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Libération
Bouffe et politique (4/5)

La guerre, catégorie pois chiche

Depuis près de dix ans, Israéliens, Libanais et Palestiniens se disputent les recettes du houmous.
par Emmanuel Guillemain d'Echon
publié le 16 août 2016 à 20h31

Entre Israël et ses voisins, il y a bien sûr la dispute territoriale. Mais les fruits de cette terre promise les obsèdent tout autant. De manière moins violente mais aussi importante, le conflit séculaire a envahi les cuisines pour se cristalliser autour d’un symbole de la cuisine moyen-orientale : le houmous.

En 2008, les industriels libanais ont accusé leurs voisins de s’approprier leur patrimoine en exportant des milliers de tonnes de houmous casher au point que, dans certains pays, on associe uniquement à Israël ce plat ancestral et en fait répandu dans toute la région. A la clé, des pertes peu chiches : 1 milliard de dollars (environ 897 millions d’euros) par an, selon eux.

Réclamant l'exclusivité de l'appellation pour leur purée de pois chiche, tous commencent à se tirer la bourre. C'est à qui concoctera la plus grande assiette de houmous. Actuellement, le record est détenu par des chefs libanais qui ont livré un plat de pas moins de 10 tonnes et 7 mètres de diamètre ! Les Israéliens, précédents détenteurs du record, ont voulu prendre le dessus en 2015 mais, pour des raisons de sécurité, le Guinness Book a refusé d'y envoyer un juge. Les Palestiniens aussi grondent : après leurs terres, voici qu'on pique leurs recettes ! Plus dramatique encore : depuis des décennies, c'est l'olivier, dont l'huile assaisonne le houmous, qui est devenu victime collatérale du conflit. Outre les plantations des Territoires occupés, tous les ans des milliers d'arbres parfois centenaires sont arrachés, souvent par des colons, qui tentent ainsi de déraciner un peuple dont l'économie en dépend fortement. Un comble pour un symbole de paix.

Jeudi : Le pain au chocolat

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