100 000 personnes pourraient battre le pavé pour dire « stop » aux violences faites aux femmes. Autant dans le reste du Pérou, promettent les organisateurs.

Le mouvement dépasse très largement les organisations féministes traditionnelles. Natalia Iguiñiz, organisatrice de la manifestation à Lima, est optimiste : « Ça va être la plus grosse manifestation qu'on ait jamais organisée contre les violences faites aux femmes », espère-t-elle, pariant notamment sur la mobilisation des collectifs et des ONG, et pas uniquement.

« Beaucoup de gens s'impliquent depuis des années dans la cause féministe et luttent pour les droits des femmes. Mais cette fois, nous avons le soutien d'énormement de personnes, d'autres organisations, du gouvernement. Tout le pays se lève pour dire que les violences et les discriminations envers les femmes, ça suffit ! », explique Natalia Iguiñiz.

Des mobilisations prévues partout dans le pays, et même à l'étranger

Cette manifestation inédite sera suivie dans de nombreuses villes du monde. Danae Rivadeneyra, expatriée péruvienne en France, fait partie des organisatrices de l'évènement à Paris. « Si on parle de chiffres, rappelle-t-elle, le Pérou, c’est le troisième pays au monde qui a le taux le plus important de violations sexuelles. » « On parle des personnes qui ont porté plainte », précise-t-elle.

Ce sont les réseaux sociaux qui ont, une nouvelle fois (voir ici et ), aidé à briser l'omerta : « Sur un groupe Facebook, il y avait beaucoup de témoignages de femmes qui ont été victimes d’agressions sexuelles et qui en parlaient pour la première fois. On s’est dit que ce n'était pas possible de ne rien faire sur ce qui se passe au Pérou. Il faut faire un mouvement, un rassemblement de soutien, pour dire : on en a marre, ça suffit ! »

Encore une fois, les réseaux sociaux ont permis de mobiliser partout

Au Pérou, le sujet reste tabou et la justice punit rarement les agresseurs de violences contre les femmes. C'est une vidéo très choquante diffusée sur Internet qui a poussé des milliers d'entre elles à briser la loi du silence sur les réseaux sociaux.

Le mouvement « Ni una menos » a commencé à mobiliser après la médiatisation de deux jugements qui condamnaient à de la prison avec sursis deux agresseurs, alors que la justice avait à sa disposition des vidéos où l’on voyait ces hommes tabasser deux femmes.

Ce fut la « goutte d'eau », explique Danae Rivadeneyra : « Deux femmes presque tuées par leur mari, il y avait des enregistrements, des caméras, il y avait des images, il y avait de la surveillance partout ! Mais la justice, à la fin, ne les a pas condamnés, elle leur a donné un an mais pas de prison effective. »

La mobilisation est déjà un succès en soi, car le phénomène les touche toutes

« On a regardé ça, on a regardé les visages des femmes défigurées, massacrées, on s’est dit : mais quel est le message ? Une femme doit être tuée pour que la justice punisse ou condamne l’homme, le mari qui agresse une femme ? », s'interroge la co-organisatrice de l'évènement parisien.

« Je crois que cette manifestation est déjà un succès, considère depuis le Pérou Natalia Iguiñiz. Malheureusement parce que des milliers de femmes au Pérou, presque toutes les femmes en fait, ont déjà subi des violences parce qu'elles étaient des femmes. » Et de conclure : « Alors maintenant, elles se lèvent et elles veulent se faire entendre. »

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